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Deneuve superstar : retour sur une carrière d’exception

Peau d'âne

<strong>Peau d?âne ? Jacques Demy (1970)</strong>Après Les Parapluies de Cherbourg, <strong>Jacques Demy </strong>commence une collaboration fructueuse avec Deneuve, qui devient l?une de ses muses. Il y aura bien sûr Les Demoiselles de Rochefort, avec sa s?ur Françoise, l?un des plus beaux films du cinéma français. En 1970, <strong>Demy</strong> l?a fait incarner Peau d?âne, d?après le conte de Charles Perrault. Le choix est idéal : <strong>Deneuve</strong> est alors considérée comme une beauté parfaite, digne d?une princesse. Mais aussi parce que l?actrice joue sur l?ambiguïté de son image : après des rôles qui mettaient en avant sa sexualité (Belle de Jour, La Sirène du Mississippi), elle joue dans Peau d?âne une jeune femme ingénue dans cette troublante histoire d?inceste. Le film est un régal : ironique, malicieux, avec des chansons savoureuses signées<strong> Michel Legrand</strong>.Un extrait à l?image du film : complètement halluciné !

Belle de Jour

<strong>Belle de Jour ? Luis Bunuel (1967)</strong>C?est probablement son rôle le plus marquant. En tournant avec <strong>Luis Bunuel</strong>, <strong>Deneuve</strong> devient une icône, un véritable <em>sex symbol</em>. Mais à la différence d?une <strong>Brigitte Bardot</strong>, dont la sensualité est affichée, revendiquée, débordante, <strong>Deneuve</strong> est l?incarnation de la beauté froide,distante, désirable mais inaccessible. L?actrice y incarne Séverine, une jeune bourgeoise menant une vie parfaitement rangée aux côtés d?un mari idéal, mais qui ressent le besoin d?échapper à cette vie rangée et calibrée en se prostituant. Le film, Lion d?Or au festival de Venise, se révèle incroyablement audacieux en abordant le thème de la sexualité sous un angle tout à fait subversif : la femme a des frustrations, des fantasmes sexuels et ne demande qu?à les assouvir. Quarante ans plus tard, le film est toujours aussi percutant.

Je veux voir

<strong>Je veux voir ? Khalil Joreige et Joana Hadjithomas (2008)</strong>Désormais, <strong>Catherine Deneuve</strong> n?a plus rien à prouver. Et pourtant, elle continue de s?investir dans des projets atypiques et ambitieux. C?est le cas de Je veux voir, entre fiction et documentaire, sur la guerre qui a ravagé le Liban en 2006. Les deux réalisateurs souhaitent réaliser un film qui puisse montrer la vérité sur la situation dans le pays. Dans un monde où le flux d?informations est ininterrompu, les images les plus folles qui apparaissent à nos yeux ne signifient plus rien. Je veux voir, c?est la recherche d?un cinéma-vérité, la volonté de redonner un sens aux choses qui nous entourent. Dans cette démarche cinématographique, les deux réalisateurs sont à la recherche d?une actrice qui puisse incarner à elle seule le cinéma, et qui se rende sur place pour <em>voir</em> la réalité de la guerre. Une expérience vibrante et passionnante.

Le Dernier Métro

<strong>Le Dernier Métro ? François Truffaut (1980)</strong><strong>François Truffaut</strong> retrouve <strong>Catherine Deneuve</strong> après La Sirène du Mississippi (1969), qui curieusement n?avait pas trouvé son public. Cette fois, c?est la consécration : Le Dernier Métro est un triomphe critique et public, le plus grand succès de <strong>Truffaut</strong>. Le film reçoit dix César,dont celui de la meilleure actrice pour <strong>Deneuve</strong>. Son premier. Elle forme dans le film un couple mythique avec <strong>Gérard Depardieu</strong>. L?histoire se déroule pendant l?Occupation : Marion Steiner (<strong>Deneuve</strong>) continue de faire vivre son théâtre parisien, malgré la présence des nazis. Elle est contrainte de cacher son mari, juif, dans le théâtre. La comédienne passionnée va contre toute attente s?éprendre de son partenaire de scène, séducteur invétéré et engagé dans la résistance. Le film connaît un succès international (nomination à l?Oscar en 1981).

