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(...) furieux, cruel,touchant, d’une poésie brute, Max et les Maximonstres n’est pas un film pour enfants. C’est un film sur l’enfance et sur tous ces sentiments contradictoires – frustration, exaltation, douleur – qui s’entrechoquent dans votre tête quand vous avez 9 ans. Max et les Maximonstres renvoie à une époque (les années 70 et 80) où les films pour enfants osaient faire peur et restituer l’expérience incroyablement chaotique qu’est l’apprentissage de la vie. La musique – démente – de Carter Burwell et Karen O, où retentissent en permanence des cris de ralliement indiens poussés par des choeurs d’enfants possédés, est une des
nombreuses armes fatales de ce conte. Spike Jonze s’y affranchit de Charlie Kaufman (qui avait scénarisé ses deux premiers
longs, Dans la peau de John Malkovich et Adaptation.) et prouve qu’il sait aussi bien irriguer le coeur d’un film que son cerveau. -
Le hic, c’est que ce film n’est ni pour les enfants ni pour les parents. Certes, il traite de l’enfance, et il fallait du courage pour ne jamais, à aucun moment, céder à la tentation de vouloir le rendre rassurant. Mais en adaptant « l’un des livres les plus aimés de tous les temps » – un album illustré pour enfants qui ne contenait en fait pas plus de dix lignes de texte –, Spike Jonze n’a pas su
combler les trous et aller au-delà de la dimension psychanalytique du conte. Les enfants auront peur (les Maximonstres ne sont pas rigolos et peuvent être tour à tour attachants comme des Ewoks ou féroces comme des ogres) et s’ennuieront devant l’absence d’aventures. Quant aux adultes, ils apprécieront mollement les séances de thérapie de groupe où les créatures, neurasthéniques, semblent tout droit échappées d’un film de Béla Tarr. De plus, le look des bestioles, grosses boules de poils aux yeux jaunes d’une tristesse infinie, et la tonalité marronnasse du film rebutent l’oeil plus qu’il n’en faut.
Toutes les critiques de Max et les Maximonstres
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) l'image "modasse" nous laisse un mauvais goût dans la bouche au début, mais offre au pays des Maximonstres un onirisme naturaliste digne de Malick. La musique de Karen O en revanche, seul point noir du film, est une sorte de compile des meilleures pubs Air France et Kenzo qui finit par énerver. Mais énerver quoi ? On vient de voir le plus beau film de l'année... dixit un fétichiste du cinéma de monstres.
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(...) Max et les Maximonstres de Maurice Sendack a donc eu le droit à une adaptation instinctive et unique, mais néanmoins ternie par une ambiance musicale trop empruntée pour être honnête. Une faute de goût certes, mais qui ne parvient pas à rompre l'aura hypnotique et jubilatoire de ce projet à la fois inclassable et exemplaire.
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A s'en tenir à ses deux précédents films, Spike Jonze, réalisateur intellectuel, ironique, n'était pas le candidat idéal pour mettre en scène ces pulsions brutes. Le préjugé tombe dès la première séquence, qui montre Max (Max Records) jouant dans la neige. Et à la fin de l'aventure du petit garçon, on ne se souviendra même plus de ce que l'on attendait de l'auteur de Dans la peau de John Malkovitch. On ne gardera, précieusement, que ces moments passés dans l'inconscient de Max, un endroit impitoyable et drôle, dangereux, toujours au bord de l'explosion - une âme d'enfant. Il n'y a pas besoin d'avoir lu les oeuvres complètes de Freud pour donner un nom à ce processus. Il suffit de se souvenir. Max et les Maximonstres fait renaître les poussées d'adrénaline, les moments d'euphorie et de désespoir face à l'inconnu qui se déploient devant les yeux du petit garçon. Avec, à l'horizon, la fin de l'enfance.
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Ce film, son [Spike Jonze] troisième long-métrage (...) est certainement son meilleur. (...) il fonctionne plutôt comme une initiation à la saveur amère de toute expérience, la confrontation d'un gamin turbulent avec ces "choses sauvages" qu'il faut apprendre à domestiquer avant qu'elles ne vous dévorent.
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Un conte aussi tendre et déchirant que l'enfance elle-même que l'on regrettera ne pouvoir qu'habiter le temps d'un film. Mais quel film...
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Visuellement époustouflant et intellectuellement stimulant, ce "conte noir", un brin déconcertant, est un pur enchantement.
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Au delà de son aspect freudien - présent dans le matériau original, comme d'ailleurs dans la majorité des contes - ce voyage initiatique est aussi un éloge de l'imagination comme moyen d'évasion du réel, mais aussi de découverte et d'affirmation de soi. « La fantaisie, disait l'auteur Maurice Sendak en 1964, reste la meilleure arme dont l'enfant dispose pour apprivoiser ses parties sauvages.» L'artiste, quant à lui, cherche à les libérer pour retrouver son enfance, ou du moins une forme d'innocence : c'est ce que Spike Jonze réussit indéniablement avec Max et les Maximonstres, joli conte expérimental dénué de mièvrerie, en forme de bouffée brute d'enfance.
