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(...) ceux qui s’attendraient à un divertissement spectaculaire avec surenchère d’effets spéciaux et patriotisme post-11 Septembre en seront pour leurs frais. Le surnaturel ne fait ici que servir d’écrin à un drame humain, exactement comme dans un film de Shyamalan où l’essentiel, invisible à l’œil nu, réside dans le combat livré contre la peur et contre soi-même. Nichols retrouve Michael Shannon, déjà rôle principal dans Shotgun Stories et incarnation sublime du dérèglement psy depuis Bug (William Friedkin, 2007). (...) Bug et Take Shelter ont beau être deux films apocalyptiques plaçant en leur centre un Shannon névrotique, l’un s’impose presque comme l’antithèse de l’autre. Loin de toute tentation hystérique, Nichols traite de l’aliénation mentale avec une profonde empathie. Shannon est au diapason : son personnage, Curtis, à la fois stoïque et vulnérable, meurt dans ses cauchemars, pleure à son réveil, terrorisé à l’idée d’avoir hérité de la schizophrénie dont souffre sa mère et de l’infliger aux siens (à sa femme, aimante et compréhensive, interprétée par l’éblouissante Jessica Chastain ; et à sa petite fille, sourde-muette). À aucun moment il ne se retournera contre eux, exprimant moins la démence furieuse d’un Jack Nicholson dans Shining que l’impuissance tendre d’un petit garçon seul face à ses démons, bouleversé par le regard de sa fille qui, elle non plus, n’a pas les mots pour exprimer ce qu’elle ressent. Devant l’imminence de la fin du monde, réelle ou virtuelle, Shannon adopte le même affaissement fataliste des épaules, la même tristesse enfoncée dans l’œil et la même colère rentrée que Richard Chamberlain dans La Dernière Vague, de Peter Weir, autre film catastrophe à taille humaine auquel on pense beaucoup. Si vous avez toujours du mal à retenir les dernières répliques des films, vous n’êtes pas près d’oublier celle, pétrifiante, de Take Shelter.
Toutes les critiques de Take Shelter
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ne défiez pas le marchand de sable, il pourrait vous quitter... Entre songes dérangeants et obsessions anxiogènes, la nouvelle œuvre de Jeff Nichols, Take Shelter, laisse forcément des traces. Frigorifiant, intense. Les spectateurs entrent en transe avec la surprenante histoire de Curtis qui vire du rêve au cauchemar.
Ce Nord-américain de trente cinq ans est sujet à des rêves étranges qui changent sa vie et celle de sa famille du jour au lendemain. Une impressionnante tempête, une avalanche de gouttes d'eau et un ciel qui continue de pleurer des larmes de couleurs. La frontière entre illusion et réalité s'évapore... Ce n'était qu'un rêve...
Fantastique film de genre qui mélange mystère, horreur mais aussi psychiatrie... On retrouve Alfred Hitchcock et ses Oiseaux, qui tombent et retombent, signe d'un mauvais présage. Et la musique, déferlant à tous vents, s'enrage dans un tourbillon de violence. Très vite, avec le silence à ses trousses, la peur s'infiltre dans les images. Et tout comme Curtis, un frisson glacial nous empêche de bouger. Partagés entre le tressaillement de l'incertitude et l'énergie de l'imagination, nous sommes désemparés. Subsiste le mystère: Curtis subit-il toujours sa peur ou va-t-il finir par la vaincre en échappant à ses songes perturbateurs?
Rêve prémonitoire ou paranoïaque, la tempête, on pouvait s'y attendre, finira par sévir. Et c'est cette tempête qui incarne la peur. La peur, paralysante, est omniprésente dans notre société: il est constamment question de crise sociale, conjugale, financière, voire même environnementale. Et Curtis la pourchasse, aussi multidimensionnelle soit-elle, pourtant elle court plus vite que lui. Alors il lui tourne le dos, et se retrouve face à lui-même. Il ne lui reste plus alors qu'à affronter sa peur.Diana D'Angelo
Lycée Georges Clemenceau, Nantes -
Orages assourdissants, éclairs déchirant un ciel noirci par les nuages, telle est l’atmosphère oppressante de ce second film du réalisateur Jeff Nichols, déjà reconnu pour son premier long-métrage Shotgun Stories. Pendant près de 2h, le cinéaste nous plonge dans un drame intime, teinté d’un air de fin du monde, mêlant des influences provenant de réalisateurs aussi variés que Terrence Malick ou bien John Ford.
