Deadpool & Wolverine
Walt Disney Studios

Outre les superhéros, le blockbuster Marvel beaucoup de clins d'oeil à la vraie vie et la culture populaire. Avez-vous pu les attraper ?

Deadpool & Wolverine entre certainement dans les annales comme l’un des films les plus joyeusement méta de sa génération en multipliant les piques au MCU (et aux super-héros en règle générale) sans avoir trop peur de mettre les pieds dans le plat. Mais certaines références, plus subtiles, peuvent se perdre, éclipsées par le flux de paroles qui s’échappe du masque porté par Ryan Reynolds ou par les séquences d’action spectaculaires du film réalisé par Shawn Levy.

Pourtant, au-delà d’un entre-soi super-héroïque, et comme dans tous les films de la saga Deadpool, les scénaristes ont pris quelques libertés avec le Quatrième Mur, projetant dans ce troisième volet un je-ne-sais-quoi de contemporain, une ribambelle de vannes ancrant résolument le film dans la culture populaire et dans l’imaginaire collectif de 2024.

Voici donc une liste (forcément) non-exhaustive de ces références décryptées. Attention, cet article contient des spoilers !

Deadpool & Wolverine accomplit sa mission [critique]

Un canadien qui en a sa claque

Après une séquence de générique dansée sur le “Bye Bye Bye” de *NSYNC, Deadpool revient au combat contre les sbires du TVA (Tribunal des Variations Anachroniques), qu’il mène armé du seul squelette en adamantium de Wolverine. Choqué face à une scène des plus graphiques, l’un des soldats dénonce ce sacrilège, Logan étant, selon ses mots, “la seule chose valable à être jamais sortie du Canada”. De quoi faire bouillir le sang de notre anti-héros, et sous le masque, de son interprète Ryan Reynolds, originaire de Vancouver, en Colombie-Britannique. “Garde le nom de mon pays hors de ta p*tain de bouche” (ou en VO, “Keep the name of my country out of your f*cking mouth”), lâche-t-il avant de lui envoyer l’un de ses katanas au visage. Ça vous rappelle quelque chose ?

Et oui, il semble que ce soit bien “l’incident” de la gifle de Will Smith aux Oscars que Ryan Reynolds parodie ici. Le 27 mars 2022, lors de la 94ème cérémonie organisée par l’Académie, l’acteur américain était monté sur la scène du Dolby Theater d’Hollywood et avait giflé Chris Rock après une allusion de ce dernier à l’alopécie de sa femme Jada Pinkett-Smith. Retournant s’assoir après ce coup d’éclat (au sens le plus littéral du terme), il avait rugi après son confrère : “Garde le nom de ma femme hors de ta p*utain de bouche”.

Ce n’est pas la première fois cette année que nous avons droit à une référence à cet événement, qui a mis un coup d’arrêt à la carrière de Will Smith. Revenu à l’affiche de Bad Boys en juin dernier, Will Smith, ou plutôt son personnage, se prend une gifle, une manière de boucler la boucle. Rebouclée une fois de plus par son passage dans Deadpool 3.

Objectif Lune

Personne n’est épargné dans la saga Deadpool, pas même des nations entières. D’ailleurs, dans ce dernier opus, Ryan Reynolds a failli se mettre le Danemark à dos. Explications : alors qu'il vient d’accepter de travailler pour le TVA, Deadpool demande quel sera son rythme de travail de voyageur spatio-temporel. Sa préférence ? Une semaine de travail/une semaine off, le rythme privilégié par les Danois selon lui. Toujours selon ses dires : “Vous ne verrez jamais de drapeau danois sur la lune, mais bon sang, qu’est-ce qu’ils sont heureux !”

Peut-être une référence à la Copenhagen Suborbitals, ONG amatrice créée avec l’objectif d’envoyer un équipage en orbite ? Composée de cinquante-cinq bénévoles, Copenhagen Suborbitals est censée concurrencer la Russie, les Etats-Unis et la Chine et devenir la quatrième nation à envoyer un humain dans l’espace.

Interrogé à ce propos lors d’une conférence de presse londonienne, Reynolds rétropédale avec humour : 

“Ecoutez le Danemark, c'était une blague. Je ne pense pas qu'ils aient une organisation de travail une semaine/une semaine. Je suis allé plusieurs fois au Danemark et à Copenhague. C'est un endroit très beau. Ils savent comment vivre.”

Surtout, restez bien jusqu’au bout du générique de Deadpool & Wolverine
2024 Marvel/20th Century Fox

MJ pour...?

