Affiches Films à l'affiche mercredi 13 septembre 2023
The Walt Disney Company France/ The Jokers Films/ Le Pacte

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
MYSTERE A VENISE ★★★☆☆

De Kenneth Branagh

L’essentiel

Kenneth Branagh et ses guests s'amusent énormément dans la nouvelle murder party Poirot. Le thème de la soirée : le giallo.

Qui aurait parié que Kenneth Branagh se serait réinventé en cinéaste grâce à une franchise ? Les films Hercule Poirot d'après Agatha Chrtistie. Après Le Crime de l'Orient Express trop programmatique, Branagh avait réussi à faire de Mort sur le Nil une réjouissante murder party et de Poirot une vraie figure tragique dans une conclusion d'une noirceur et d'une émotion surprenante. Mystère à Venise commence là, en 1947. Poirot, traumatisé par la guerre, prend sa retraite à Venise, où une amie, autrice de best-sellers policiers va le tirer de son refuge en lui demandant d'assister à une séance de spiritisme dans un palazzo délabré le soir d'Halloween. Huis clos, stars, drame. On connaît la chanson, et on la suit avec plaisir. Mais Mystère à Venise ressemble ainsi plus à un hommage au cinéma d'horreur qu'aux Poirot seventies avec Peter Ustinov. Il explore les traumas de ses personnages, coincés dans les murs de leurs cauchemars. Ce qui fait de lui le meilleur des trois films, et de loin.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LE GRAND CHARIOT ★★★★☆

De Philippe Garrel

Avec ce Grand Chariot, Philippe Garrel, a choisi de raconter le quotidien d’une troupe de marionnettistes pour évoquer à la quasi première personne, son geste d’artiste. Formidable mise en abîme de l’acte de création pleinement dévoilé et révélé. Esther, Lena et Louis Garrel - filles et fils du cinéaste - se tiennent ici derrière le petit théâtre du père (incarné par Aurélien Recoing). Tout ici est fait artisanalement, home-made, perpétuant une tradition séculaire. De jeunes enfants composent un public enthousiaste, jusqu’au jour, où tout s’arrête en pleine représentation. Le père se meurt en coulisses, le jeu doit cesser et, avec lui, la magie du spectacle. Se pose alors pour la fratrie, la question de la poursuite du « métier », chacun y voyant - ou pas - une émancipation possible. « Je réalise que représenter sa famille est un plaisir habituellement réservé aux peintres. », écrit Garrel dans sa note d’intention. Cinéaste, marionnettiste, peintre, au fond c’est chez lui la même chose : la ronde des sentiments dessine une poésie de l’existence propre à son auteur. Le romantisme de Garrel est un fleuve qui trace sa route entre les rives du réel et du rêve. Art suprême du vivant.

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE A AIME

LE LIVRE DES SOLUTIONS ★★★☆☆

De Michel Gondry

Michel Gondry n’avait plus fait de cinéma depuis huit ans. Il revient avec un film qui ausculte son propre processus créatif à travers son alter ego, Marc (Pierre Niney), réalisateur fantasque réfugié dans les Cévennes. Parti avec son dernier film encore inachevé, Marc s'emmure dans la maison de sa tante, accompagné par sa monteuse et deux assistants. L’autoportrait d'un bipolaire plongé dans le chaos de ses idées incessantes, mais traité de façon désopilante. Gondry ne s'épargne pas en gamin capricieux, incapable de se confronter au monde réel. Dans cette succession de hauts et de bas, Pierre Niney tient superbement la note. Mais le film s'effondre quelque peu à mi-parcours, quand Gondry commence à justifier tous les errements de Marc par son génie. Il faut un ego gros comme ça pour (s')écrire un truc pareil, mais avouons que cet éloge de l'impro et de la bidouille est absolument imparable.

François Léger

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L’ETE DERNIER ★★★☆☆

De Catherine Breillat

Cela fait dix ans qu’à cause de soucis de santé, Catherine Breillat avait dû se tenir éloignée des plateaux de cinéma. Mais le temps a beau avoir passé, elle tient bon le cap de son cinéma qui n’arrondit jamais les angles, bouscule, crée le malaise. L’Eté dernier est le récit d’un amour interdit, celle d’une avocate quadragénaire avec son beau- fils de 17 ans. Breillat y filme les corps qui s’entremêlent, les peaux qui rougissent avec une intensité inouïe. Elle propose l’un des plus dérangeants et machiavéliques portraits de femme qu’il ait été donné de voir depuis longtemps. La cinéaste s’aventure dans un sujet tabou sans chercher à s’en excuser, ni à équilibrer les points de vue. Ca hérisse, ça décoiffe, ça crée un inconfort permanent et pas forcément agréable à vivre. Mais ça impressionne aussi, à l’image des interprétations magistrales de Léa Drucker et du débutant Samuel Kircher. Un retour gagnant.

Thierry Cheze

 

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LES SECRETS DE LA PRINCESSE DE CADIGNAN ★★★☆☆

De Arielle Dombasle

Qui d’autre qu’Arielle Dombasle aurait pu mettre en scène une adaptation de Balzac dans laquelle Arielle Dombasle s’interroge sur le féminisme et le temps qui passe, entre deux airs d’opéra ? Arielle Dombasle bien évidemment, qui s’attache avec ce nouveau film en costume, à revisiter la France du XIXe siècle, dans un style jamais vu ailleurs. En jouant la sulfureuse et séductrice princesse de Cadignan, elle s’amuse dans les limbes de la littérature et croise Balzac en personne, Rastignac, Daniel d’Arthez… Il y a de la sincérité dans les réflexions soulevées par cet egotrip ambulant (en comparant sa poitrine à d’autres notamment !), mais pas assez pour faire oublier quelques maladresses techniques, sans doute la faute à un budget insuffisant pour une telle reconstitution historique.