Le personnage principal, Curtis LaForche, menant une vie tranquille et banale dans une banlieue calme de l’Ohio, se trouve soudain confronté à des rêves mystérieux et à une obsession qui le ronge de plus en plus au fur et à mesure du temps. Rythmé par de nombreuses scènes apocalyptiques, Take Shelter peut, à première vue, faire penser à un film catastrophe tout droit sorti des studios d’Hollywood. L’œuvre s’impose néanmoins comme étant d’une richesse et d’une complexité intéressantes.
En effet, tout en présentant un aspect psychologique pertinent et profond de la paranoïa du personnage, le film traite d’un thème majeur et existentialiste : le rapport entre l’Homme et son environnement. Ainsi, dans le film, le personnage principal est obsédé par la volonté de protéger son espace familial des éléments menaçants de l’extérieur. Ce thème est très certainement mis en valeur par les menaces climatiques constamment éprouvées par le héros. En nous rapprochant sans cesse de la nature, Take Shelter questionne donc également un thème, aujourd’hui d’actualité, qui est la peur constante de la population américaine et mondiale d’un danger atmosphérique et climatique. L’orage, la tempête, la pluie, jalonnant le cours du film, sont donc tant de métaphores exprimant les craintes du personnage mais également nos malaises et tourments quotidiens face à des médias toujours plus alarmistes.
À mi-chemin entre drame personnel et film de genre, Take Shelter est un film qui va étudier au plus profond la psychologie de la peur et de la folie de l’Homme moderne. Sans se réduire à une seule approche, l’œuvre propose donc différents niveaux de lectures ce qui la rend ainsi tout à la fois accessible et pertinente.Lycée Pablo Picasso, Perpignan
Rémy Bastrios
Alice Egéa -
(...) ce thriller du jeune Américain, Jeff Nichols est à la fois troublant, envoûtant et surtout angoissant, notamment grâce à l'interprétation habitée de Michael Shannon, en père de famille tourmenté et totalement parano. A travers ce récit, Jeff Nichols signe aussi une métaphore impressionnante des inquiétudes de l'Amérique d'aujourd'hui.
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Curtis La Forge représente le rêve américain : un bon travail, une belle femme, une fille, une grande maison et deux voitures achetées à crédit… Malheureusement, le rêve se transforme en horribles cauchemars… La peur prendra peu à peu possession de lui. La peur de ces catastrophes imaginaires mais aussi et surtout celle de perdre sa famille. Curtis va devoir lutter pour préserver sa paisible vie, malgré et contre lui. Se mettre à l’abri devient sa seule obsession.
Vous l’aurez deviné, Jeff Nichols, ayant déjà connu un grand succès avec son premier long métrage Shotgun Stories, a choisi les angoisses et la peur intérieure comme sujet principal de son nouveau film. Take Shelter est un mélange fort étonnant du film apocalyptique et du drame sentimental! Ce cocktail inattendu est un ingénieux équilibre entre le cinéma hollywoodien et le cinéma indépendant américain. C’est ce qui lui permet d’atteindre ses objectifs : faire un film grand public tout en gardant une qualité cinématographique indéniable. Passant du monde des songes à la réalité, nous nous perdons avec Curtis dans sa folie.
Le jeu de Michael Shannon (Curtis) et de Jessica Chastain (sa femme Samantha) est d’une très rare qualité. La scène où Curtis a une attaque pendant un cauchemar est bouleversante. Les regards, les gestes, cette précision ne laissent pas indifférent exacerbant les souffrances des personnages. De même la progression passionnante de leur relation nous tiendra en haleine jusqu’au bout. Cependant ce jeu d’acteur ne serait rien sans l’excellente équipe de Jeff Nichols qui grâce à un incroyable travail nous offre une symphonie de son et lumière accompagnant parfaitement ce scénario bien rodé même si un peu traditionnel!
Comme le dis le réalisateur, ce film est surement le « point d’orgue de [s]a carrière ». Nous plongeons avec plaisir dans cette histoire qui nous questionnera sur nous-mêmes face à notre famille ou à la maladie cherchant un équilibre salvateur. Jeff Nichols, souvenez vous de ce nom qui va entrer dans la légende du cinéma américain!Vial-Pradel Robin,
Lycée Honoré d’Estienne d’Orves,
Nice. -
Mieux que personne de sa génération, Nichols, 33 ans, auteur de l’épatant Shotgun Stories en 2007, réussit la synthèse entre une production indé débarrassée de ses tics Sundance et d’un cinéma grand public. Aussi à l’aise sur les deux tableaux, au risque parfois de jouer un peu trop sur la langueur de ses effets, le cinéaste est l’un des rares aujourd’hui à pouvoir ainsi mêler, sans forcer, des plans somptueux de ciels tourmentés, rappelant quelques grands filmeurs à la Malick, à des effets spéciaux aussi modestes que pertinents.
