"Une fois que les dés sont jetés, il faut faire avec."
Alors que son ami Francis Ford Coppola a récemment livré un énième (et dernier ?) montage d’Apocalypse Now, qui était d’ailleurs présenté à Lyon dimanche en clôture du Festival Lumière, Martin Scorsese, lui, s’est toujours refusé à sortir des versions longues de ses films. Le fameux montage de 4h du Loup de Wall Street, qui avait été montré lors de projections test d’après la célèbre monteuse Thelma Schoonmaker, ne devrait ainsi jamais voir le jour. A l’occasion d’un entretien accordé à Entertainment Weekly, le réalisateur de The Irishman a expliqué en détail sa position sur le sujet.
"Le director’s cut, c’est le film qui est sorti", tranche Scorsese. "Sauf si le réalisateur s’est fait déposséder du montage final par les financiers et le studio. Un réalisateur prend des décisions basées sur ce qu’il traversait à ce moment-là. On peut avoir des problèmes d’argent, quelqu’un peut mourir pendant le tournage, il y a un changement de direction dans le studio et le nouveau déteste le film. Parfois, on se dit : ‘si je pouvais revenir en arrière et tout recommencer’. Toutes ces choses arrivent. Mais je pense vraiment qu’une fois que les dés sont jetés, il faut faire avec et se dire ‘c’est le film que j’ai fait dans ces circonstances".
Martin Scorsese continue sa croisade contre le cinéma de divertissementEvidemment, tout les cinéastes n’ont pas la chance (ou le talent, ou le pouvoir) d’avoir le dernier mot sur chacun de leur film. Et Marty reconnait la pertinence de certains director's cut, comme celui de Pat Garrett et Billy the Kid, ressorti en 2005. En 1973, Sam Peckinpah, qui avait pourtant révolutionné le western quelques années plus tôt avec La Horde Sauvage (1969), avait vu son film charcuté par le studio.
“On aurait adore voir des version longues de certains films dont des scènes avaient été coupées dans le passé. J’ai vu la version longue (de Pat Garrett et Billy the Kid) quelques jours avant la sortie et elle durait environ 2h20. Et puis MGM a sorti leur version qui faisait 90 minutes. On a tous dit, ‘oh non, c’était un chef d’œuvre’, et on espérait qu’elle puisse être sauvée. Le monteur en a gardé une copie et la version qu’on peut voir aujourd’hui est celle qu’on a vu lors de cette projection. Ca, c’est un director’s cut. Et si le monteur avait dit qu’il y avait encore 20 minutes que Peckinpah voulait garder, j’aurai adoré les voir. Donc je comprends pourquoi le public a envie d’être diverti 20 minutes de plus dans ce monde."
Une chose est sûre, donc, la version de The Irishman, qui sera le plus long film de la carrière de Scorsese (3h29), qu’on pourra découvrir le 27 novembre sur Netflix sera bien un director’s cut.
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