- Fluctuat
On voulait faire bronzette, on commençait à se prélasser même, et voilà qu'on se prend un vilain coup de soleil ! Triste gâchis. Sunshine aurait pu être un excellent film de SF. Il souffre d'une seconde moitié incompréhensible et grossière, qui tranche avec le bel élan des trois premiers quarts d'heure.
- Vos impressions : forum SunshineAn 2057. Dans l'espace, noir, infini, évolue le vaisseau Icarius II. A son bord, un équipage réduit, chargé d'une mission vitale : sauver le soleil qui se meurt et, au passage, l'humanité en danger. Rien que ça. En gros, il suffit de faire exploser une giga bombe à l'intérieur de l'astre, histoire de lui donner un petit coup de fouet. Facile ? Clairement pas. D'ailleurs, il y a sept ans, la mission précédente, Icarius I, n'en est pas revenue. Mais, tiens tiens, n'est-ce pas un signal de détresse qui vient d'être intercepté... ?Le pitch est basique, mais on ne lui en demande pas plus. Mission à hauts risques, objectif suprêmement important qui justifie tous les sacrifices, déferlante d'obstacles. Et puis on sait bien que dans l'espace, les signaux de détresse sonnent toujours le début d'engrenages malins. Sunshine ne fait pas exception, mais pourquoi pas ? On n'est pas contre a priori, car après tout ce sont là les ingrédients de base de nombreux films, parfois très réussis. Et comme pour nous le prouver, celui-ci commence comme un bon film de science-fiction. Très bon, même. Une espèce de Alien I nouvelle génération et sans monstre, où les codes du genre sont respectés à merveille : verticalité écrasée, profondeur de champ étendue à l'inverse pour capter les longs tunnels du vaisseau, ambiance calme et tendue à la fois propre aux voyages dans l'espace, casting peu connu et résolument multiethnique, salle de réunion standard, décor mélangeant ultra-moderne et ferraille pour jouer à la fois la carte de 2001 l'Odyssée de l'Espace et celle de Star Wars... On se prend à rêver d'un grand film de science-fiction comme on en a pas vu depuis un moment. On s'enthousiasme.Le trou noir
Le hic, c'est que toute la deuxième partie du film s'ingénie à réduire en poussière les acquis de la première. Finie la bonne vieille science-fiction qui fonctionnerait de bout en bout en évitant les pièges. Sunshine tombe dans le trou noir du grand n'importe quoi. L'aspect technique de la mission, les confrontations de psychologies opposées, la tension vers un but commun s'estompent soudain, pour laisser la place à une dimension quasi horrifique sortie de derrière les fagots. Résultat, la crédibilité est dangereusement mise à mal, les discours deviennent grandiloquents, et des visées métaphysiques font irruption où elles n'ont rien à faire.Quelle déception ! On commençait à saisir les personnages, et voilà que leur psychologie se fait grossière. Les ficelles et autres ressorts de la narration, qu'on acceptait volontiers parce qu'ils s'inscrivaient dans une tradition de genre et s'exerçaient plutôt bien, crèvent brusquement les yeux. A l'image, même gâchis. Le film vire au clip, transformé en succession de gros plans, insupportables flous et bougés, flashs variés, avec bande-son au diapason. Très vite on ne comprend plus grand-chose à rien, et puis après tout on s'en moque parce qu'on décroche complètement. Au final, on se retrouve plus occupé à essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête du scénariste et du réalisateur (Danny Boyle pourtant) qu'à se passionner pour le dénouement. En plus c'est vite bouclé, hop, et bien trop facilement. Vraiment, vraiment dommage. Sunshine
De Danny Boyle
Avec Chris Evans, Cillian Murphy, Rose Byrne
Sortie en salles le 11 avril[Illustrations : droits réservés]
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