Les Prédateurs

<strong>Les Prédateurs ? Tony Scott (1983)</strong>En 1983, <strong>Tony Scott</strong> réalise Les Prédateurs, son premier long-métrage. Le film est un échec commercial, mais a pourtant acquis au fil des années un statut de film culte. Les Prédateurs se réapproprie le mythe du vampire à la sauce années 80, brasse les influences ? entre rock, gothique et glamour ? à l?image de son casting : <strong>Catherine Deneuve</strong>, <strong>David Bowie</strong> et <strong>Susan Sarandon</strong>. <strong>Deneuve</strong>, alors égérie d?Yves Saint-Laurent, prend le risque d?incarner avec <strong>Bowie</strong> un couple de vampires immortels ! Un rôle pour le moins inattendu, mais le choix de <strong>Tony Scott</strong> se révèle particulièrement judicieux. Au-delà du fait que l?actrice ait la beauté de l?immortalité,<strong> Deneuve</strong> exprime ce qui a toujours fait son ambivalence : elle est à la fois icône glamour sophistiquée et fantasme sexuel. Si le film est difficilement trouvable (encore non édité en dvd), la scène du baiser entre <strong>Deneuve</strong> et <strong>Sarandon</strong> est une vidéo qui cartonne sur <strong>Youtube</strong> !<strong>Bientôt un remake des Prédateurs </strong>

Place Vendôme

<strong>Place Vendôme ? Nicole Garcia (1998)</strong>Toujours audacieuse dans ses choix, elle incarne une alcoolique pour les besoins du film de <strong>Nicole Garcia</strong>, histoire d?un trafic de pierres précieuses derrières les façades chics de la place Vendôme. Un rôle qui s?oppose à l?image sophistiquée que peut donner l?actrice d?elle-même. A peine maquillée, pleinement investie par son rôle, elle surprend. Si Place Vendôme n?est pas forcément à la hauteur de toutes ses ambitions, la critique loue la prestation de <strong>Deneuve</strong>, avec une nouvelle nomination au César. Pourtant, c?est sur les festivals internationaux qu?elle reçoit une récompense : l?édition 98 du festival de Venise lui remet la coupe Volpi de la meilleure actrice. Une année faste, puisqu?elle reçoit dans le même temps un Ours d?Or d?honneur à Berlin qui récompense l?ensemble de sa carrière.

Indochine

<strong>Indochine ? Régis Wargnier (1992)</strong><strong> </strong>En 1992, <strong>Régis Wargnier</strong> lui offre le premier rôle d?Indochine, une grande fresque romantique d?ambition hollywoodienne, sur fond de guerre en Indochine. Une superproduction à la française, dans laquelle on retrouve autour de <strong>Deneuve</strong> <strong>Jean Yanne</strong>, <strong>Vincent Perez</strong> et <strong>Dominique Blanc</strong>. Le film est un grand succès populaire : plus de 3 millions d?entrées pour un film de 2h40. Pour ce rôle de femme forte et passionnée, <strong>Deneuve</strong> est couronnée meilleure actrice en recevant son deuxième César après Le Dernier Métro. Indochine assoit son prestige international : le film est multi récompensé à l?étranger (Golden Globe, Oscar), et l?actrice décroche à titre personnel une nomination pour l?Oscar de la meilleure actrice. <strong>Wargnier</strong> la retrouvera quelques années plus tard dans Est/Ouest.

8 femmes

<strong>8 Femmes ? François Ozon (2002)</strong>Alors que dans les années 2000 apparaît une nouvelle génération de cinéastes français, c?est l?un des plus talentueux d?entre eux qui fait tourner l?actrice : <strong>François Ozon</strong> la choisit pour être l?une de ses 8 Femmes dans cette comédie chantée et décalée à la distribution étincelante. <strong>Ozon</strong> signe son plus gros succès public, un succès qui permet à <strong>Deneuve</strong> de toucher un plus large public et d?acquérir une certaine notoriété auprès d?une nouvelle génération de cinéphiles. C?est également un retour à la comédie pour l?actrice. Car si ses rôles dans ce registre sont moins nombreux, il n?empêche qu?elle s?y est illustrée à plusieurs reprises, notamment chez <strong>Jean-Paul Rappeneau</strong> (La vie de château, Le Sauvage). Dans 8 Femmes, elle est une bourgeoise hautaine en manque d?autorité, pas avare en répliques vachardes ! Comme ses partenaires, elle pousse la chansonnette : <strong>Deneuve, la potiche de François Ozon </strong>

