Cet hiver, le réalisateur américain est revenu 16 ans après son dernier film avec Tár, qui a décroché six nominations aux Oscars. Ce film est à (re)voir ce soir sur Canal +.
Mieux vaut Tár que jamais ! 16 ans après son dernier long-métrage, Little Children, le rare Todd Field a reçu six nominations aux Oscars cette année pour le 3e long-métrage de sa carrière. Cate Blanchett, après son prix d’interprétation à Venise et son Golden Globe, n'a cependant pas reçu la statuette tant convoité, doublée par Michelle Yeoh pour Everything Evreywhere All at Once.
Tár a cependant été globalement acclamé par la critique, et a marqué le retour triomphal de son auteur. Première l'avait rencontré en fin d'année 2022 pour parler de ce come-back, en compagnie de la comédienne. Nous republions un extrait de cet entretien pour patienter jusqu'à la diffusion du film, à 21h09 sur Canal + (il est également disponible sur MyCanal jusqu'au 15 novembre).
Tár : Cate Blanchett au sommet de son art [critique]Et ce n’est pas un hasard si Field a choisi la star australienne, avec qui il a failli collaborer dix ans auparavant, pour ce drame psychologique sur une cheffe d’orchestre, Lydia Tár, géniale et tyrannique dont la vie, privée comme publique, est au bord de l’implosion. Nous avons pu rencontrer Cate Blanchett et le cinéaste et scénariste, qui nous a confié avoir tout simplement écrit le film pour elle. En voici un extrait :
Première : Todd, vous avez écrit Tár pour Cate Blanchett ?
Todd Field : Absolument.
Cate Blanchett : Tu l’as d’abord écrit et ensuite tu t’es dit que je pouvais le jouer, c’est ça ?
TF : Non, non, je l’ai écrit pour toi. Je n’avais jamais fait ça avant, mais, cette fois-ci, comme j’ai su assez vite qui était le personnage, j’ai aussitôt vu son visage – le tien, en l’occurrence. Avant même de me mettre concrètement à écrire le scénario, j’ai couché ton nom sur le papier. Et tous les jours, en arrivant à ma table de travail, je disais : « Bonjour, Cate. » Tu ne répondais jamais d’ailleurs…
CB : Je t’en voulais encore pour la façon dont tu m’avais traitée la première fois !
Cate, vous ne saviez donc pas que Todd écrivait ce film pour vous…
CB : Pas du tout. Je ne l’ai su que lorsque Hylda [Queally], mon agente, à cause de qui Todd a eu un accident de voiture…
TF : Une longue histoire…
CB : Hylda, donc, m’a appelée pour me dire que Todd avait écrit un script et qu’il fallait que je le lise tout de suite. Et Hylda ne dit pas ça souvent. Je lis lentement, d’ordinaire, mais celui-ci, je l’ai dévoré. Je l’ai lu une première fois, puis je l’ai immédiatement relu. C’est intéressant, parce que de nombreuses personnes qui découvrent Tár ont tendance à dire en sortant : « J’ai envie de le revoir. » Le film est si riche. Et très rythmé. Les dialogues sont truffés de notions inconnues du commun des mortels, je ne connaissais pas en lisant le scénario certains chefs d’orchestre ou certaines formes musicales dont les personnages parlent, plein de références me passaient au-dessus de la tête, mais on dépasse ça très vite et on se laisse submerger, car l’ensemble est régi par une logique rythmique qui emporte tout.
Todd, au fait… Et si Cate Blanchett n’avait pas voulu faire le film ?
CB : Tu aurais peut-être pu en tirer, je ne sais pas… une série animée ?
TF : Hum… Tiny Tár ? (Rires.) Non, tant pis, le scénario serait tout simplement allé rejoindre ma « boîte aux lettres mortes ». Là où gisent tous les scénarios que j’ai écrits ces quinze dernières années…
Propos recueillis par Frédéric Foubert
Commentaires