Jérémy Clapin illumine le festival d'Annecy avec un premier film stupéfiant de virtuosité et d’humanité.
C’est un film d’une puissance formelle et narrative rare. À l’instar des films d’animation japonais pour adultes, J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin n’hésite pas à se frotter au mélo, genre le plus dur qui soit, et à y injecter une dose d’onirisme, ingrédient sensible à ne pas mettre entre toutes les mains.
Tout commence par une main, d’ailleurs. Une main, oui, détachée de son poignet, autonome, qui s’échappe d’un laboratoire pour entamer un périple palpitant à travers la ville pleine d’embûches. Licence poétique, bien sûr, pour illustrer en parallèle la vie dramatique de Naoufel, jeune homme sur lequel le sort s’acharne depuis sa naissance et qui, malgré tout, n’a pas perdu tout espoir de se reconstruire.
Jérémy Clapin en interview : "Il y a un monde, dans une main"Entre passé et présent (plus ou moins proche), J’ai perdu mon corps joue avec les temporalités et les tonalités sans jamais perdre le spectateur : tout y est simple et complexe, tendre et abrupt, comme la vie. « Une fois que t’as dribblé le destin, tu fais quoi ? », demande la jeune fille dont est amoureux Naoufel, incapable de répondre.
Mais ce qui frappe le plus dans ce premier long métrage, outre sa justesse narrative, c’est son insolente maîtrise plastique. Le rendu numérique est parfait, doux et “senti” comme du dessin ; l’animation, d’une fluidité exemplaire. Le sens du cadrage et du montage de Jérémy Clapin frôle quant à lui la perfection au point qu’il n’est pas interdit de voir en lui le prochain très grand styliste français.
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