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Le livre est très court et tire sa force de là, alors il y avait une vraie gageure à en tirer un film, et Jonze s'en sort plutôt bien. D'abord, il lui fallait se mesurer au dessin, splendide, de Sendak. Là-dessus le film est fidèle et irréprochable, les monstres sont formidables, entres charme suranné de marionnettes à la Dark crystal (ils sont l'oeuvre de la Jim Henson company) et précision numérique. Autre défi, plus compliqué : retrouver la belle limpidité du livre tout en développant le récit. Là, le film inquiète un peu plus, parce qu'il lui faut rendre légèrement plus explicite ce qui dans le livre reste à l'état d'esquisse : le spectre du père absent, l'angoisse d'abandon du petit… Tout comme irrite, un temps, son habillage branché (le gamin à mèche qui joue Max, trop vieux et comme sorti d'une pub Apple, la musique de Karen O - pas mal, au demeurant -, sous laquelle les images sont un peu noyées). Mais le film fait mouche en définitive, parce que Jonze, tout le long, épouse scrupuleusement le spectre du regard de l'enfant. Incontestablement, il a trouvé ici un sujet idéal, idéal parce que l'enjeu renoue très littéralement avec ce qui faisait la beauté des clips - tandis que Dans la peau de John Malkovich ou le fatiguant Adaptation cherchaient à le déplacer (la faute à Charlie Kaufman) sur le terrain d'un narcissisme « adulte », et le réduisait donc à l'argument simple d'une névrose.
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Fidèle à l’adage rivettien selon lequel tout film est un documentaire sur son propre tournage, Max et les maximonstres a donc la (belle) allure d’un rescapé, la saveur des larmes pleines de ferveur des gamins passés près de la chute mais rattrapés in extremis. Spike Jonze, qui n’est pas, c’est entendu, un grand storyteller mais plutôt un collectionneur de climax et de sensations fugitives, parvient ainsi à dégager quelques somptueux passages, alliant la rudesse à l’élégie ; tel ce pic d’émotion dès la dixième minute, lorsque le petit garçon constate, impuissant, la destruction de son bel igloo.
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On retrouve toute la fantaisie et le ton doux-amer du réalisateur de Dans la peau de John Malkovich, responsable ici d'un film sur l'enfance plutôt que pour enfants - lesquels pourront quand même accompagner leurs parents.
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En choisissant de filmer à la hauteur de son petit héros, Spike Jonze renvoie son public à ses rêveries enfantines avec tout ce qu'elles comportent de sombre et de lumineux. La découverte du royaume des Maximonstres a tout du conte de fées initiatique dans la façon dont le cinéaste fait percevoir avec empathie le délicat passage de son héros du côté de la maturité. Drôle et triste, tendre et cruel, ce film exceptionnel a pris des libertés avec l'ouvrage qui l'a inspiré tout en conservant l'essentiel: l'émotion et la beauté.
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Avec un sous-texte qui balise leur mystérieuse organisation sociale (L'Ile aux enfants, revu par l'anthropologie) : on y lit les ravages du sentiment amoureux (le dépit n'est jamais loin), la logique d'appartenance au groupe et la peur d'en être exclu, et, surtout, la conscience diffuse mais tragique de la brièveté des choses. Cette leçon cruelle nimbe peu à peu le film d'une mélancolie puissante. C'est une fable pour enfant triste, donc. Il faudrait la voir en famille, et même empilés les uns sur les autres comme jouent et dorment les maximonstres pour avoir moins peur. Il faudrait la savourer tant que le soleil brille encore.
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(..)Jonze nous perd à dessein entre le conte surréaliste, la fable doucereuse et l’abrégé de pédopsychiatrie. Jusqu’au bouleversant dénouement, qui nous dit une chose essentielle : petits ou grands, nous sommes tous des enfants perdus.
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Quand l'inventif Spike Jonze («Dans la peau de John Malkovich») adapte le classique de Maurice Sendak (éd. L'Ecole des loisirs), ça donne un film beau, bizarre et poétique, même s'il peut parfois sembler longuet et un tantinet sérieux. Le gamin, Max Records, est sublime, les marionnettes et les décors aussi, et la première demi-heure, tout bonnement géniale. Aux prises avec des torrents d'émotions et de pulsions, le héros accomplit un voyage initiatique dont le sens - chacun doit dompter les monstres qui sont en lui...- n'échappera à personne. Une passionnante vision de l'enfance.
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Outre les images d'une grande beauté et la réussite flagrante des costumes et animations des monstres, je dois avouer que je suis restée carrément sur ma faim. (...) On passe malgré tout un bon moment, mais on regrette de ne retrouver ici qu'une version minorée du grain de folie qui caractérise la filmographie de Spike Jonze.
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(...) ce film mélancolique, nostalgique et parfois effrayant, à la narration non conventionnelle, s'avère par là même déconcertant, souffrant de certaines longueurs qui amoindrissent l'impact de ce récit sur l'enfance et ses complexités.
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Parce que sa sœur adolescente lui préfère ses copains et que sa mère a du travail, Max se sent exclu. Il fait tout pour se faire remarquer, hurle à qui mieux mieux déguisé en loup et finit par fuguer. Son escapade le mène de l’autre côté de l’océan au pays des Maximonstres. Un lieu étrange dont les habitants sont des géants poilus dont il devient le roi. Son programme ? S’amuser, hurler, jouer à se lancer des mottes de terre ou construire une tour pour vivre tous ensemble mais parfois, Carol, l’un des monstres et son meilleur ami, se montre, tout comme Max, exclusif, injuste, coléreux… Le jeune garçon découvre les caractères de chacun, leurs envies, la difficulté de vivre ensemble. Une aventure initiatique adaptée du roman de Maurice Sendak.
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A l'arrivée, cette association bizarroïde ressemble à ce qu'il faut bien appeler un « accident artistique ». Avant même que l'insupportable Max ne débarque sur son « île enchantée », on rêve de lui administrer une bonne dose de Ritaline pour le calmer. Après, c'est pire : l'escapade chez ses copains à fourrure, tous plus laids les uns que les autres, s'apparente à une torture dont le « sous-texte » n'existe que dans l'imagination des thuriféraires de ce colossal navet. Sérieusement, combien de parents acceptent de jouer aux peluches avec leur enfant plus de dix minutes ? Alors cent, vous imaginez...