Autre star, autre scandale. Will Smith n’est pas le seul à se prendre un petit tacle dans Deadpool 3. Depuis qu’il a été contacté par le TVA et Mr Paradoxe, Wade Wilson alias Deadpool a décidé de s’en attribuer un autre, d’alias : Marvel Jésus. Tout ça parce que tout ce qu’il a retenu des enjeux compliqués du multivers et de son univers en particulier, c’est qu’il existe des “agglomérateurs” autour desquels les différents mondes sont construits. Qu’on lui explique que l’agglomérateur de son monde était Logan n’y change rien : Deadpool s’auto-proclame nouveau Messie du Marvel Cinematic Universe, aka Marvel Jésus. 

Plus tard dans le film, Deadpool et Wolverine font la connaissance de Cassandra Nova dans le Vortex. Deadpool se présente à la jumelle de Charles Xavier comme le “Marvel Jesus, MJ pour les intimes”. Une traduction française qui ne fait pas honneur à la version originale, qui dit plutôt : “MJ if you’re nasty”. Autrement dit, “MJ pour les vilains”. Une manière de faire référence à un autre MJ très connu, aussi bien pour être le Roi de la Pop que pour les accusations d’agressions sexuelles qui se sont multipliées à son encontre à partir des années 1990. Un certain Michael Jackson.

Mélomania

Hugh Jackman lui-même est la cible des railleries de Wade Wilson. Juste avant la sortie du film, la bande-originale en avait été dévoilée, et révélait que la chanson "The Greatest Show", tirée d’une comédie musicale produite et interprétée pour le grand écran par Hugh Jackman, pourrait être entendue dans le film. C’est bien le cas, même si ce happening furtif aura sûrement échappé à ceux qui ont un souvenir trop lointain du film et de sa BO.

Lancés dans un road trip en plein milieu d’un Vortex peuplé de milles dangers, Deadpool et Wolverine échangent une flopée d’injures, vite transformée en bagarre sophistiquée confinée à l’habitacle du monospace à bord duquelle ils voyageaient. Bousculé, Logan se heurte à l’autoradio de la voiture, qui se met en marche. On a le temps d’entendre le début d’une mélodie chantée par un choeur avant que Wolverine ne retape dans la machine et que le fameux “You’re The One That I Want” d'Olivia Newton-John et John Travolta ne se lance.

Vous l’aurez compris, la première chanson entendue était bien “The Greatest Show”, qu’on n’aura finalement pas eu le loisir d’écouter en entier. Comme un pied-de-nez adressé aux fans de The Greatest Showman ou de Hugh Jackman.

Mais ce n’est pas la seule référence à la carrière de l’acteur australien, commencée, comme beaucoup le savent déjà, sur les planches. Dans l’enceinte de la forteresse de Cassandra Nova (qui est en fait l’armure d’Antman), face à la super-vilaine, Deadpool menace de laisser Jackman interpréter "tout l'acte 2 de The Music Man sans avoir à s'échauffer". Ce musical de Broadway créé dans les années 1950 a été interprété sur scène par Hugh Jackman en 2020. Une blague qui a d’autant plus de poids lorsqu’on sait qu’une scène, finalement coupée du scénario, voyait l’acteur interpréter (nu, il le précise), une reprise de "I Guess That’s Why They Call It The Blues" d’Elton John. Un acte manqué ?

The Greatest Showman
2017 Twentieth Century Fox FIlm Corp. All Rights Reserved.

Peace and love

Autre référence liée à cette scène de castagne à l’étroit, le “COEXIST” visible à l’arrière de la voiture, et qui semble faire un clin d'œil à la mésentente de Logan et Wade Wilson, existe vraiment. Il s’agit d’une image designée par un artiste polonais, Piotr Młodożeniec dans le cadre d’un concours autour des thèmes du dialogue, de la compréhension et de la coexistence organisé au début des années 2000.

Repris par le groupe de rock U2 lors du Vertigo Tour, ce logo voit le mot “COEXIST” écrit en majuscule, avec un croissant islamique à la place du C, une étoile de David à la place du X et une croix chrétienne à la place du T. Celui que l’on voit dans le film est plus complet, avec aussi un signe “Peace and Love” à la place du O, un mélange des symbole masculin et féminin en guise de E, un pentagramme pour remplacer le point du I et le symbole du Yin et du Yang autour du S.

Cette version a été popularisée par un Américain nommé Jerry Jaspar, et déclinée comme autocollant de pare-chocs en réaction à la guerre menée sur les sols irakiens et afghans après les attentats du 11-septembre.

