Dua Lipa et Henry Cavill dans Argylle
Peter Mountain / Courtesy of Apple

Le réalisateur de Kingsman et Kick-Ass signe un pur divertissement, parfois maladroit mais toujours sincère, entre comédie d’aventure et film d'espionnage.

Argylle a fait un flop en début d'année, participant aux questionnements sur la stratégie de sortie d'Apple, après les succès mitigés de Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese (qui a peu fonctionné en salles, mais a été bien accueilli par la critique, cependant), et du Napoléon de Ridley Scott (déjà visible sur la plateforme du studio en version longue, plus réussie que celle proposée au cinéma) - qui avaient tous coûté cher à produire. Chez Première, on a pourtant trouvé des tas de qualités à ce film d'espionnage ne cessant de jouer avec les attentes de son public. 

Nous repartageons notre critique enthousiaste, pour patienter jusqu'à sa diffusion sur Canal +, en ce vendredi soir à partir de 21h10.

Bien occupé à produire à droite et à gauche (Tetris, Silent Night…), Matthew Vaughn avait depuis 2015 entièrement consacré sa carrière de réalisateur aux films Kingsman, saga à la qualité fluctuante - la suite comme le préquel n’ayant jamais atteint l’efficacité du premier volet. Le cinéaste creuse aujourd’hui son obsession pour le monde de l’espionnage avec Argylle, nouveau projet en forme de comédie d’aventure à la patte « vaughnienne » affirmée. On y suit Elly Conway (Bryce Dallas Howard), auteure à succès de romans d’espionnage mettant en scène l’agent secret Argylle (Henry Cavill). Mais quand les écrits de la solitaire Elly se rapprochent un peu trop des plans d’une véritable organisation secrète, des tueurs se mettent à lui coller aux basques et l’espion Aidan (Sam Rockwell) déboule soudainement dans sa vie pour lui sauver la peau…

Fluo-pop et méta au carré, Argylle repose sur une intrigue à tiroirs où s’entremêlent la « réalité » et la fiction, Elly ayant des hallucinations qui lui font régulièrement entrevoir le personnage de ses livres à la place d’Aidan. Ce qui donne lieu à des effets de mise en scène et de montage franchement poilants (il faut voir la tronche de demi-dieu de Cavill et celle de hobo de Rockwell se tirer la bourre dans des séquences de baston ou de danse). On se marre pas mal, l’action pousse tous les potards dans le rouge (parfois jusqu’au cartoonesque) et la BO va forcément faire des heureux chez les fans des Beatles.

GALERIE
Peter Mountain/Universal PictureApple Original Filmsand Marv

Le Sam Rockwell show

Argylle est en tout cas le film d’un mec certain de ses capacités d’entertainer, excessif en tous points - même dans sa durée, 2 h 19 - et bourré de seconds rôles qui ont toujours quelque chose de croustillant à jouer (Dua Lipa, Bryan Cranston, Catherine O’Hara, John Cena, Samuel L. Jackson…).

Un divertissement, un vrai, à vous faire oublier que le monde extérieur existe, même s’il faudra pour ça accepter l’abus de fonds verts (le tournage en plein covid a forcé Vaughn à shooter en studio au lieu de se balader aux quatre coins du globe), des twists à n’en plus finir et un script imposant à Bryce Dallas Howard une dualité dont elle n’est tout simplement pas capable. Pas si grave : heureusement, Sam Rockwell donne beaucoup de sa personne pour assurer le show et meubler les quelques baisses de régime de l’intrigue, quitte à éclipser ses partenaires de jeu.

Bande-annonce :


Matthew Vaughn ne s'attendait pas à ce qu'Argylle soit autant massacré par la critique