Nicolas Moreno

LA HIJA DE TODAS LAS RABIAS ★★★☆☆

De Laura Baumeister de Montis

Une rareté. Un premier long métrage, venu du Nicaragua, pays qui a très peu – voire jamais – les honneurs du grand écran. Laura Baumeister y raconte la relation fusionnelle entre une mère et sa tout jeune fille, vivant au bord d’une décharge publique et tentant de gagner leur vie dans la vente des chiots. Et comme souvent quand on se trouve au bord de l’abime, un grain de sable suffit à faire tout dérayer. En l’occurrence ici un incident qui empêche la livraison prévue et oblige cette mère à se séparer de son enfant, confiée aux propriétaires d’une usine de recyclage du coin pour travailler au traitement des ordures et qui n’aura qu’un but : retrouver cette mère sans savoir si elle est encore en vie. De ce point de départ à vous briser le cœur, Laura Baumeister ne verse jamais dans le chantage lacrymal. Pas plus que son film ne se vit et ne se voit que comme la caisse- enregistreuse de la misère à l’œuvre dans ce coin du monde. Grâce à la beauté de ses images qui contrastent avec la rudesse du propos. Grâce à son aisance à évoluer dans ce registre du réalisme poétique voire magique qui rappelle Les Bêtes du Sud sauvage. Le tout magnifié par la superbe BO de Para One, le complice habituel de Céline Sciamma.

Thierry Cheze

LOUP Y ES- TU ★★★☆☆

De Clara Bouffartigue

Il y a les enfants et les parents ensemble, les enfants entre eux, les parents avec la psy, les mères avec les pères. Tous vont et viennent dans le centre médico-psy-pédagogique Claude Bernard de Paris, qui accueille mouflets et ados en souffrance. Ils essaient une thérapie collective ou individuelle, un dessin, une discussion. Recherchent la réparation. La réalisatrice Clara Bouffartigue filme l’incommunicabilité d’une famille, le désarroi d’un couple, les larmes d’une petite. C’est riche (quoiqu’un peu trop), rare et bouleversant.

Estelle Aubin

COLARGOL, L'OURS QUI CHANTE ★★★☆☆

De Albert Barillé, Victor Glattauer, Olga Pouchine et Jean- Jacques Thebault

L’ours qui chante fait son grand retour après cinquante ans de mutisme. En 1974, la série Colargol diffusée sur la deuxième chaîne de l’ORTF prenait fin et laissait le petit animal rêveur dans un coin. En 2023, la version restaurée ressort les trois premiers épisodes du placard, et offre au programme des couleurs vives et un air de modernité, sans pour autant effacer les années qui l’ont ridé. Mélange de stop motion et de dessin animé, ce revival de Colargol - au thème musical entêtant - reste une expérience charmante, quoique frustrante puisqu’inachevée (la série est constituée de 53 épisodes). Un plongeon nostalgique délicieux pour ceux qui étaient familiers avec l’ours et ses amis les oiseaux et une manière de faire brièvement connaissance avec son univers pour les autres.

Sarah Deslandes

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PREMIERE A MOYENNEMENT AIME

UN METIER SERIEUX ★★☆☆☆

De Thomas Lilti

Après avoir abordé la question de la santé sous différents angles, Thomas Lilti se penche sur l'éducation. Et la méthode et l'ambition restent les mêmes : raconter la réalité d'une institution à travers des portraits humains, sur un ton à la fois documenté et léger, politique et feel-good. Vincent Lacoste joue Benjamin, prof de maths débutant qui débarque dans un collège "ordinaire" de la banlieue parisienne et va découvrir les problèmes et les joies du job… Mêlant notations impressionnistes sur les difficultés des enseignants et bribes de leurs vies privées, le film se regarde presque comme la première saison condensée d'une série télé, avec son récit calé sur l'année scolaire et ses personnages bien croqués, immédiatement attachants… Carré, très efficace, Un métier sérieux mêle la légèreté et la gravité de façon très programmatique. La copie est tellement propre et prévisible qu'elle finit par donner une impression de superficialité.

Frédéric Foubert

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L’OCEAN VU DU COEUR ★★☆☆☆

De Iolande Cadrin- Rossignol et Marie- Dominique Michaud

Les docus célébrant la nature et alertant sur le péril écologique s’enchaînent sur grand écran et au fond se ressemblent tous, plus préoccupés par les messages à délivrer que par la recherche d’une mise en forme cinématographique. Cette exploration de la biodiversité marine (aux splendides images) suit la même logique mais au moins y échappe t’on aux voix- off lénifiantes et faussement poético- pédagogiques habituelles. Grâce à des intervenants – Hubert Reeves en tête – aussi pertinents que passionnants.

Thierry Cheze

 

Et aussi

High school, de Frederick Wiseman

La Nonne II, de Michael Chaves

 

Les reprises

L’Amour fou, de Jacques Rivette

Hester street, de Joan Micklin Silver