La paranoïa visqueuse qui s’introduit comme un venin dans la peau de Curtis relève ici d’une imagerie de cinéma catastrophe. Pourtant, nous dit le film, le danger est ailleurs : justement dans la quiétude aveugle de ce monde qui s’effondre au ralenti sans que cela ne choque personne. Alors, qui est vraiment le plus dingue ? Celui qui voit arriver la catastrophe ? Ou ceux qui regardent ailleurs en prétendant que tout est absolument normal ? -
Jusqu'aux dernières images du film, Jeff Nichols nous mène par le bout du nez, alterne moments d'accalmie et de haute tension. Take Shelter n'est pas seulement un thriller fantastique, c'est aussi le portrait d'une Amérique en perte de repères, sur fond de crise économique et existentielle. Magistral.
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Si la menace demeure abstraite, inscrivant le film dans une dimension cosmique, ses effets sont on ne peut plus concrets : de la consultation d’un psychologue à la visite (bouleversante) d’une mère schizophrène pour s’enquérir d’éventuels antécédents, de la honte d’un drap mouillé par la pisse à la crainte de ne pouvoir payer les traites à la fin du mois, les personnages sont englués dans des soucis quotidiens.
Il faut insister sur cette qualité car, pour aussi déceptive qu’elle soit – le film ne vise nullement la sidération, il est plutôt de ceux qui obsède encore des jours après la projection –, elle est extrêmement précieuse.
C’est parce que le film ne quitte jamais le terrain du réalisme – pas plus que le territoire réduit de sa petite communauté soudée – que ses visions, et notamment la dernière, sont à ce point terrassantes.
On saisit mieux la singularité de Take Shelter en le comparant à Bug de William Friedkin, où l’on avait découvert en 2007 Michael Shannon dans le rôle proche d’un homme à la folie contaminatrice.
Les deux films empruntent des chemins on ne peut plus opposés : à l’emballement hystérique de Friedkin, Nichols répond par l’apaisement familial (sublime scène où Jessica Chastain prend les choses en main) ; au théâtre psychologique, il préfère la politique du geste (grande idée que d’imaginer un enfant sourd et muet avec qui l’on ne peut communiquer que par signes) ; à la défiance paranoïaque, enfin, il oppose l’empathie et le doute (puisque la folie de Shannon n’est jamais certifiée).
2012, année apocalyptique, pouvait difficilement mieux commencer.
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Flirtant constamment avec le genre, Jeff Nichols exploite à merveille le charisme ambivalent de Michael Shannon et la grâce irréelle de Jessica Chastain, décidément la révélation de l'année. Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes, Take Shelter s'impose comme le coup de coeur du mois. Ne le ratez pas !
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D'ailleurs, toute la puissance de Take Shelter vient de là. L'entrée dans la folie de Curtis ne rend pas pour autant ses hallucinations incompatibles avec la réalité. Ce n'est pas seulement que l'Etat de l'Ohio est régulièrement l'objet de tornades dévastatrices et meurtrières. C'est aussi que le cinéaste s'applique jusqu'au bout à nourrir le doute sur la nature des perceptions qu'il met en scène (reportage télévisuel sur un nuage toxique, tempête tour à tour fantasmée et réelle...). Le dérèglement ou l'accident écologique est à cet égard un vecteur très efficace : les spectacles apocalyptiques qu'il produit désormais à foison nous donnent aussi bien l'impression d'être entrés dans le cerveau d'un fou en proie à la vision du Jugement dernier.
C'est en ce sens que le personnage de Curtis renoue avec la figure du prophète : la folie de sa vision s'accorde avec les dangers qui semblent aujourd'hui menacer l'humanité, du fait même de son intempérance (Shutter Island, de Martin Scorsese, ou Melancholia, de Lars von Trier, partagent de toute évidence cette inquiétude). Or cette humanité, Curtis l'incarne au plus haut degré, par la conscience impuissante qu'il a de sa propre folie. Le pathétique combat intérieur qui en résulte est ce qu'il y a de plus émouvant dans le film, dès lors que Curtis entreprend, dans un double mouvement, de protéger sa famille d'une fin du monde qu'il fantasme et de la déraison qu'il y pressent. Tout en la ruinant par la construction d'un abri souterrain dont rien ne le fera dévier, il veut aussi la prémunir contre lui-même en se soumettant, avec l'aide de sa femme, à un traitement psychiatrique.
