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Une jeune femme peine à se remettre de l’infidélité de son petit ami. Pour son premier long métrage de cinéaste, Hafsia Herzi a choisi un sujet a priori usé jusqu’à la corde. Mais il faut toujours se méfier des apparences... Découverte à la Semaine de la critique, l’histoire se vit intensément au rythme des montagnes russes émotionnelles de son héroïne, incapable de faire le deuil de cet amant toxique et prête à tous les subterfuges, surtout les plus iconoclastes (faire appel à un marabout... ami de Carla Bruni !), pour que ce serial lover revienne. Entre rage, désespoir et éclats de rire salvateurs. Tu mérites un amourn’a aucune autre prétention que cette justesse-là des sentiments. Hafsia Herzi se montre à la hauteur de cette sacrée belle ambition. À la manière de son mentor Abdellatif Kechiche, elle laisse la vie – d’autant plus naturelle qu’elle y est recréée sans jamais rien laisser paraître – envahir l’écran. Elle fait la part belle à la tchatche et peuple son histoire de seconds rôles tous parfaits. Grande gueule extravertie (Djanis Bouzyani, une révélation) ou petite boule de sensibilité introvertie (Anthony Bajon), ils donnent à ce récit les couleurs de l’arc-en-ciel et ses ruptures de rythme qui le rendent si attachant. Mais elle a surtout eu la belle idée de s’offrir le rôle central de son film. Car sa réalisation ressemble à sa manière de jouer, à cette façon de ne jamais surgir où on l’attend avec une liberté qui rend le champ des possibles infini. Sa joie de jouer et de filmer traverse l’écran.