new york unité spéciale
nbc

"On fait encore de la télé de qualité, qui marque les gens et qui leur parle. C'est ça le plus grand cadeau".

Invitée d'honneur du 58e Festival de télévision de Monte-Carlo et couronnée par une Nymphe de Crystal pour l'ensemble de sa carrière, l'actrice Mariska Hargitay a fêté comme il se doit les 20 ans de New York Unité Spéciale, cette semaine à Monaco. Une 20e saison qui débutera à la rentrée sur NBC (en France sur TF1). Elle se confie à Première.

Qu'est-ce qui vous a plus dans le script de New York Unité Spéciale, la première fois que vous l'avez lu ?
Mariska Hargitay
: J'ai adoré la complexité du personnage. Sa férocité. Sa détermination. Ses blessures. Ses peurs. Le fait qu'elle soit abîmée. Elle dégageait force et vulnérabilité à la fois, ce qui m'a tout de suite parlé. Je crois que sa vulnérabilité est son pouvoir. Ca et cette pulsion pour la justice qui est en elle. Cette envie de corriger les torts. Tout était là, dès le départ, dans le premier script. Et puis il y a tout de suite eu une synergie avec Dick Wolf (le créateur de la série). Un dialogue très efficace entre nous.

marsika hargitay et dick wolf
premiere

Vous venez de faire 20 ans dans la peau d'Olivia Benson. Vous avez envie de faire 20 ans de plus ?
Honnêtement, je vis chaque année l'une après l'autre maintenant. Et j'ai surtout fait un deal avec moi-même : je ne continuerai à faire le show que tant qu'il continuera de m'inspirer, personnellement et créativement. Plusieurs fois, je me suis dis que c'était peut-être la fin. Que la série était peut-être finie ou proche de la fin. Et puis durant la saison 16, ça a très bien marché. Encore mieux avec la saison 17, qui a eu un super final. J'y trouvais encore mon compte en tant qu'actrice. J'adorais l'écriture, les personnages, et Olivia continuait d'évoluer. Elle est devenue Sergent, puis Lieutenant. Ensuite, la saison 18 a été un peu plus faible. Et tout à coup, il y a eu la saison 19, qui fut peut-être notre meilleure année de toute la série. Ce fut une telle surprise. Elle était rafraîchissante, innovante, le showrunner m'a demandé ce que je voulais... C'est la première fois que j'avais autant d'impact sur mon personnage. Si bien qu'aujourd'hui, je suis tellement heureuse du rôle et reconnaissante, que je suis partante pour la suite. Quelle sera la fin ? Je n'en sais rien encore. Mais je sais que m'éclate encore. Qu'on fait encore de la télé de qualité, qui marque les gens et qui leur parle. C'est ça le plus grand cadeau : on fait une série qui est tellement plus qu'une série. Elle a un impact véritable sur la société et les téléspectateurs.

Est-ce que vous arrivez à laisser derrière vous les histoires, parfois très dures, de la série, quand le tournage est terminé ?
En fait, il y a deux aspects : quand je termine une scène, oui j'arrive à mettre ça derrière moi. Après, non, je n'oublie le sens général de ce qu'on vient de tourner, la portée du truc, en arrivant chez moi.

Vous avez un truc, pour passer de Mariska à Olivia ? Pour vous mettre instantanément dans la peau du personnage, quand débute le tournage ?
Comme vous pouvez le constater, je suis très différente d'Olivia Benson. Je souris beaucoup plus qu'elle (rires). J'ai envie de vous dire que c'est le pouvoir incroyable des costumes. Parce que je suis du genre à aimer déconner. A tel point que j'ai toujours pensé que je deviendrais une actrice de comédie... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ma carrière (rires)... Mais en fait, dès que je mets les habits d'Olivia le matin, avant qu'on ne filme, je deviens badass. Quelque chose change en moi. Je passe en mode commando. C'est presque un réflexe pavlovien.

Est-ce que vous avez gardé quelque chose du tournage depuis tout ce temps ?
Oui, un clown ! Assez glauque et flippant d'ailleurs. On me l'a donné à la fin du tournage de la saison 1. Je le garde précieusement sur mon bureau, pour me rappeler la longévité de cette série...

Comme est-ce que vous avez vécu le mouvement #MeToo ?
Je crois qu'il faut être reconnaissant du courage de femmes qui ont parlé. Parce que c'est la somme des ces actes de courage individuels, qui fait que les choses changent en Amérique aujourd'hui. Je suis contente de vivre ça, je suis contente que notre série ait aidé à ouvrir des discussions sur ce sujet. Mais ce sont des problèmes qui existent depuis longtemps. Et il a fallu attendre que les femmes prennent conscience qu'elles avaient aussi du pouvoir, qu'elles pouvaient parler. Parce qu'au départ, on leur disait que ce qu'il se passait était normal. Il faut éduquer les filles, les enfants, et leur apprendre que si une situation semble gênante ou malvenue, c'est qu'elle l'est.