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Soyons honnêtes : le dernier film de Julian Schnabel prête le flanc a beaucoup de critiques (qui ne se sont pas gênés). Ce film à message est un peu trop manichéen pour vraiment convaincre; il survole trop vite les problèmes de la région pour vraiment éduquer (le terrorisme, l'intifada, la partition, les colonies et la militarisation de la vie israélienne le tout en 2h ?); et il parle trop anglais pour vraiment être honnête. Alors quoi ? Alors deux choses : on oublie un peu facilement que Schnabel est d'abord et avant tout un artiste et que plus que par de grands et longs discours, c'est par son art pictural, par ses images sublimes, que ses sentiments passent. C'est le cas ici où sa radicalité visuelle parle cent fois mieux et cent fois plus fort que tous ses prêches. Il suffit de voir la séquence du début, ce van jaune qui transporte le corps de Hind Husseini et contraste tant avec la tristesse d'un peuple accablé; la scène de l'enterrement vue du point de vue des fleurs qui oblige à reconsidérer l'impact de cette disparition et à l'envisager comme un instant de renouveau; ou bien ces moments de grâce où l'on voit Miral et Lisa s'échapper de la guerre, des clichés et des haines dans des scènes très nouvelle vague... C'est dans ces instants, de pur cinéma, que Schnabel touche juste. Il le doit entre autres, à la photo ahurissante d'Eric Gautier qui signe l'une de ses plus belles lumières.
Et puis il y a Freida Pinto dont la beauté fulgurante brise toutes les barrières. Trop belle disent certains critiques ? Peut-être, mais la justesse avec laquelle elle joue Miral, la manière dont elle semble s'être emparé de son personnage valent là aussi tous les grands discours.
Toutes les critiques de Miral
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Voici une bien fade saga à laquelle nous convie Julian Schnabel. (...) Deux comportements, la soumission contre l'action ; deux générations, l'ancienne face à la jeune ; deux camps, les occupés versus les occupants... Autant dire que Julian Schnabel tranche dans le vif et fait fi de toute subtilité. Dans cette logique binaire, la mise en scène peine à s'envoler. Reste un film de propagande douteuse.
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Julian Schnabel signe un film plastiquement réussi, avec sans doutes trop "d'envolées" de caméra. Politiquement, en revanche, ca ne sonne pas toujours juste. Sa vision du conflit reste fragmentaire, presque angélique dans sa volonté de rapprocher des hommes de bonne volonté.
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Julian Schnabel illustre le sujet plus qu'il ne lui confère une épaisseur qui dépasse l'anecdote. Il manque à Miral les audaces de mise en scène du Scaphandre et le papillon ou l'envolée lyrique d'Avant la nuit. C'est d'autant plus décevant que la trajectoire d'Hind Husseini, fondatrice de l'orphelinat, interprétée par la sobrissime Hiam Abbass, paraît très intéressante.
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Miral a beau être habillé de modernité (l'image fluide est d'Éric Gautier, le montage de Juliette Welfling), chacun de ces épisodes est montré comme dans une conférence illustrée de diapositives. Il y a toujours un petit morceau de dialogue pour donner les informations historiques. Et même si elles sont exactes, elles sonnent faux, comme sur la scène d'un théâtre où l'on ferait la propagande non pas de l'une des causes en présence mais de la fantastique lucidité politique du metteur en scène, qui découvre que les Palestiniens ont été expropriés, que les Israéliens ne respectent pas les conventions internationales, et qu'il faudrait vraiment faire quelque chose à ce sujet. Artiste new-yorkais de renom, réalisateur à succès (Avant la nuit, Le Scaphandre et le papillon), Julian Schnabel s'est cru l'homme de la situation.
La sensation d'artifice total est confortée par le recours à l'anglais. Dans les films d'Avi Mograbi, d'Elia Suleiman, d'Eytan Fox ou de Yousry Nasrallah, qu'il s'agisse de documentaires ou de fictions, le fossé entre les deux peuples est creusé, entre autres, par la barrière de la langue. Les Palestiniens sont souvent forcés par les circonstances d'apprendre l'hébreu (surtout s'ils vivent en Israël), les Israéliens parlent rarement l'arabe.
Dans Miral, tout est simple : tout le monde parle la langue de Shakespeare et de Schnabel. Ce qui a permis de donner le rôle titre à la charmante Freida Pinto, mannequin né à Bombay et interprète de Slumdog Millionnaire. Mais a obligé Hiam Abbas, née à Nazareth, à commencer toutes ses phrases en arabe pour les finir en anglais à travers des artifices de scénario plus ridicules les uns que les autres.
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De l'enfance à l'âge adulte de la jeune Miral (jouée par Freida Pinto, révélation de Slumdog Millionnaire), le film reflète le dilemme des Palestiniens : résoudre le conflit avec Israël par le dialogue ou par l'action violente. Tentée par le terrorisme, Miral s'oppose à la patronne de son orphelinat (Hiam Abbass, toujours juste), pour qui l'éducation représente le seul salut. Pompeux et didactique à outrance, le film n'est pas sauvé par ses bonnes intentions : montrer le plus honnêtement possible la complexité inextricable de la situation au Proche-Orient.
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Cette (im)posture a de quoi consterner étant donné que la mise en scène, d’une grande laideur, se limite à trois modes d’expression totalement plaqués : des couleurs baveuses, des flous ringards et une agitation masturbatoire et vaine de la caméra.