Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec signent un joli et puissant film contre l’intégrisme, présenté en compétition à Annecy.
Tiré du roman éponyme de Yasmina Khadra, Les Hirondelles de Kaboul narre l’épouvantable quotidien de deux couples d’afghans sous le régime des talibans. Ancien moudjahidine ayant combattu les Russes, Atiq traîne la patte et est désormais gardien d’une prison pour femmes. Il est marié à Mussarat en phase terminale d’un cancer. Mohsen et Zunaira forment de leur côté un jeune couple moderne. Lui est un intellectuel fragile, elle, une artiste libre qui peint enfermée chez elle au son de musique occidentale.
A la suite d’un terrible concours de circonstances, leurs destins vont se retrouver tragiquement liés… En choisissant de tourner cette adaptation (en sélection officielle au Festival d'Annecy) en animation plutôt qu’en prises de vues réelles, Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec ont opté pour le contraste et la douceur. Les tons pastels et les traits éthérés viennent en effet presque contredire la barbarie du sujet et de certaines scènes comme celle, insupportable, d’une lapidation à laquelle Mohsen participe dans un élan incontrôlable. Les réalisatrices ne cherchent pas à convaincre : la réalité, connue, du régime taliban n’est ici que la sinistre toile de fond d’une histoire digne des plus grandes tragédies où certaines trajectoires personnelles se heurtent au mur de l’obscurantisme. Un dernier mot sur “l’interprétation” : Zabou a dirigé tous les acteurs dans un studio de son où ils ont joué le film, sans texte à la main, l’animation se calquant sur leurs performances. Le résultat est vibrant d’incarnation.
Les Hirondelles de Kaboul sortira le 4 septembre prochain dans les salles française. Bande-annonce :
NB : Le film est produit par Les Armateurs, société appartenant à Reginald de Guillebon, directeur de la publication de Première.
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