Dans Deadpool & Wolverine, elle est reprise pour établir un parallèle ironique entre l’état d’esprit pacifiste de Nicepool – qui prête gentiment sa voiture aux deux anti-héros – et la désaffection régnant entre les deux compagnons de voyage.

Un divorce à l’amiable ?

Elektra fait son grand retour dans Deadpool & Wolverine. Ça y est, c’est dit.

Mais outre le personnage, c’est surtout Jennifer Garner qui revient manier le saï : dix-neuf ans après la sortie du film Elektra sous la bannière de la Fox, vingt-et-un ans après celle de Daredevil, sur le tournage duquel elle se glisse dans la peau de la tueuse à gages pour la première fois.

C’est aussi à cette occasion que Jennifer Garner et Ben Affleck, qui prête ses traits au personnage de Daredevil, sont – selon les rumeurs – tombés amoureux, quelques années après le tournage de Pearl Harbor sur lequel ils s’étaient rencontrés.

Dans Deadpool 3, malgré la prolifération des caméos, pas de Daredevil ni de Ben Affleck en vue. La raison ? Selon Elektra, Cassandra Nova aurait tué le super-héros d’un claquement de ses doigts filandreux. Mais quand Deadpool lui présente ses condoléances, elle hausse les épaules avant de répondre : “C’est pas grave”. En somme, une petite pique grinçante lancée à son ex-compagnon, depuis remarié à Jennifer Lopez qu’il fréquentait déjà dans les années 2000.

7 références de Deadpool & Wolverine à côté desquelles vous êtes peut-être passés
20th Century Fox

Une proposition que Ryan Reynolds ne peut pas refuser

Ryan Reynolds lui-même n’échappe pas à la dérision cinglante de Deadpool et de son scénario. En plus d’être confronté à une version parfaite de lui-même – Nicepool –, le super-anti-héros voit également cet alter-ego jouer à son propre jeu, briser le Quatrième Mur, et susurrer à la caméra (de manière très aléatoire, il faut le dire) deux mots : "The Proposal."

La Proposition est une comédie romantique sortie en 2009. Ryan Reynolds et Sandra Bullock y jouent un employé et sa patronne, forcés de se fiancer quand cette dernière découvre que sa green card n’est plus à jour.

Nommé aux Golden Globes, aux Satellite Awards et aux Teen Choice Awards, La Proposition est rapidement un classique de la filmographie de Reynolds, et du genre de la rom-com en général.

En famille

D’une certaine façon, Deadpool 3 est un film familial. Il faut simplement passer outre son interdiction au moins de 12 ans et se tourner vers la vie privée de Ryan Reynolds, que ce dernier y infuse sans vergogne.

Blake Lively, son épouse, est en tête des occurrences. C’est elle qui se cache sous le masque de Lady Deadpool lors de la bataille des Pools. Mais avant cela, le film fait références à l’actrice plusieurs fois.

Dès la scène d’ouverture, Deadpool fait un clin d'oeil pas très subtil à la série qui a fait connaître l’actrice américaine dans les années 2000 : “Il y a 206 os dans le corps humain, dit-il. 207 si je regarde Gossip Girl”. Une image salace, certes, mais qui fait référence à sa femme sans détour.

Plus tard, c’est Nicepool qui tease l’arrivée de Blake Lively en Lady Deadpool en faisant référence au récent accouchement de la super-héroïne. “On ne dirait pas qu’elle a accouché il y a quatre mois”, s’exclame-t-il, avant que Deadpool ne lui rappelle que le physique d’une femme ne se commente pas. Pourtant, c’est bien le cas, puisque l’interprète de Serena van der Woodsen de Gossip Girl a récemment mis au monde leur quatrième enfant.

Après ça, Deadpool déplore des mains baladeuses et menace de s’en “plaindre à Blake”.

Mais l’actrice n’est pas la seule membre de la famille Reynolds que Ryan a réussi à caser dans son casting et sa myriade de références, puisque certains de leurs enfants apparaissent au générique du film. Leur fils James est crédité en tant que “mutant qui hurle” et Inez interprète Kidpool. Quant à Betty, c’est sous la désignation “gardienne de Hugh Jackman” (elle fêtera ses 5 ans en octobre) qu’on la retrouve dans les crédits de fin, ce qui nous donne l'image d'un tournage très familial.

Lady Deadpool – Blake Lively
2024 20th Century Fox/2024 Marvel

Deadpool & Wolverine, avec Ryan Reynolds, Hugh Jackman et Emma Corrin, est actuellement à découvrir dans les salles de cinéma.