-
Assagi depuis sa série des Grudge, Takashi Shimizu utilise sans trop abuser des recettes maintenant familières (effets sonores, zooms imperceptibles...) pour distribuer une quantité satisfaisante de frissons.
Toutes les critiques de Réincarnation
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
Toujours aussi efficace, Takashi Shimizu. La mise en abyme qu'il propose renseigne sur les conditions de tournage au Japon. Le jeu impressionnant de la comédienne principale, le scénario habilement construit, la mise en scène aux effets cauchemardesques et le twist final éclipsent quelques longueurs.
- Fluctuat
Avec son histoire de fantômes qui ressuscitent grâce au cinéma, Réincarnation donne à Takashi Shimizu l'occasion de continuer d'explorer son univers tout en y apportant une nouvelle dimension. Une tentative sympathique, mais plutôt nulle.
- Exprimez-vous sur le forum RéincarnationMine de rien, en trois semaines on aura vécu un micro évènement : la sortie consécutive des nouveaux films de ceux qui au tournant des années quatre-vingt-dix et deux mille ont réinventé le film de fantôme japonais : Kiyoshi Kurosawa, Takashi Shimizu et Hideo Nakata. La semaine dernière le premier sortait Retribution, dont les critiques oscillent entre la célébration et l'apitoiement, la semaine prochaine le dernier sort Kaidan (sur lequel on reviendra), et cette semaine Shimizu livre Réincarnation, fraîchement sorti de ses cartons d'où il traînait depuis un moment. Shimizu est un peu le cadet du trio, le disciple, devenu célèbre par ses multiples versions de The Grudge entre USA et Japon. Lancé par Kiyoshi Kurosawa, qu'on retrouve ici en guest (il joue un prof qui en gros théorise le film), le petit Takashi est aussi le moins discursif des trois, le moins déterminer à donner une dimension symbolique à ses films. Plus littéral et folklorique, son cabinet du fantastique repose moins sur cette inquiétude du monde qui se dissémine dans la réalité en passant par le fantôme comme métaphore (propre au cinéma de ses frères) que sur une série de variations centripètes où le genre n'excède jamais sa définition. Cas, une fois encore, de Réincarnation, mais avec une variante de taille.Cette incapacité à manipuler le fantastique pour en faire le substitut d'une vérité (sociale, politique, existentielle) a le charme de sa simplicité. Les films de Shimizu sont ludiques, presque enfantins, ils gardent une appréhension naïve du cinéma et des mécaniques de la peur. Au fond, ils sont plus japonais que les films de Kurosawa, trop godardien, l'humour en moins (mis à part peut-être pour Kandagawa War, son premier film). Réincarnation conserve cette innocence, un mode de jouissance de l'étonnement reposant sur des effets éculés à peine réactualisés. Shimizu pousse même son film jusqu'aux limites de la nullité, du pur bricolage de série z, qu'un récit, entre flemme et tentative aussi timide qu'approximative de sophistication, n'aide pas vraiment. L'idée (un lieu maudit, façon Shining) pourrait rappeler The Grudge : une actrice est embauchée pour jouer dans l'adaptation d'un fait divers où trente cinq ans plus tôt, dans un hôtel, un homme avait massacré onze personnes, y compris sa famille, femme et enfants. Celle-ci ne tarde pas à avoir des visions tandis que des inconnus se font snatcher par des fantômes, sans plus d'explications. Le film évolue ainsi au fil du tournage, sa mise en place, les premières scènes, permettant petit à petit de faire entrer l'actrice en contact avec le passé et les morts. Et comme tout est dans le titre, on comprend vite de quoi il s'agit.C'est à la fois le charme (désuet) et le problème de Réincarnation - on a du mal à s'étonner. Niveau trouille, c'est le calme plat. Shimizu se la joue tellement vieux jeu avec ses fantômes en arrière plan gros comme des camions, ses parties de cache-cache dans le placard, bref son attirail énorme de spectres qui semblent davantage observer les vivants que les surprendre, qu'aucune angoisse, rien, n'a d'emprise. Un film sans zone d'ombre donc, après tout pourquoi pas. Mais question intrigue, comme Shimizu n'a pas les moyens artistiques d'un Nakata, c'est pareil, le film avance en s'obligeant à divulguer ses enjeux sans se défaire vraiment des contraintes du scénario. L'étrangeté ne contamine pas l'image, elle s'explique en passant par sa théorie de la réincarnation limitée aux seuls segments d'une histoire dont la doublure avait pourtant un potentiel. Car contrairement à The Grudge (version japonaise), qui tenait sur une variation d'effets de mise en scène autour d'une vague idée de malédiction, Réincarnation traite de son thème en essayant d'y introduire une dimension plus profonde, quasi métaphysique (le cinéma réveille les morts, enclenche la réincarnation). Shimizu se laisse ainsi tenter par une lecture, un sens caché plus symbolique qu'à son habitude, mais le traitement général n'est pas à la hauteur de cette nouvelle ambition théorique.Tout en restant dans le cadre d'un fantastique sans regard sur le monde, qu'il corrige par une approche plus psychologique (comment l'actrice devient possédée par le fait-divers au point de sombrer dans la folie) et mystique, Shimizu essaie d'accroître son cinéma tout en conservant une forme moins conceptuelle que celle de ses aînés. Mais la synthèse, sympathique en soi, prend difficilement. La littéralité (la grossièreté ?) des effets empêche l'abstraction d'exister tout en réduisant le contrepoint théorique (le film qui se tourne rejoignant celui tourné par le tueur comme procédé de transferts des âmes). Tout le cheminement de Réincarnation - cherchant à jouer avec les images et la superstition propre au cinéma -, est ainsi constamment éclipsé par l'incapacité de Shimizu à filmer un sujet. Son film apparaît alors comme le brouillon d'une oeuvre en mutation. De quoi encore rester longtemps dans l'ombre de Kurosawa et Nakata.Réincarnation
De Takashi Shimizu
Avec Yûka, Karina (XIII), Kippei Shiina, Shun Oguri
Sortie en salles le 5 septembre 2007
Illus. © Metropolitan FilmExport
- Exprimez-vous sur le forum Réincarnation
- Lire les fils japon, horreur sur le blog cinéma
- Lire la chronique de Retribution
- Lire la petite histoire du cinéma japonais sur le mag