Répulsion

<strong>Répulsion ? Roman Polanski (1966)</strong>Après le succès éclatant des Parapluies de Cherbourg ? le film reçoit la Palme d?Or en 1964 ? <strong>Catherine Deneuve</strong> connaît une notoriété soudaine et son rôle de jeune fille blonde romantique lui colle à la peau. Pour casser cette image trop sage, l?actrice tourne avec <strong>Roman Polanski</strong> dans Répulsion, huis clos dans lequel elle incarne une jeune fille introvertie et schizophrène. Le film est un chef d??uvre : l?atmosphère y est terrifiante, <strong>Polanski</strong> maîtrisant parfaitement les codes de l?épouvante « classe ». Aucun effet choc, le film s?attachant à des détails qui rendent l?ambiance oppressante : image noir et blanc, travail sur le son, tension crescendo? L?interprétation de <strong>Deneuve</strong> est magistrale, à la limite de l?autisme. Une référence en matière de huis clos psychologique.

Hôtel des Amériques

<strong>Hôtel des Amériques ? André Téchiné (1981)</strong>Hôtel des Amériques joue un rôle fondamental dans la poursuite de sa carrière. Sa rencontre avec <strong>André Téchiné</strong> va donner à sa carrière une nouvelle impulsion. Car <strong>Deneuve</strong> n?a pas le même parcours que les autres actrices de l?époque, comme <strong>Bernadette Lafont</strong> ou <strong>Anna Karina</strong>: elle n?est pas comme ces dernières une icône de la Nouvelle Vague (elle ne tourne ni avec <strong>Godard</strong>, ni avec <strong>Chabrol</strong>). En revanche, elle survit à cette période, alors que d?autres tombent dans l?oubli. Elle entame avec Hôtel des Amériques un long cycle de collaborations avec <strong>André Téchiné</strong> (jusqu?à La Fille du RER cette année), qui lui offre de très beaux rôles de femmes mûres, à la fois fortes et vulnérables. Elle forme avec <strong>Patrick Dewaere</strong> le couple magnifique d?Hôtel des Amériques, histoire d?amour impossible, condamnée à l?autodestruction.

C’est sans doute l’une des dernières grandes stars de cinéma. Non pas que les actrices d’aujourd’hui soient moins talentueuses, mais parce que Catherine Deneuve appartient à cette catégorie d’actrices dont l’image dépasse le cinéma. Icône glamour, symbole de l’élégance française, beauté intemporelle. Rares sont celles qui ont su aussi bien incarner l’alliance du talent et de la beauté. L’actrice a commencé sa carrière en enchaînant les chefs d’œuvre à une vitesse folle, et a traversé les décennies sans que son prestige en soit terni. C’est peut-être en cela que Deneuve est une immense actrice : alors que la tyrannie du jeunisme règne en maître, que l’on fabrique des stars jetables, l’ancienne égérie d’Yves Saint-Laurent dure. 66 ans cette année, l’actrice fait preuve d’une incroyable longévité, tourne beaucoup, continuant d’intéresser aussi bien les grands cinéastes (Téchiné, De Oliveira) que la nouvelle génération (François Ozon, Gaël Morel). Affichant une filmographie impressionnante – qui peut prétendre mieux, si ce n’est Jeanne Moreau ? – l’aura de notre belle de jour nationale dépasse largement l’Hexagone, et reste l’une des plus grandes ambassadrices de notre cinéma à l’étranger. A l’occasion de la sortie de Mères et filles, dans lequel l’actrice partage l’affiche avec Marina Hands et Marie-Josée Croze, retour sur sa carrière à travers dix rôles marquants. Une approche forcément lacunaire, mais qui témoigne de la richesse de sa filmographie.Par Etienne Bouche