Dans la meilleure tradition américaine, la famille nucléaire devient dès lors ce motif entaché d'une extrême ambivalence, d'être à la fois le foyer intime de la phobie paranoïaque et l'ultime rempart contre les dangers du monde. Michael Shannon et Jessica Chastain - qu'on a respectivement vus dans deux autres films récents d'apocalypse familiale (Bug, de William Friedkin, et Tree of Life, de Terrence Malick) - apportent ici à leurs personnages une crédibilité et une trivialité qui contribuent à faire de Take Shelter une oeuvre propre à nous hanter durablement. -
Entre la folie perso et le désastre collectif, entre le naturalisme domestique et le lyrisme fantastique, on ne sait plus ce qui serait le plus satisfaisant comme expérience de cinéma. (...) Grand, grand, second film.
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Freud voyait dans la paranoïa l'équivalent d'une doctrine, parfaitement étayée et logique. C'est ainsi que le cinéaste montre les préparatifs de Curtis en vue de la tornade à venir : empreints d'une rationalité indiscutable, contagieuse, et d'autant plus dangereuse. Aux Etats-Unis, le mouvement des « survivalistes », ces acheteurs de bunkers et autres dispositifs de survie, ne cesse de croître. La perspective du pire est devenue une passion pour des dizaines de milliers de gens.
Mais quand le film confronte finalement ses personnages à une tempête bien réelle, rien ne se passe comme prévu, et un nouveau gouffre s'ouvre. Dans des films tels que Les Moissons du ciel (de Malick) ou Magnolia (de Paul Thomas Anderson), l'apocalypse venait classiquement surprendre et punir des êtres ou une civilisation se sachant coupables. Avec Take shelter et son dénouement vertigineux, on est dans une ère nouvelle, encore difficile à appréhender : la fin du monde est autant redoutée que désirée par une humanité qui n'a pas grand-chose à se reprocher, sinon d'avoir perdu toute confiance en elle-même.
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Un réalisme quasi naturaliste qui plonge le spectateur dans une bulle envoûtante, où chaque cauchemar de Curtis surgit presque par surprise et sonne comme une menace aussi terrifiante que concrète. Par son refus du spectaculaire, Nichols donne ainsi une véritable chair à ces visions et au questionnement psychologique de Curtis. Là où TAKE SHELTER aurait pu n’être qu’un suspense bêta (alors, fou ou pas ?), il s’affiche en chemin de croix que l’on parcourt avec une empathie déchirante. D’une grande rigueur esthétique, TAKE SHELTER use d’une mise en scène signifiante, d’une musique étrangement fascinante et d’effets spéciaux soignés pour saisir le spectateur par le col durant plus de cent minutes, bâtissant une tension tout sauf artificielle. Jeff Nichols peut alors abattre sa dernière carte : un dernier quart d’heure d’une sublime intensité. Rares sont les films capables de nous clouer ainsi sur nos sièges. De nous laisser le cœur tambourinant dans la poitrine. De nous hanter des jours durant. De nous prouver que certains réalisateurs peuvent brandir l’étendard d’un cinéma exigeant mais poignant sans avoir l’air d’asséner une grande leçon. Immense et immanquable.
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Auteur remarqué en 2008 avec son excellent premier long-métrage Shotgun Stories, Jeff Nichols revient avec Take Shelter, sidérante chronique familiale plongeant dans les angoisses paranoïaques d'un père hanté par des visions apocalyptiques. Chef d'oeuvre.
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Entre Friedfin et Spielberg, un film remarquable sur un dérèglement intérieur.
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Remarqué pour son premier long-métrage, Shotgun Stories, Jeff Nichols confirme son statut de cinéaste à suivre de près avec ce second très beau film.
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Dans Take Shelter, Jeff Nichols raconte la tragique dérive d'un homme qui bascule dans la paranoïa. Un hommage virtuose au film de genre.
