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Ad Vitam

Un prof accusé de harcèlement par une de ses élèves. En partant d’une histoire personnelle, Lussi-Modeste signe un film passionnant de nuances et de complexité.

En ce mardi soir, Canal + diffuse Pas de vagues, avec François Civil. Un film qui a eu une mauvaise publicité malgré lui, mais qui mérite pourtant d'être vu. Voici la critique de Première, qui le remet dans le contexte particulier de sa sortie en salles, en mars dernier.

Pas simple de débarquer en salles avec un vent contraire surtout de manière aussi injuste ! En février, la bande- annonce de Pas de vagues a enflammé le net, ses contempteurs reprochant, à sa vision, au film… tout ce qu’il n’est pas : le portrait à charge, sans nuance, d’une collégienne semblant accuser à tort de harcèlement son professeur dont l’autorité suffirait à ce que l’on croit lui et pas elle. Comme un geste provocateur sur un sujet de société brûlant.

Or, dans ce scénario co-écrit avec Audrey Diwan, Teddy Lussi-Modeste (Jimmy Rivière) cherche justement l’inverse : raconter la complexité de situations trop souvent racontées de manière manichéenne. Un geste d’autant plus fort et résilient qu’il s’est lui-même retrouvé dans cette situation comme enseignant à Aubervilliers (en en étant blanchi). Car plus que la vérité sur ce qui s’est réellement passé, Pas de vagues insiste sur la notion de perception des choses. Il montre par exemple comment la jeune Leslie a réellement cru à ce harcèlement parce qu’à trop vouloir être proche de ses élèves et cool, son prof (François Civil, remarquable) a créé - involontairement - de la compétition entre eux et le sentiment d’en délaisser certains quand il en préfère d’autres. Et ce tout en décrivant comment sa hiérarchie va abandonner ce dernier par peur du quand dira t’on.

Dans notre monde dopé aux faits divers où toute tentative parole équilibrée est balayée par la course au buzz, Pas de vagues apporte un contrepoids essentiel. Ne vous fiez pas aux rumeurs, plongez au cœur de la complexité qu’il propose.

Bande-annonce :