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(...) à force de bousculer les mythes anciens, Panos H. Koutras, réalisateur d’une foutraque Attaque de la moussaka géante devenue culte, multiplie les artifices au-delà du raisonnable et inclut des scènes de rêves poéticoridicules avec écureuil de synthèse à l’appui. Quand, au cours d’une fin qui n’en finit pas de finir, il fait dire à son héros de drôles de choses sur les rapports père-fils, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Fût-il grec...
Toutes les critiques de Strella
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Dans une Grèce qui ressemble bien au monde réel avec ses pauvres, sa grisaille, ses cancéreux et ses marginaux, Panos H. Koutras se lance dans une étonnante tragi-comédie dont le rôle-titre est tenu par un transsexuel de 24 ans. Un film tenu par un scénario et une interprétation de qualité.
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Problématique œdipienne, théâtre cathartique, chœur des amis, sexualité dans tous ses états, c’est à une revisite contemporaine totale de la mythologie et de la tragédie grecques que nous convie le réalisateur. On pourra penser qu’il pousse parfois un peu le bouchon question circonvolutions du récit ou extraversion des affects, des gestes, des attitudes (et du jeu des acteurs), mais cette montée de volume et cette réactualisation de vieux mythes ne manque pas de panache.
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Ce n'est pas parce qu'ils sont contrariés que la mise en scène doit l'être (ah, l'image qui tremble !). Pourtant, Koutras mérite d'être suivi de près, car il est un des seuls réalisateurs grecs actuels à filmer les tabous de son pays.
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Laissant de côté l’aspect délirant de son univers référentiel pour se concentrer sur le monde réel, l’auteur signe une œuvre naturaliste en plongeant ses caméras dans les bas-fonds d’Athènes [...] Toutefois, dans cet univers plutôt sordide, l’introduction par l’auteur d’une tragédie œdipienne prépare le spectateur au pire. Peu à peu, les thèmes de la filiation, de l’inceste et de la confusion des sexes se mélangent pour former une danse entraînant les personnages vers le précipice. Ce passage est sans nul doute le plus convaincant du film, même s’il révèle vite ses limites sur le plan narratif. [...] Certes, l’idée d’une reconstruction possible en marge de la société est séduisante, mais elle souffre d’un terrible manque de crédibilité. Reste une superbe interprétation de la part de Mina Orfanou (véritable transsexuelle) et de l’intégralité d’un casting plus vrai que nature. Strella est donc une œuvre courageuse, souvent forte avec son postulat tragique digne d’Almodovar, mais décevante dans sa résolution trop optimiste.
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Ces péripéties, il faut bien avouer qu'on se frotte parfois les yeux pour croire que le cinéaste a osé les imaginer, les figurer. D'autant que le récit qui les délivre relève d'une mise en scène paradoxalement plus attendue que son propos. Reste un film dont la liberté de ton, le respect pour ses personnages, les ruptures inattendues de style et de registre (entre la piquante alacrité d'un Pedro Almodovar et le lyrisme opératique d'un Werner Schroeter) valent le détour. Le film reste en revanche fidèle au canon de la littérature oraculaire et à sa cruelle ironie, qui consiste à faire accomplir au héros son destin par le geste même qu'il prétendait éviter.
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(...) plus le film avance - allez le voir pour comprendre -, plus il libère une énergie vitale chaleureuse, qui vous emporte dans un tourbillon réconfortant.
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Ce film étonnant comble les maladresses de sa réalisation par une audace scénaristique qui vous assène un sacré coup de théâtre dans l'estomac et une grande leçon d'humanité dans le coeur. Quant à Mina Orfanou, elle rayonne.
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L'hellénisme de Strella n'est pas tant dans la résurrection de quelque tragédie antique que dans son goût illimité de l'hubris, cette démesure qui est autant un éloge de l'excès qu'un état d'esprit. Strella, un film trop.
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C'est qu'au-delà de ses qualités d'utopiste plus ou moins provocateur, Panos H. est, surtout, un maladroit. Dans une chambre d'hôtel où ils se réconcilient après quelques étreintes et disputes passionnées, le héros dit à son « amant » : « Je te remercie de m'avoir fait découvrir une nouvelle façon pour un père d'aimer son fils. » C'est vraiment la réplique qui tue...