Andrew Niccol commente sa filmographie : de Bienvenue à Gattaca à Good Kill

le 22/04/2015 à 16:02 par La rédaction

Andrew Niccol commente sa filmographie : de Bienvenue à Gattaca à Good Kill

Simone (2002)

Un producteur remplace la star de son film par une actrice en image de synthèse que tout le monde prend pour une vraie personne."Une actrice numérique, c?est le rêve de tout metteur en scène. J?ai tendance à ne pas trop analyser ce que je fais de peur de ne pas être capable de continuer. John Lennon avait une phrase fantastique pour le dire : "Si vous pouvez mettre le doigt dessus, vous pouvez le dégager". Comme souvent dans mes histoires, le personnage est seul contre tous. Il a besoin de trouver une façon de regagner le contrôle de sa vie. Il ne sait même pas que le monde est contre lui. Là encore, je n?avais pas beaucoup d?argent. Le bon côté, c?est qu?on ne risque pas d?en perdre beaucoup. On peut continuer à travailler. C?est seulement quand quelqu?un perd sa chemise qu?on est puni. Et l?économie vous oblige à être plus inventif."

Le terminal, réalisé par Steven Spielberg (2004)

Bloqué à l?aéroport JFK, un immigrant s?installe dans ce no man?s land dont il finit par s?accommoder."Un autre prisonnier du paradis. La raison pour laquelle je n?ai pas voulu mettre en scène cette histoire, c?est que j?ai trouvé qu?elle était trop proche de Truman Show, même si je l?aurais fait différemment. Mais bien sûr, j?aimerais mettre en scène tous mes scénarios."

Lord of War (2005)

Un marchand d?armes se pose des questions lorsqu?il est le sujet d'enquête d'un un agent d?Interpol."Le film est légèrement stylisé, mais seulement parce que le monde des marchands d?armes est le théâtre de l?absurde. Aujourd?hui, Daesh est un rêve pour marchands d?armes. Nous les avons armés, par le biais de la CIA, parce qu?ils étaient sensés combattre pour leur liberté en Syrie contre Assad. Ils ont changé de nom, se sont appelés Daesh, et ils ont emporté leurs armes, ainsi que des armes irakiennes valant des milliards de dollars. Maintenant, nous détruisons ces armes à coup de missiles tomahawk, à 1,5 million de dollars pièce. Les fabricants savent qu?il faut les remplacer, de même que les fabricants de humvees. En fin de compte, les seuls qui profitent sont les marchands d?armes, à l?abri dans leurs maisons. Ce personnage était fascinant pour moi. Je crois que Kurosawa l?a dit dans le titre d?un de ses films : "Plus vous êtes méchant, mieux vous dormez". J?adore avoir affaire à quelqu?un qui n?est pas entravé par une conscience morale normale. Il ne se voit pas comme quelqu?un de mauvais. Il constate que l?humanité est violente par nature. Lui-même n?est pas violent. Mais si vous voulez faire la guerre, il sera ravi de vous aider. Il a trouvé sa niche dans la violence de l?homme. Platon a dit "Seuls les morts verront la fin de la guerre". Il n?y a jamais eu de période de paix soutenue dans l?histoire de l?humanité. On aura toujours besoin d?armes comme on a besoin de coiffeur pour se couper les cheveux."

Les Âmes Vagabondes (2013)

L?humanité est menacée par une entité qui prend possession des corps et efface les mémoires."Le seul de mes films que je n?ai pas écrit. C?est très compliqué. J?adore l?idée de Stephanie Meyers de coexistence avec un être extraterrestre et ce que ça implique. Le problème, c?est que je n?avais pas la liberté de changer de direction comme à l?intérieur d?une de me propres histoires. Lorsque vous adaptez un livre, vous devez lui être fidèle. J?avais des menottes."

Andrew Niccol commente sa filmographie

Bienvenue à Gattaca (1997)

Un individu génétiquement inférieur prend l?identité d?un autre afin de réaliser son rêve de voyager dans l?espace."C?est comme avec les drones (de Good Kill) : on peut les utiliser sagement ou non. Il y a la même sorte d?ambiguité intéressante. L?ingénierie génétique peut guérir de terribles maladies, mais à un moment donné, on traverse une ligne quand on dit "Je veux que cette personne mesure 1m90 et ait les yeux bleus". La santé et le perfectionnement sont deux choses différentes, mais ce n?est pas nécessairement une question de bien ou de mal. La SF est le cheval de troie de la narration. Les gens ne voient pas les idées qui sont dedans tant qu?ils sont divertis. Ils ne se disent pas "cette histoire parle de moi". Même si c?est le cas. Visuellement, j?ai tourné à l?économie. Je n?avais pas d?argent, et je n?en ai jamais eu beaucoup. Je ne pouvais pas construire le futur, donc j?ai utilisé pas mal de choses du passé, comme les DS, qui sont des voitures futuristes. A un autre moment, il était question de faire une synthèse des personnages de Ethan Hawke et de Jude Law. On avait besoin d?une tablette informatique la plus sophistiquée possible. J?ai préféré utiliser quelque chose de plus poétique. Tony Shaloub, l?opérateur, entre avec des échantillons de sang dans une sacoche en cuir. C?est plus beau et tangible que s?il était entré avec une tablette. Mais il était entendu qu?il n?y aurait pas de Hoverscooters ni de clichés de SF."

Truman Show, réalisé par Peter Weir (1998)

Un vendeur d?assurances se rend compte qu?il est le sujet d?une émission télévisée depuis sa naissance."Quand je l?ai écrit, il n?y avait pas de reality shows. Et le temps que le film sorte, la première émission est apparue, intitulée The real world. On peut d?ailleurs arguer que les reality shows n?existent toujours pas, parce qu?à partir du moment où il y a une caméra, les gens jouent, et ce n?est plus la réalité. Encore aujourd?hui, je suis toujours surpris qu?un studio ait produit Truman Show parce que le vrai méchant est le public. Les spectateurs espèrent que le personnage s?échappe, mais ils exigent aussi de le voir le lendemain. Ce n?est pas un accident à la fin si à la fin, ils disent "Qu?est-ce qu?il y a d?autre à voir ?"."

Qu’il écrive, qu’il réalise, ou qu'il fasse les deux, le cinéaste Andrew Niccol trouve toujours des sujets qui interpellent, qui font réfléchir, ainsi que des astuces pour les illustrer avec une grande économie de moyens. Revue partielle, à l'occasion de la sortie ce mercredi de sa nouvelle oeuvre, Good Kill avec Ethan Hawke et January Jones, pour lequel il nous a également accordé une interview exclusive.