Oscars 2014 : quelles sont les chances de Capitaine Phillips ?

Ça raconte quoi ? L’histoire vraie de la prise d’otages d’un navire de marine marchande par des pirates somaliens en 2009. La lutte pour sa survie et celle de ses hommes du capitaine Richard Phillips, et la relation qu’il instaure avec le chef des pirates sont le nœud de cette reconstitution minutieuse des événements, dont Greengrass a choisi de faire un thriller archi-tendu plutôt qu’un grand film catastrophe.

C’est avec qui ? L’impérial Tom Hanks qui rappelle, dans le costume du capitaine du navire, qu’il est l’un des plus grands acteurs de sa génération. S’il ne vous fait pas chialer lors de la scène finale, allez consulter. Face à lui, une troupe de jeunes acteurs américano-somaliens emmenée par l’incroyable Barkhad Abdi.

Nominations : 6. Meilleur film, meilleur acteur dans un second rôle pour Barkhad Abdi, meilleur scénario adapté (Billy Ray), meilleur montage (Christopher Rouse), meilleur montage son (Oliver Tarney), meilleur mixage son (Chris Burdon, Mark Taylor, Mike Prestwood Smith et Chris Munro).

Pourquoi fallait le voir ? Parce qu’avec son style documentaire ultra-réaliste, caméra à l’épaule, Paul Greengrass prend le contrepied du film héroïque qu’on pouvait attendre et livre un thriller anti-spectaculaire absolument scotchant qui préfère les instants « faibles » (il prolonge interminablement les attentes, notamment) au moment forts pour étirer le suspens et pousser toujours à son comble la tension. Parce que le réalisateur des Jason Bourne double son thriller d’une réflexion sur la puissance américaine et les rapports de force (4 somaliens affamés dans une coquille de noix mettent en péril un cargo et défient les Navy Seals depuis un canot de sauvetage) en évitant miraculeusement tout manichéisme dans le point de vue. Pour la prestation de Tom Hanks, enfin, qui ne nous avait pas autant émus depuis Seul au monde.

Ça repart avec quoi ? A priori pas grand chose. Capitaine Phillips n’a aucune chance face au trio de tête Gravity - 12 Years a Slave - American Bluff. L’oscarisable en chef Tom Hanks n’étant même pas nommé, les espoirs reposent sur Barkhad Abdi, dont la performance bouleversante de vérité ne devrait pourtant pas pouvoir se mesurer aux poids lourds de l’industrie (Michael Fassbender, Bradley Cooper, Jonah Hill et Jared Leto). Le scénario adapté se confronte à ceux du Loup de Wall Street et, surtout, de 12 Years a Slave. Quant aux catégories techniques, le film de Greengrass sera toujours en concurrence avec Gravity qui devrait rafler la mise. Mais pour un cinéaste qui n’avait jusque là été nominé qu’une seule fois (meilleur réalisateur pour Vol 93), l’important est de participer.