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Jean- François Laguionie a signé son premier long métrage voilà 40 ans avec Gwen, le livre de sable. Ont suivi, entre autres, L’Île de Black Mor, Le Tableau, Louise en hiver… Autant de pépites d’animation qui ont en commun de ne jamais chercher à s’adresser à telle ou telle cible mais à offrir à chaque génération une porte d’entrée pour savourer les histoires qui s’y déploient. Le très autobiographique Slocum et moi ne déroge pas à la règle. Mieux encore, en 75 minutes, il parvient à y faire dialoguer trois récits différents. Celui de François, gamin de 11 ans qui grandit sur les bords de Marne dans les années 50 et apprend qu’il n’est pas le fils naturel de ses parents. Celui de la passion du père de François, représentant de commerce bourru au grand cœur pour Joshua Slocum, premier marin à avoir réalisé un tour du monde en voilier en solitaire à la fin du 19ème siècle, au point de se lancer… dans la construction d’une réplique de son bateau de 11 mètres dans son jardin ! Et celle de ce Slocum, aventurier hors pair au fil de son exploit qui s’étala sur plus de trois ans. Le résultat se révèle somptueux. Par la qualité du travail d’animation où l’on perçoit à chaque plan le trait brut du crayon et qui joue si bien avec les ombres et les lumières. Et par cette manière de raconter le passé en évitant tout mélancolie rance, grâce à une écriture qui n’enjolive rien dans ce qui constitue la colonne vertébrale du film : la volonté d’un fils de chercher à se faire aimer d’un père qui ne trouvera jamais vraiment les mots pour l’exprimer. A 85 ans, Laguionie reste au sommet.