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« Toi ta vie, elle est bien. » Take Shelter s'ouvre sur une vision idéale du modèle américain: la famille LaForche vit aisément dans la maison typique Wisteria Lane, l'homme protège la femme et l'enfant, et tout cela dans le meilleur des mondes. Il fallait le prévoir, comme dans American Beauty et Les Noces Rebelles de Sam Mendes, cet océan de bonheur dans lequel le couple parfait nage, subit rapidement des intempéries. Curtis devient soudain sujet à des visions apocalyptiques, mettant son couple en danger.
Une bande-son plus effrayante que l'image elle-même, des couleurs caractéristiques du genre fantastique, mais surtout un ciel constamment chargé au-dessus des personnages, rangent ce second film dans les genres fantastique et catastrophe à la fois. Et cette combinaison fonctionne à point: l'anxiété, trait commun des deux registres, est l'élément autour duquel l'intégralité du scénario s'inscrit.
Le poids du ciel (magnifique à chaque fois) sur le quartier de l'innocente famille LaForche représente les charges qui pèsent sur l'homme moyen d'aujourd'hui: la crise financière, le chômage, la pollution, le handicap de sa fille... L'association du drame personnel à la catastrophe météorologique renvoie à la fatalité divine, en plus de la ferveur chrétienne familiale. Les forces du ciel semblent s'acharner sur les personnages; les oiseaux, comme chez Hitchock, de mauvais augure, vont jusqu'à attaquer le protagoniste. Et nous assistons à cette tragédie, dans laquelle les individus tentent de se débattre contre le destin, sans aucun moyen d'interrompre le processus.
Un élément propre à la tragédie classique est l'ignorance des personnages. Ici, Curtis lutte contre Zeus avec son abri anti-tempête, symbole de l'enfer sous Terre, mais il n'en reste pas moins dans l'incompréhension. Et cette détresse intérieure affaiblit le personnage. D'abord, face au ciel, surveillé par Curtis, tellement petit par rapport à l'immense toile grise et en relief. Ensuite face à sa femme, tellement solide par rapport à l'homme angoissé, en dépit de la force physique de Michael Shannon.
Jeff Nichols nous entraîne cependant dans une histoire plutôt revisitée de la catastrophe naturelle et de l'être sujet aux hallucinations: seul dans sa folie, incompris du reste des hommes. Est alors redouté un manque d'originalité du concept, en plus de la confusion quant à la direction que prendra le scénario. Nos doutes sur la reprise d'un modèle populaire et vendeur, sont instantanément éteints avec la scène de toute fin.Salomé CHAUVEAU
Lycée Savary-de-Mauléon
Les Sables d'Olonne -
(...) cette histoire de visions apocalyptiques qui assaillent un père de famille au point de lui faire péter les plombs, le cinéma bis, notre cinéma, l'a déjà racontée. De même que le traitement anti-spectaculaire et terriblement humain de Jeff Nichols renvoie, pour les plus récents, aux mésestimés/méconnus Los Angeles : Alerte Maximum et Infectés. Voilà, il fallait que ce soit écrit quelque part. Sinon, ambiance fin du monde, Michael Shannon impérial, twist de petit malin, Take Shelter a tout bon.
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(...) On est imprégné par l'atmosphère insolite de ce thriller vertigineux et sensitif, qui aborde en filigrane des thèmes comme la crise économique et la pollution.
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(...) Si Jeff Nichols a créer l'évènement à Cannes en mai dernier avec Take Shelter, c'est peu-être avant tout parce qu'il a su préserver cette simplicité, ce refus de le surenchère malgré un sujet beaucoup plus spectaculaire.
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Portée par une image de toute beauté et par le jeu de Michael Shannon, cette tempête sous un crâne, au final ambigu en diable, n'a pas fini de vous remuer.
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(...) On reste suspendu jusqu'à la dernière minute du film.
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Une œuvre d'une efficacité redoutable jusqu'au dénouement, dosant subtilement scènes sous haute tension et moments d'accalmie.
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On a beau chercher, on ne voit pas de défaut majeur à Take shelter hormis, peut-être, un creux de vingt minutes dans sa seconde partie. Pour le reste c’est du grand art.
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Sur ce petit lopin de terre, concentré d'effort physique et de folie, Jeff Nichols parvient à créer un monde. Le signe d'un grand talent.
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Si on regrette une légère propension à vouloir boucler explicitement tous les fils du récit, on est impressionné par le talent de Nichols à atteindre un maximum d’intensité avec un minimum de moyens et à fondre ensemble film-catastrophe, portrait familial et chronique ouvrière.
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Reste tout de même, l'interprétation magistrale de Michael Shannon, acteur cabossé et magnifique qui assure de bout en bout.