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Il y a mille et un films à faire sur les mille et une facettes de la vie de Marie Curie. Son enfance à Varsovie où sa mère s’éteint alors qu’elle n’a que 11 ans. Ses études de médecine à Paris dans une fac à dominante masculine. Sa rencontre avec Pierre Curie. Leurs travaux sur le polonium et le radium. Leur prix Nobel commun à la réception duquel elle n’a pas été conviée. Son Nobel en solo. Sa liaison passionnelle, après la mort de Pierre, avec Paul Langevin, un homme marié qui lui a valu d’être critiquée comme « l’étrangère qui vole l’époux d’une brave Française ». Oui, il y a mille et un films à faire sur les rebondissements de ses vies personnelle et professionnelle. Le souci de Radioactive est d’avoir voulu les faire tenir en un seul. Alors forcément, on survole sans rien creuser pour un résultat « wikipediesque », à l’intérieur duquel les rares échappées hors de cette autoroute toute tracée (Hiroshima, les essais nucléaires dans le désert américain, la catastrophe de Tchernobyl...), censées souligner les détournements des nobles travaux des Curie, suscitent au mieux l’incompréhension, au pire la consternation. Ce plan d’un enfant lançant son petit avion de pompier vers la bombe lâchée sur Hiroshima est à lui seul éliminatoire. Depuis son passage à des héros de chair et d’os avec Poulet aux prunes, Marjane Satrapi peine à trouver un second souffle. Mais il y avait au moins dans The Voices une bizarrerie qui accrochait l’attention. À mille lieues de ce récit à l’encéphalogramme plat, pourtant défendu du mieux qu’elle peut par la toujours impeccable Rosamund Pike.