Hayao Miyazaki et le Héron
Wild Bunch

Un docu précieux sur la fabrication du dernier Miyazaki où l’on apprend par exemple qu'il était au petit coin quand on lui a décerné son dernier Oscar.

Dévoilé par Cannes Classics en marge de la Palme d’honneur à Ghibli cette année, diffusé aux États-Unis sur Max parallèlement à la sortie sur la plateforme du Garçon et le Héron, Hayao Miyazaki et le Héron est le dernier d’une série de docus réalisés depuis 2003 par Kaku Arakawa pour la NHK, la BBC japonaise, dans l’intimité professionnelle du cinéaste et plus si affinités (on ouvre ici sur une scène de thalasso assez caliente). Il sort exceptionnellement en France au cinéma ces 21 et 22 novembre.

Des docs aussi singulièrement vivants et lo-fi – on croit limite regarder un Alain Cavalier – que la fabrique de Ghibli est artisanale, sans interviews pontifiantes ni la moindre coquetterie esthétique, bref échappant au formatage et aux lourdeurs de leurs homologues occidentaux. Arakawa s’y accroche d’ailleurs moins aux stigmates du génie qu’à ses pauses clope et sa quotidienneté, désacralisant avec drôlerie la statue de celui qui y apparaît dans sa vérité nue de garnement colérique et facétieux, empreint certes de mysticisme magique (on le voit ici pratiquement devenir fou, brouiller la frontière entre rêve et réalité dans un film où il a “un peu trop ouvert le couvercle de son cerveau”) mais gouverné par des passions triviales.

Hayao Miyazaki et le Héron
Wild Bunch

L’occasion aussi d’offrir quelques clés de décryptage à ce nébuleux “dernier” opus (en réalité, on sait déjà que le patron est à nouveau au travail), comme les correspondances directes entre les personnages du film et ceux de la vie de Miyazaki, remarquablement illustrées par extraits (le Grand-Oncle comme avatar d’Isao Takahata, modèle et rival disparu en 2018, et le héron pour Toshio Suzuki, producteur et éternel aide de camp). Spoiler alert : vous ne verrez pas le cinéaste plancher sur son suivant, mais vous serez rassurés sur le fait qu’il ne peut de toute façon pas s’y soustraire (“si on ne crée pas, il n’y a rien”), et qu’il pète la forme. Qu’il nous enterre nous tous, par pitié !