Première
par François Léger
C’était l’outsider du dernier Festival de l’Alpe d’Huez (dont il est reparti avec le Prix spécial du jury) : pas tout à fait une comédie, pas exactement un drame ou un thriller, Les Règles de l’art se fait un malin plaisir de naviguer entre les genres. Inspiré du véritable cambriolage du Musée d'art moderne de Paris en 2010, le film de Dominique Baumard met en scène Yonathan, expert en montres de luxe au quotidien monotone (Melvil Poupaud), qui fait la connaissance d’un receleur et escroc au charisme fou (Sofiane Zermani). Charmé par le bagou de cet homme et attiré par l’argent facile, Yonathan se retrouve embarqué, un peu malgré lui, dans une affaire de vol de tableaux de maîtres.
Histoire folle qui reprend les grandes lignes du vrai fait divers, et que Baumard traite sur un ton satirique à travers le personnage de Yonathan, idiot utile réalisant qu’il a besoin de plus que sa petite vie bien ordonnée. Melvil Poupaud excelle dans ce rôle de pigeon en quête d’adrénaline et de chaos, sur le fil entre touchant et ridicule. Sofiane Zermani, lui, prend en charge le rythme du film, s’assurant que chaque scène où il apparaît sera relevée par son énergie et sa faconde.
Les Règles de l’art aurait pu pousser sans trop d’effort les curseurs de la comédie, mais choisit de privilégier une certaine forme d’élégance à la drôlerie. Un angle plutôt malin pour raconter la folie latente prête à jaillir de chacun de nous, pour peu que notre boussole morale n’indique plus tout à fait le Nord.