Affiches Films à l'affiche mercredi 25 octobre 2023
Pathé/ Le Pacte/ StudioCanal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
SECOND TOUR ★★☆☆☆

De Albert Dupontel

L’essentiel

Albert Dupontel prend le pouls de la France de Macron et de BFM TV dans une fable politique qui ne retrouve pas la virtuosité cartoon d’Adieu les cons.

Après Adieu les cons, qui marquait pour lui une forme d’aboutissement artistique, Albert Dupontel revient avec une nouvelle fable speedée et sentimentale. Une traversée en roue libre de la France déprimée et éco-anxieuse des années 2020. Il y est question d’un candidat à la présidentielle (Dupontel lui-même), qui cache, sous ses allures de banquier robotique à la Macron, des secrets explosifs sur lesquels enquête la journaliste d’une chaîne d’infos en continu (Cécile de France). L’intrigue ressemble à un mix entre deux fables politiques de la fin des seventies, La Gueule de l’autre et Bienvenue Mister Chance. Armé de ces influences, à la fois poétiques et déconnantes, Dupontel entend opposer son idéalisme rêveur au cynisme de l’époque. Mais son discours utopique se perd dans les méandres d’un récit moins rocambolesque que laborieux.

Frédéric Foubert

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DEMENAGEMENT ★★★★☆

De Shinji Sômai

Trente ans après sa découverte à Un Certain Regard à Cannes, Déménagement sort enfin dans les salles françaises. Preuve de la qualité supérieure de l’ouvrage, le temps n’a eu aucune prise sur lui. Mieux, cette actualité - même différée - renforce son statut d’œuvre essentielle et totalement synchrone. Ce dixième long métrage du japonais Shinji Sômai, décédé d’un cancer du poumon en 2001, est le récit d’un divorce vu à travers les yeux d’une enfant de 11 ans soudain ballottée entre deux foyers. La mise en scène qui opère principalement par plan séquence, parvient à traduire une tension à la fois psychologique et physique. Et dans la dernière partie, dans une formidable mise en abîme du regard, le film touche carrément au sublime. Il est plus que temps de découvrir Shinji Sômai. 

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A AIME

THE OLD OAK, NOTRE PUB ★★★☆☆

De Ken Loach

Ken Loach remonte le temps jusqu’en 2016 dans une ex- cité minière gangrénée par un chômage massif où l’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans une population de plus en plus paupérisée. Et il fait du pub local et de son patron, tendre et usé, via son amitié avec une Syrienne férue de photographie la colonne vertébrale de son nouveau film qui vous serre le cœur. A 87 ans, Loach ne désarme pas. Il a chevillé au coeur la certitude que l’humanisme des uns finira par triompher des saloperies fomentées par les autres, ceux qui cherchent en l’étranger le bouc- émissaire de leurs malheurs. Cette utopie pourrait paraître fabriquée et naïve. Mais chez Loach, du fait de tout son parcours, elle vous emporte par sa profonde sincérité et se révèle l’antidote idéale aux passions tristes qui minent notre époque.

Thierry Cheze

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LE SYNDROME DES AMOURS PASSEES ★★★☆☆

De Ann Sirot et Raphaël Balboni

Après avoir tout essayé pour faire un enfant, Rémy et Sandra se tournent vers un nouveau docteur qui leur diagnostique le poétique « syndrome des amours passées ». Il leur faudra donc coucher avec tous leurs ex respectifs pour espérer devenir parents. Sur ce postulat absurde et déjanté, le jeune couple embrasse différentes remises en question contemporaines de l’amour : pourquoi ce désir d’enfant ? pourquoi le nombre d’ex de Sandra embarrasse Rémy ? Pourquoi est-elle gênée à son tour lorsqu’il se lance pleinement dans la mission ? Le nouveau long métrage des réalisateurs  d’Une vie démente interroge pertinemment là où en sont les relations amoureuses hétéronormées. Il remet en question à peu près toutes les certitudes qu’avaient le couple au départ, et bouleverse par la tendresse avec laquelle il conduit ses personnages à concevoir l’amour différemment.

