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Adapté d’un roman, vite devenu culte, de Sapphire (Push, paru en 1996), Precious mêle avec bonheur réalisme social plombant et fantaisie onirique, humour caustique et sens du tragique, mélodrame et espoir. Le talent de cinéaste-DJ de Lee Daniels, qui pourrait être
clinquant mais ne l’est (presque) jamais, est tout aussi virtuose dans sa manière de mixer les musiques, les ambiances visuelles ou des comédiens venus d’univers différents : débutante en tête d’affiche, pop et rock-stars en seconds rôles (Mariah Carrey, Lenny Kravitz), vedettes télé, acteurs de caractère (l’incroyable Mo’Nique)..., tous également parfaits. -
Precious est affligeant. On dira que le film est inspiré d’une histoire vraie (et surtout d’un livre d’une puissance folle). Ce n’est pas une excuse. Le problème, c’est que Daniels sombre dans la démagogie – pire, dans la manipulation –, et ne recule devant aucun artifice grossier pour faire pleurer dans les chaumières. Et surtout pour nous éviter de réfléchir. On connaissait le torture porn (Hostel, Saw et toute cette frange du cinéma US qui exploite la torture), Daniels invente le social porn. Une façon pornographique et archicomplaisante de mettre en scène la violence et la pauvreté, en balançant à la gueule du spectateur les traumas les plus pathétiques avec force clichés
et autres atmosphères de sexploitation gothique rances. Precious ? Ridicule !
Toutes les critiques de Precious
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Si le rôle-titre cumule les handicaps, ce film coup de poing, inspiré de Push, le best-seller de l'Afro-Américaine Sapphire, déborde d'une folle énergie vitale. Un film iconoclaste, bouleversant et maintes fois récompensés. Oscars en vue.
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Je persiste et je signe mille fois: Precious est un film magnifique. Emouvant. Intelligent. Larmes au bord des yeux et aller-retour de claques. Et là, vous revenez sur ces quelques mots écrits plus haut pour vous persuader que vous avez bien lu: "Noire, obèse, analphabète, violée par son père, qui lui a fait deux enfants." La barque semble évidemment chargée. Prête à couler dans un océan de pathos. Avec, en prime, un doigt accusateur pointé sur le confort d'un public assis au chaud, la culpabilité dans le panier de pop-corn.
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Le meilleur du film est dans l'échappée belle de ses quant-à-soi. La voix off de Precious, mais aussi le foutoir de ses visions quand la jeune fille endure le pilonnage sexuel de son père ou les analyses de son cas social par des psys forcément sommaires.
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Precious Jones, 16 ans, noire, obèse, maltraitée et abusée par sa mère, enceinte de son père dont elle a déjà une fillette trisomique. Hou là, n’en jetez plus, la cour est pleine ? Certes mais sans pathos outrancier, malgré quelques effets répétitifs - les rêves oniriques de la jeune fille -, le film parvient à éviter les grosses ficelles inhérentes au mélo et à tenir une ligne retenue proche du réalisme. Plus un itinéraire personnel qu’un constat politique ou social, ce film a pour atout principal ses acteurs : la jeune Gabourey Sidibe, actrice non professionnelle, Mo’Nique, dans le rôle de la mère indigne.
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Quand le sort s'acharne à ce point sur quelqu'un , on peut si dire qu'un tel scénario pourrait être le fruit pourri d 'un cahier des charges putassier dont le seul but est de faire couler les dollars et les larme. Et croyez-moi, pour couler, elles coulent. Mais ces malheurs de Précious (...) ont le bonheur d'être filés par un réalisateur surdoué et interprétés par des comédiennes exceptionnelles.
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(...) Precious est une oeuvre cathartique sublimée par une interprétation à fleur de peau (...) Plus que vous tendre la main, son Precious vous ouvre les bras. Généreux jusque dans l'excès.
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Depuis L'incompris de Comencini, on n'avait pas vu un tel mélo. Bien sûr, c'est impeccablement ficelé, et le spectateur se doute que ce tire-larme connaîtra forcément un dénouement heureux, même s'il ignore lequel. Il n'empêche : si on se laisse emporter, c'est que le scénario est plus complexe et vraisemblable qu'il n'en a l'air.
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Precious vaut avant tout pour ses actrices. Obèse mais grâcieuse, brutale et fine, Gabourey Sidibe a une incroyable présence et fait penser à toutes les “soul sistah” ou rappeuses enveloppées qui ont marqué l’histoire de la musique. Mo’Nique, qui fait la mère, n’est pas triste non plus : un véritable monstre domestique, plus effrayante que tous les aliens à écailles et dents crochues. Même la chanteuse de soupe Mariah Carey est bonne en assistante sociale. (...) Precious a aussi un problème, et son nom est Lee Daniels. Voulant prouver à chaque plan qu’il a un style original, Daniels multiplie les signes de virtuosité vaine et fatigante : cadrages inutilement sophistiqués, filtres colorés, effets de montage appuyés… C’est d’autant plus dommage de s’inspirer ainsi des plus mauvais côtés de Spike Lee qu’un tel matériau et de tels personnages appelaient au contraire un filmage sobre, sans fioritures. Si Precious est précieux pour les comédiennes qu’il nous révèle, s’il ressemble parfois à l’équivalent filmique d’un rap (tour à tour rageur et doux), son réalisateur n’évite pas toujours une certaine brillance toc.
