Martin Scorsese/La Liste de Schindler
Abaca/Universal Pictures

Un projet longtemps fantasmé par plusieurs réalisateurs, avant que Steven Spielberg ne prenne les commandes.

Difficile d’oublier aujourd’hui La Liste de Schindler, le film-fleuve de Steven Spielberg adapté d’un livre de Thomas Keneally, consacré à l’histoire vraie d’Oskar Schindler, un industriel allemand qui sauva la vie de 1200 juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale en les faisant passer pour des employés de son usine, tout en interdisant aux milices nazis de venir perturber leur travail afin de mieux les cacher. Le film aura valu 7 Oscars à Spielberg, dont celui du meilleur réalisateur et du meilleur film.

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Steven Spielberg n’était pourtant pas le premier à vouloir diriger ce projet d’envergure. Après l’avoir proposé à Roman Polanski, qui avait refusé au vu de son histoire personnelle dans le camp de Varsovie, le choix s’était porté sur Martin Scorsese. Au cours d’une interview pour Deadline, dans le cadre de la présentation de Killers of the Flower Moon dimanche au Festival de Cannes, le cinéaste d’origine italo-américaine est revenu sur la genèse du film, qu’il a initié au côté de Spielberg avec le scénariste Steven Zaillian (Gangs of New York, American Gangster), finalement resté après que Spielberg a pris les commandes : “Pour La Liste de Schindler, j’avais engagé Steven Zaillian, et nous travaillons tous les deux sur le scénario. J’étais prêt à le réaliser. Mais j’avoue avoir eu des doutes. Nous étions en 1990, je venais de tourner La Dernière Tentation du Christ”, explique Scorsese.

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Universal Pictures

Je me souviens que Spielberg, au fil des années, n’arrêtait pas de me parler du livre. Il me l’avait montré quand nous étions dans l’avion vers Cannes, et il me disait “C’est mon futur grand film, et je vais le réaliser.’ On était en 1975. Et je lui avais répondu ‘Bien, j’ai La Dernière Tentation du Christ de mon côté, et je vais le faire également’”, continue-t-il.

À l’époque, je n’arrêtais pas de dire ‘Je ne suis pas juif !’. Ce que je voulais dire, c’est que l’histoire devait être racontée par un juif, et je pense que Spielberg était d’accord avec moi. (...) Il m’avait raconté qu’il n’y avait que 200 juifs à Phoenix, là où il ou avait grandi. Je ne pouvais pas le croire. Je viens moi-même de l’Upper East Side, et j’ai grandi avec cette communauté. Je n’étais pas altruiste, cela faisait sens qu’il prenne ce projet en main. J’avais peur de ne pas être à la hauteur sur ce coup”.

Finalement, Scorsese estime que “si sa version aurait pu être réussie”, il n’aurait pas pu aller “vers cette histoire”, et qu’il admire “grandement le film [de Spielberg] aujourd’hui.

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Marty” sera à Cannes ce week-end pour la présentation de Killers of the Flower Moon en hors-compétition, aux côtés de ses acteurs fétiches Leonardo DiCaprio et Robert de Niro, avant une sortie française prévue pour le 18 octobre prochain.