Fils de Fausto Cabrera, acteur d'origine espagnole aperçu plus d'une fois dans ses films, il a longuement vécu et fait des études en Chine maoïste. Il aborde le métier par des études à Londres, puis la photographie (Pura sangre, Luis Ospina, 1982), la télévision et la publicité. Son premier long métrage, Técnicas de duelo (1988), coproduit par Cuba, ne manque pas de qualités (la dérision du machisme et des vieux conflits entre libéraux et conservateurs, par exemple), mais ne trouve guère le succès escompté, au point que le réalisateur n'hésite pas à le remonter et à retourner des scènes pour en tirer un autre titre, Aguilas no cazan moscas (1995), dont les ajouts sont affligeants. Entre-temps, les longs efforts de Cabrera se sont vu récompenser par les prix et les spectateurs rassemblés par La estrategia del caracol (1993), un phénomène jamais vu en Colombie. La mobilisation d'un ensemble de personnages hauts en couleur pour sauver leur immeuble, menacé par la spéculation urbaine, rejoint l'unanimisme jadis prisé par le néoréalisme, avec en prime un humour contagieux, libertaire. Désormais, c'est avec l'Europe qu'il coproduit ses projets. Pourtant, l'ambitieuse adaptation d'un récit d'Alvaro Mutis, Ilona llega con la lluvia (1995), ne convainc guère. Entré en politique, élu député indépendant vis-à-vis du bipartisme colombien, le réalisateur essaye plus modestement de contribuer à la pacification des esprits et à la réconciliation entre les militaires et la guérilla, avec Golpe de estadio (1998), une comédie puisant dans les vieilles recettes et les stéréotypes.