Toutes les critiques de Ne change rien

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Rivière

    (...) Ne change rien, est à l’avenant : intense et calme, jamais bobo et sans obligations envers les conventions du docu musical. À l’écran, Balibar prend une posture concentrée plus qu’elle ne prend la pose. Tout à ses plans dépouillés et majestueux, Costa filme comme à la maison, conserve au son le crépitement du feu qu’il mêle à la musique lente et électrique. Comme il concevrait un album à l’ancienne, il assemble son film morceau après morceau, sans faire concept à tout prix mais plutôt caisse de résonance.

Les critiques de la Presse

  1. Les Cahiers du cinéma
    par Alain Bergala

    Entrer dans ce film c'est faire l'expérience du noir et d'une voix qui tente fragilement d'en émerger.

  2. Les Inrocks
    par Amélie Dubois

    “Ne change rien, pour que tout soit différent…”, tel pourrait être le credo de Costa lui-même qui, tout en s’aventurant sur un autre territoire que celui du Lisbonne pauvre dépeint dans ses précédents films, garde le même cap, tenace et exigeant : proche ici du meilleur Garrel des années 1970 (filmant Nico en noir et blanc), il reste viscéralement fidèle à une esthétique de la précarité, intense car ne tenant qu’à un fil, celui qui maintient le cinéma en vie.

  3. Libération
    par Phillipe Azoury

    Que Jeanne Balibar nous en excuse, mais pas une seule seconde il ne nous a semblé que Ne change rien était un film sur elle. Elle n'en est pas non plus le prétexte. Non, elle en est la proie. Cela est d'autant plus surprenant quand on sait que l'actrice (...) est en permanence à l'image.

  4. Elle
    par Anne Diatkine

    Ce n'est pas un documentaire, c'est un rêve, en noir asphalte et blanc profond. Il faut se laisser entraîner dans ces images, parfois oppressantes, de répétitions, dans tous les sens du terme. Ce n'est pas un rêve, c'est du travail en train de se faire, la recherche de la justesse et, forcément, elle n'a rien d'immédiat.

  5. Fluctuat
    par Frossard Lise

    Sorcier de l'ombre, Costa sculpte les sons et la lumière comme à une époque lointaine, allant jusqu'à filmer Balibar dans des volutes de fumées évoquant furieusement Von Sternberg. Sensuel et envoutant, Ne change rien est une œuvre fascinante par cette capacité à traiter la musique sous une double forme, à la fois besogneuse, concrète et magique, presque proche de l'incantation.

  6. A voir à lire
    par Marine Bénézech

    Ne change rien est un film hors du commun, une œuvre génériquement indéterminée, entre documentaire et fiction. Certainement un essai. Une poésie visuelle, une douceur auditive, une réelle sensibilité artistique. S’assoir pour prendre le temps de découvrir ce long-métrage singulièrement authentique, c’est accepter de se plonger dans le monde de Jeanne, Rodolphe, Pedro, Philippe. Mais aussi dans l’univers des amoureux de la musique. Et des amoureux tout court. Evidemment, la longueur des séquences essentiellement en plans séquences peut être effrayante, mais cette temporalité étirée permet d’apprécier à sa juste valeur le travail des musiciens, de se laisser envouter par leur ardeur et leur passion musicale.

  7. StudioCiné Live
    par Thomas Baurez

    Avec ce portrait d'une artiste in progress, Costa parvient ainsi à capter dans un noir et blanc fascinant l'essence même d'une création où tout paraît en devenir.

  8. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    L'approche n'en est pas moins risquée, qui ferme plutôt qu'elle n'ouvre la porte au spectateur, tenu d'emblée pour conquis par l'opportunité et l'intérêt du sujet.

  9. Télérama
    par Cécile Mury

    Pas de commentaires ni d'interviews, rien qui pourrait transformer le film en un banal making of. Ne change rien, titre de l'un des morceaux du disque, étire le temps et le mystère, prend le risque d'une certaine radicalité. Comme toujours, le cinéaste portugais (l'auteur d'Ossos et d'En avant jeunesse...) refuse le divertissement facile. Il faut s'armer de patience pour que la magie opère, dans l'encre noire de superbes (et très, très longs) plans fixes, où seuls vibrent le corps et la voix de Jeanne. Une belle expérience contemplative, quasi hypnotique, sur la passion de créer...

  10. Le JDD
    par Alexis Campion

    Nimbée de noirs élégants qui l'habillent invariablement et qui sont ici le parti pris de la magnifique image du réalisateur Pedro Costa, Jeanne Balibar répète. Non pas en actrice de théâtre ou de cinéma, mais en chanteuse de ses albums enregistrés avec Rodolphe Burger (Paramour en 2003, Slalom dame en 2006, en concert ce lundi 25 janvier à Paris au Café de la danse). Un registre rock et des climats mélancoliques qui détonnent avec d'autres moments choisis au cours desquels, acharnée, elle travaille La Périchole d'Offenbach pour la scène, timbre souple, tantôt juste, tantôt faux. C'est très touchant de voir l'obstination et les repentirs d'une artiste à nu. Cela devient plus embarrassant quand la pose prend le pas sur le propos qui, ici, reste en deçà du portrait, comme prisonnier des coulisses et à l'écart de la vie.

  11. Nouvel Obs
    par Lucie Calet

    Ce qui est tout de même beau, dans ce film pictural qui peine à se donner, c’est son resserrement sur deux êtres au travail – du Japon seuls émergent quelques visages de spectateurs et un bar : le cinéaste, absent à l’image (on pense à Straub), silencieusement ancré dans l’intimité d’une longue dame noire : la reine Balibar.

  12. Le JDD
    par Alexis Campion

    C'est très touchant de voir l'obstination et les repentirs d'une artiste à nu. Cela devient plus embarrassant quand la pose prend le pas sur le propos qui, ici, reste en deçà du portrait, comme prisonnier des coulisses et à l'écart de la vie.