Kibwe Tavares et Daniel Kaluuya signent un petit drame situé dans une banlieue futuriste. Pas assez puissant pour réellement convaincre.
Dans un futur pas si éloigné, la ville de Londres a décidé de se débarrasser de tous les logements sociaux, qui ont laissé place à des appartements modernes et confortables, que seuls les plus aisés peuvent s’offrir. Dernier espace de l’ancien monde, « The Kitchen », barre d’immeuble délabrée, où survivent comme ils peuvent quelques centaines d’habitants refusant de quitter les lieux malgré les raids réguliers de la police. Izi (Kane Robinson, gros charisme) travaille chez Life After Life, service éco-funéraire qui propose, à ceux qui n’ont pas les moyens d’enterrer leur proche, d’incinérer le corps et de mélanger les cendres à des graines pour in fine faire pousser un arbre.
Une arnaque qui ne dit pas son nom (sans nouveau paiement, le défunt partira à la poubelle avant d’avoir été planté en terre) mais Izi ferme les yeux, son objectif étant d’économiser assez pour quitter au plus vite la « Kitchen » et rejoindre un appartement luxueux. Un jour, il croise à une cérémonie un ado un peu perdu, Benji (Jedaiah Bannerman). Sa mère est récemment décédée et il se trouve qu’Izi avait eu une brève aventure avec elle il y a quelques années… Pourrait-il être le père du gamin ?
Black Lives Matter
Il y a de l’idée dans The Kitchen, premier film de Kibwe Tavares et Daniel Kaluuya (l'acteur principal de Get Out) qui s’ouvre sur un montage alterné plutôt malin, entre le quotidien de ce ghetto où une seule douche fonctionne et une épatante scène de braquage à moto.
Quelque part entre Les Misérables et le cinéma de Neill Blomkamp (la technologie y est légèrement futuriste), le film pose de façon très crédible une banlieue où l’on crève la dalle entre des murs moisis (les décors et les effets spéciaux sont impeccables). Évidemment pas si dystopique, cet univers prend immédiatement aux tripes en parlant surtout du présent : Tavares et Kaluuya en profitent pour y injecter des références au mouvement Black Lives Matter (« I can't breathe », prononcé deux fois lors d'une charge policière, en référence à la mort de George Floyd en 2020).
Malheureusement, The Kitchen a beaucoup de mal à tenir la route quand il s’agit de traiter la relation entre Izi et Benji, certes solidement incarnée, mais qui se joue surtout à quelques regards de chien battu. L’émotion ostensiblement recherchée est absente et la trame prenant pas mal de place, c’est l’ennui qui guette, d’autant que la conclusion semble courue d’avance. Reste un drame de poche mâtiné de SF, avec quelques belles idées visuelles. Pas si mal quand même.
The Kitchen, de Kibwe Tavares et Daniel Kaluuya, avec Kane Robinson (Kano), Hope Ikpoku Jnr, Henry Lawfull... Durée : 1 h 47. Sur Netflix le 19 janvier.
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