Nicolas Moreno

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SISSI & MOI ★★★☆☆

De Frauke Finsterwalder

70 ans après le film qui lança Romy Schneider, Sissi, continue à inspirer les cinéastes. Après Corsage porté par Vicky Krieps, Frauke Finsterwalder entreprend de dépoussiérer l’image de la jeune monarque obéissante, tant par la forme (les anachronismes musicaux façon Marie- Antoinette) que sur le fond en se concentrant sur la dernière partie de sa vie et sa relation singulière en mode domination- soumission avec son ultime dame de compagnie. Comme Corsage, Sissi & Moi s’appuie sur la qualité de son interprétation, à commencer par le duo formé par Susanne Wolff (Styx) et Sandra Hüller. Mais le portrait de cette Sissi, aussi capricieuse que traumatisée par les exigences de ses fonctions et fuyant la compagnie masculine pour vivre entourée de femmes séduit aussi par la qualité de son écriture, jouant entre pure fiction et faits historiques pour délivrer un manifeste féministe riche d’ambiguïtés.

Thierry Cheze

KATAK, LE BRAVE BELUGA ★★★☆☆

De Christine Dallaire- Dupont et Nicola Lemay

C’est une fable animée classique (un jeune béluga est moqué pour sa différence physique et doit prouver qu’il est comme les autres, etc.), avec sa team de sympathiques animaux parlant (mention spéciale à Cyrano l’hippocampe)… Tout cela est bel et bon (et nous vient du Canada), mais qu’est-ce qui fait sortir Katak du lot ? Sûrement sa façon très juste de désamorcer la violence, en montrant qu’elle est aussi question d’héritage : le conflit entre les bélugas et les orques (les mammifères marins, pas la chair à canon de Sauron) qui sous-tend le film n’est que la reproduction des batailles des parents. Katak, le brave béluga explique que c’est à la nouvelle génération de tenter de casser le cycle. Et c’est ainsi que dans l’océan infini des films animés pour enfants, Katak devient remarquable.

Sylvestre Picard

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PREMIERE A MOYENNEMENT AIME

SAW X ★★☆☆☆

De Kevin Greutert

Bon, on en était où dans la saga Saw ? Pas besoin de réviser pour le dixième film puisqu’il se glisse chronologiquement entre le premier et le deuxième. Pourquoi ? Mais pour refaire un Saw à l’ancienne, voyons, où Jigsaw torture des gens qui le méritent vaguement dans des pièges réellement complètement tordus (ce n’est pas nécessairement un compliment : on nage en plein délire). Le film achève de faire du serial killer une sorte de super vigilante et demande à son public de se mettre de son côté afin de profiter (pas d’autre mot) au mieux de ce Fort Boyard du torture porn. Ça ne va pas chercher bien loin, et, ma foi, il suffirait de pas grand-chose pour que Saw X devienne un authentique bon film d’horreur. Tailler dans le gras de ce film bien long (trente minutes d’exposition !) serait déjà un début.

Sylvestre Picard

THE POD GENERATION ★★☆☆☆

De Sophie Barthes

À l’heure où le débat sur les dérives de l’intelligence artificielle bat son plein, Sophie Barthes décide de pousser la réflexion à son paroxysme : les avancées technologiques sont-elles synonymes de destruction de l’ordre naturel ? Dans un futur (très) proche où numérisation et marchandisation excessives sont de mise, ce conflit moral est incarné par un couple, Rachel et Alvy, dont l’avis diverge alors qu’ils optent pour une grossesse artificielle extra-utérine dans un POD, une sorte d’œuf interactif. Mais les répercussions imperceptibles de cette « commercialisation d’utérus » nous laissent de marbre et, accentué par une mise en scène lisse au possible, le tout manque cruellement de saveur... Au point que le spectateur s’en retrouve lui-même déshumanisé. Mais peut-être était-ce le but ?