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Tous les ingrédients d'un mélo gluant ou de la chronique sociale «tire-larmes» semblent peser sur les épaules de la pauvrette. Tant de malheurs dégringolant sur une seule et même personne frôleraient même la parodie, sans la tendresse dont le réalisateur entoure cette force de la nature. L'histoire de Precious est celle d'une renaissance.
Un apprentissage de la lecture doublé d'une volonté féroce ouvre de nouveaux horizons à l'ado faisant un pied de nez à son entourage pour prendre sa vie en main. Precious, c'est l'impressionnante Gabourey Sibide, dont la performance délicate fait aimer cette fille perdue, résolue à relever la tête devant les humiliations quotidiennes. -
Véritable bête de concours, reconnu dans les festivals du monde entier, notamment ceux de Cannes et de Sundance, Precious est le genre de petit film miraculeux qui, avec un sujet casse-gueule, parvient à éviter tous les pièges et à les retourner en sa faveur. Evitant le piège du mélodrame sirupeux, Lee Daniels est parvenu à traiter ce sujet difficile avec toute la retenue nécessaire. Sans misérabilisme aucun, il suit le parcours chaotique de cette jeune femme qui finira par s’affranchir de la tutelle maternelle pour mieux se construire.
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Un film à faire pleurer dans les chaumières ? Justement, non. Precious tire sa sève du refus du misérabilisme. Il est violent, stimulant. Rien n'est fait pour qu'on s'apitoie sur l'héroïne, inerte, guère attachante.
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Cet aller simple vers l'intégration sociale, par l'éducation, la maitrise du verbe, le dialogue avec l'autre, l'émancipation de son milieu, est moins intéressant pour son propos politique que parce qu'il offre une respiration au film. Par touches progressives, le glauque fait place à des moments d'espoir et de légèreté où le personnage s'élève, s'ouvre, rayonne et s'exprime intégralement. Car Precious c'est aussi un corps (de Gabourey Sidibe, premier rôle), disproportionné et fermé, une boule noire au visage difforme et étrangement beau. De cet objet aussi sujet, le film tire son autre mélodrame, du regard des autres et sur soi ; surtout il lui permet de ponctuer le récit de flashs oniriques où les fantasmes de Precious s'affichent à l'écran. Un parti pris pas renversant, mais qui désenclave le réalisme misérabiliste tout en offrant à son personnage sa liberté. Seulement à trop forcer l'empathie et miser sur la performance de son casting (Mo'Nique, pénible ; Mariah Carey, à contre emploi), le film n'échappe pas à son horizon pour talk show friand des morceaux de bravoure et du grand déballage. Rien de surprenant donc à ce qu'Oprah Winfrey en soit la marraine, puisqu'au fond ces héros abîmés la fascinent. C'est son pain quotidien.
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Le personnage a un côté super-héros en formation, bloc de lente étrangeté qui, lors de la seconde moitié du film, semble arrêter temps et narration dans son sillage. Ce sont les plus belles séquences, marquée par une suspension générale plutôt inattendue : recueillie chez sa prof, ne se départissant jamais de cette douceur un peu inatteignable, soulevant une sorte d'admiration sourde et retenue, Precious n'est plus qu'une sorte de présence abandonnée au récit, délaissant tout principe d'efficacité dramatique. Mélo archaïque ? Cette manière de placer dans le personnage tout le recul et toute la distance que le film, par ailleurs, ne parvient jamais à trouver est en tout cas un excellent moyen pour le cinéaste de s'en tirer : mais ce lyrisme à l'aveugle, en angle mort, donne aussi à sa créature - Precious - les moyens de régner sans partage sur sa petite entreprise à récolter les Oscars.
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(...) la mise en scène de Lee Daniels est aussi finaude qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, et que son scénario additionne tous les écueils du mauvais mélodrame : sensiblerie, pathos..."Elle a bouleversé l'Amérique !", ce n'est pas un slogan, c'est une menace !
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Lee Daniels, qui revendique les influences de Fellini, de Wong Kar-waï et des premiers Spike Lee, a du talent, mais il fait aussi preuve d’un maniérisme parfois exaspérant. Ce dernier se voit néanmoins racheté par l’interprétation de Gabourey Sidibe et de Mo’Nique (toutes deux nommées aux oscars pour leur rôle, le film recueillant d’ailleurs la bagatelle de six nominations au total).
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Surprenant Grand Prix au Festival du film indépendant de Sundance, plébiscité aux Oscars, Precious, hélas, n'est pas à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer de cette transposition à l'écran. Tout y est lourd, gonflé de rêves au maniérisme gay, tapageur dans l'évocation de la violence, sans regard ni émotion, à l'exception du face-à-face final entre la mère indigne et sa fille rebelle.
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Precious n'est pas un mauvais film, il est pétri de bonnes intentions et de bons sentiments. Mais il est pleurard et sans regard. Sans point de vue de cinéaste et, donc, rigoureusement sans intérêt. Bref, avec Lee Daniels, on est dans la complaisance, avec le réalisme pour excuse et le compassionnel pour alibi.