Armie, ça fait quoi de jouer un super-héros dans Lone Ranger ?Je ne sais pas.Ah bon ?Je ne considère pas le Lone Ranger comme un super-héros. Pour en être un, je pense qu'il faut que le personnage soit né avec des super-pouvoirs, être invincible ou invulnérable... N'importe quoi qui vous rend supérieur à un être humain lambda.D'accord, mais alors Batman ? Il n'a pas de super-pouvoirs.C'est vrai. Mais Batman est un anti-héros. C'est un débat. OK, je porte un masque, j'ai une identité cachée... Et je défie les lois de la physique en encaissant des passages à tabac inhumains. Par contre, le Ranger a un super sens moral. C'est le mec qui va se dresser face à une injustice, même banale -genre quelqu'un qui double une file d'attente- en criant "ce n'est pas juste !" même s'il sait qu'il va se faire casser la figure.Ca ne vous embêtait pas de porter un masque tout le long du film ?Moins que pendant J. Edgar, où mon maquillage de vieux à la fin m'empêchait même de sourire. En termes de jeu, le masque m'empêchait d'utiliser mes yeux pour communiquer. J'ai dû utiliser mon souffle, mes épaules, mes mains pour compenser.On vous a vendu le projet comme Cowboys des Caraïbes ?Non. Le seul point commun entre les deux univers ce sont les noms au générique. C'était une opportunité démente de travailler avec Gore Verbinski et Jerry Bruckheimer, deux titans de l'industrie. Ils m'auraient demandé de jouer le cheval ou le train, j'aurais dit oui. Le génie de Gore c'est de garder un oeil sur tous les aspects du film, du plus simple des plans à la construction de décors entiers. Il s'est fait mille fois le film dans sa tête.Quel film vous a décidé à devenir un acteur ?Maman, j'ai raté l'avion. Après l'avoir vu, je me suis dit qu'être acteur était le job le plus fun du monde et que je voulais être Macaulay Culkin. Pas Joe Pesci ou Daniel Stern.Dans le futur, vous préférez être un acteur aux mille visages à la Johnny Depp ou un family guy carré à la Brad Pitt ?Je sais pas. Il y a un proverbe qui dit : "Il n'y a qu'une seule façon de manger un éléphant : une bouchée à la fois." On verra bien. Winston Churchill a dit : "Il n'y a pas de chance, il n'y a que des occasions qui rencontrent de la préparation." En tous cas, devenir une star ne veut rien dire : on est tous pareils. Personne ne chie des roses. Quand tu rencontres Johnny Depp, tu as vécu avec lui depuis vingt ans à cause de ses films. Lui, il ne te connaît pas... Pareil pour Jerry : j'ai grandi comme tout le monde avec ses productions. Mais Lone Ranger n'est pas le genre de film où je marche au ralenti sans regarder une explosion derrière moi. (rires)Quel entraînement spécial avez-vous subi ?Ils m'ont envoyé dans un camp de cow-boys au Nouveau-Mexique pendant trois-quatre semaines. Toute la journée, on montait à cheval, on jouait du lasso, on faisait claquer des fouets, on dégainait des revolvers...Donc maintenant vous êtes un vrai cow-boy.Au moins je peux super bien faire semblant. (rires)Ca vous a aidé ?Oui et non. La scène la plus dure c'était quand je saute du balcon pour retomber sur mon cheval. On a fait 27 prises et le cheval m'a tout fait. S'arrêter avant, après, me jeter à terre... Mentalement, la scène dingue c'était quand je me réveille sur une plate-forme en bois. 1600 mètres de falaise sous moi. Cinq heures passées là-haut. Sans doublure. On m'y a amené par hélicoptère, et la plate-forme se balançait sous l'effet du rotor...Vous êtes un fan de westerns ?J'ai vécu au Texas, mais je n'ai pas été élevé dans la culture western. C'est en devenant un acteur que je me suis intéressé aux films de ce genre. Je pense que lorsque tu veux revenir à des formes élémentaires de storytelling, genre un mec qui doit prendre une décision entre le bien et le mal, tu reviens au western. Le cliché du duel au revolver dans la rue résume ça. Ma trinité western, c'est Impitoyable, Les Sept mercenaires et Luke la main froide.Luke la main froide avec Paul Newman ? C'est un western, ça ?Ben oui. Ca se passe dans le sud, avec un hors-la-loi, des shérifs, tous les clichés du genre... C'est ma comédie préféré, c'est mon drame préféré, bref c'est mon film préféré.Vous êtes déçu par les résultats de Lone Ranger aux USA ?Je suis surtout désolé pour Gore et Jerry. C'est un film hyper fun : il y a de l'action, de la comédie, de la romance, de l'aventure ! Ca vaut bien 10 euros, non ? Mais le fond de l'histoire traite de l'exploitation des peuples indigènes et de l'avidité rampante américaine. Peut-être que le public ne voulait pas qu'on lui rappelle cela. Qu'on lui mette le nez dedans.Propos recueillis par Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)
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