Lucie Chiquer

CHAMBRE 999 ★★☆☆☆

De Lubna Playoust

L’arbre jadis debout est désormais couché. Cet arbre, Wim Wenders le filmait il y a quarante ans sur le bord d’une autoroute qui le menait au Festival de Cannes. Il l’avait placé en préambule de son documentaire, Chambre 666, qui s’interrogeait sur l’avenir du cinéma. Godard, Spielberg, Antonioni… s’étaient placés, seuls, devant l’objectif pour tenter d’y répondre. 1982 – 2022, Lubna Playoust reprend le flambeau avec Chambre 999. L’arbre en préambule a donc été déracinée, métaphorisant un déclin. Wim Wenders est le premier à passer à confesse, abattu comme le tronc, (de mémoire) : « le numérique a remplacé le celluloïd et détruit une partie de l’âme de cet art… » Suivent Audrey Diwan, David Cronenberg, Olivier Assayas, ou encore… Kirill Serebrennikov. Le russe, muet, se déshabille et gesticule comme une marionnette au milieu de la suite. L’avenir du cinéma appartient à celles et ceux qui ne se posent pas la question.

Thomas Baurez

UN PONT AU- DESSUS DE L’OCEAN ★★☆☆☆

De Francis Fourcon

Deux cultures autochtones face à face. L’une imprègne les plaines osages d’Oklahoma. L’autre, les pics d’Occitanie. Deux femmes, Isabelle (l’occitane chez les Osages) et Chelsea (l’Osage chez les occitans), posées en terre opposée, racontent leurs rites. On se balade avec elles dans les paysages mordorés, l’histoire de ces deux contrées, étonnamment reliées et leur combat pour préserver leur langue. Mais la réalisation reste trop classique, avec une accumulation de face caméra pédago et statiques.

Estelle Aubin

ANNEES EN PARENTHESES ★★☆☆☆

De Hejer Charf

Il y a trois ans, le Covid-19 bousculait nos vies. Les ébranlait plutôt. La réalisatrice canadienne Hejer Charf, confinée à Montréal, a rassemblé des témoignages (plus d’une cinquantaine), images, sons, voix, âges, paysages, objets de ces deux « années entre parenthèses ». En ressort un patchwork inédit, politique, prolifique, venu d’ici et d’ailleurs. Mélancolique aussi. Un regard dans le rétro nécessaire et ultra-poétique, mais qui se heurte à une mise en scène bien trop convenue.

Estelle Aubin

 

PREMIERE N’A PAS AIME

3 JOURS MAX *

En 2024, la bande à Fifi fêtera ses 10 ans de succès non- stop depuis Babysitting. Et on ne voit pas comment cette suite de 30 jours max - et troisième réalisation de Tarek Boudali - viendrait interrompre cette série. Il y retrouve son personnage de policier maladroit qui a ici trois jours pour libérer sa grand- mère kidnappée par un cartel mexicain, avec un désir évident d’en mettre plein la vue. Mais cette obsession de l’efficacité se fait au détriment de la comédie, où il préfère dupliquer ad nauseam certains gags, certain de leurs effets, plutôt que d’en inventer d’autres. Bilan : on se lasse vite des vannes autour de David Guetta, du personnage de Chantal Ladesou en quête de maris subclaquants pour hériter de leur fortune et des gaffes de son personnage de flic, au fil de gags toujours construits de la même manière donc éventés. Et on s’ennuie ferme devant aussi peu d’audace.

Thierry Cheze

LE VOURDALAK ★☆☆☆☆

De Adrien Beau

Dans les abîmes d’une forêt, un marquis trouve refuge chez une famille vivant sous le joug de son patriarche, Gorcha, devenu créature vampirique. Adaptation de la nouvelle d’Alexis Tolstoï, certains trouveront un charme à cette ambiance crépusculaire. Mais les performances désuètes et les costumes discordants rendent le film risible, et la théâtralité accrue laisse rapidement place au malaise...

Lucie Chiquer

 

Et aussi

Marin des montagnes, de Karim Aïnouz

 

Les reprises

The Apointment, de Lindsay C. Vickers

Faux- semblants, de David Cronenberg

Kuroneko, de Kaneto Shindo

Onibaba, de Kaneto Shindo

Les Sœurs Munakata, de Yasujiro Ozu

Une femme dans le vent, de Yasujiro Ozu

Zombie, de George A. Romero