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Le film d'esclavage de Nate Parker a reçu une très longue standing ovation au Festival, où il était présenté en avant-première.

Le buzz du Festival de Sundance 2016, qui se tient dans les montagnes de l'Utah jusqu'à dimanche, c'est ça : The Birth of a Nation (juste Birth of a Nation pour le marché outre-Atlantique), première réalisation de l’acteur Nate Parker, également scénariste, producteur et interprète du rôle principal de son film, dont les droits internationaux viennent d’être acquis par la Fox pour 17,5 millions de dollars. Selon THR, il s’agirait de la plus grosse somme jamais versé en Festival pour l’acquisition d’un film terminé, Cannes, Berlin et Toronto inclus, et Netflix proposait plus encore (20 millions de billets verts) pour acheter l'œuvre présentée par les médias comme "le film coup-de-poing du Festival".

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Très longuement applaudi à la fin de sa présentation dans la catégorie compétitive US Dramatic (THR parle de "la plus longue standing ovation récemment vue en festival"), The Birth of a Nation raconte la véritable histoire du prédicateur et esclave cultivé Nat Turner juste avant la Guerre Civile américaine. En plein coeur de la Virginie, son propriétaire Samuel Turner (Armie Hammer), financièrement sous pression, accepte une offre visant à utiliser les dons de prédication de Nat dans le but d’assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, Nate conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté. D’où le titre du long-métrage, donc, audacieusement emprunté à D.W. Griffith. En 1915, La Naissance d'une Nation est l’un des premiers blockbusters hollywoodiens, qui marquera notamment les esprits pour être un film outrageusement raciste dans son point de vue et faisant l'apologie du Ku Klux Klan.

 

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Le nouveau Twelve Years a Slave ? 

Du côté de la critique, la presse est enthousiatse mais laisse sentir de légères réserves. Indiewire, par exemple, salue "le message de fond du film qui mérite l’éloge" tout en soulignant la "violence viscérale" qu'il contient. The Hollywood Reporter est moins tendre sur ce dernier point, parlant de "brutalité de l’homme blanc sur l’homme noir pouvant parfois aller jusqu’au gore". "Aussi bien imprégné d'horreur que de grâce, le dénouement du film appelle l’émotion du spectateur en plus de causer un inévitable malaise", poursuit la revue US. Et Variety de conclure : "The Birth of a Nation suscite un sérieux débat sur la nécessité et les limites de l’empathie, sur la moralité des représailles par la violence mais aussi sur la lutte des noirs pour l’égalité et la justice, un sujet encore d’actualité aux Etats-Unis". A titre de comparaison, les médias anglo-saxons sont plusieurs à citer le célèbre Braveheart, de Mel Gibson. Rien que ça.

"J’ai fait ce film pour une raison : l’espoir de faire changer les mentalités en touchant les gens. Qu’ils se rendent compte qu’il y a des systèmes corrompus" a expliqué le réalisateur lors d’un question-réponse suivant la projection. Face à tant de louanges pour un film qui traite d’un sujet aussi brûlant, les médias préssentent déjà Nate Parker comme un gros challenger pour les Oscars 2017. The Birth of a Nation sur les traces de Twelve Years a Slave ? Voilà qui permettrait au hashtag #OscarSoWhite de ne pas s’imposer en trending topic l’an prochain. Et aux films indé de bénéficier d’une meilleure visibilité auprès de l’Académie. 

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