Brad Ingelsby a toujours le truc pour raconter des histoires criminelles à fleur de peau. Sa nouvelle série est un fascinant canevas dramatique, qui offre à tous ses acteurs un terrain d'expression exceptionnel.
HBO sait toujours imposer son aura mythique dans le paysage de la télévision de prestige. Sa nouvelle mini-série événement, Task - qui arrive aujourd'hui en France sur HBO Max - est encore un bijou de drame criminel en sourdine, écrit avec soin par Brad Ingelsby, qui confirme, quatre ans après Mare of Easttown, qu’il a toujours le chic pour raconter des histoires simples avec une intensité saisissante.
L’auteur nous devait une petite revanche après le décevant téléfilm Echo Valley (sur Apple TV+ cette année). Il se rattrape avec brio en imaginant un nouveau jeu du chat et de la souris, une nouvelle histoire de flics déprimés, qui courent après des criminels embourbés dans une vie de misère. Non, Ingelsby ne renverse pas la table. Dans Task, on retrouve les thématiques qui ont fait le succès de Mare of Easttown : une méditation sur le deuil, la famille et les afflictions du travail de police dans un milieu social abîmé par la drogue et la pauvreté. D’ailleurs, le décorum est le même. Ingelsby, natif de Philadelphie, reste dans le fin fond de la verte Pennsylvanie pour ausculter les âmes torturées qui l’habitent.
Au centre de l’histoire, il y a Robbie, un père célibataire paumé après le départ de sa femme et la mort de son frère, qui décide de braquer des maisons appartenant à un cartel local. Avec son crew, il s’accapare l’argent de la drogue et n’hésite pas à flinguer si nécessaire. Après qu’une de ses descentes a viré au bain de sang, le FBI ordonne la création d’une Task Force, une équipe spéciale dédiée à la traque du mystérieux gang, dirigée par un agent dépressif.
VIOLENCE BRUTE
Aucun doute, Task est une pure série criminelle HBO. Le genre de polar poisseux dont on n’arrive pas à se défaire. Pas vraiment spectaculaire, un peu lent aux entournures, mais tellement fascinant au bout du compte. L’intrigue a beau être largement éculée, Ingelsby la raconte avec une force dramatique qui fait désormais son style.
Comme pour Mare of Easttown, son propos va bien au-delà de la simple enquête policière : il dresse le portrait de gens malmenés par la vie, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre de la loi. Chaque épisode explore minutieusement le traumatisme et la douleur. Au croisement d’une séance chez le psy et d’une confession chez le curé, Task parle aussi de rédemption avec une puissance émotionnelle qui résonne en chacun de nous. Tout cela n’est pas très rigolo, mais c’est diablement captivant. Parce que l’enquête ne manque pas de rebondissements cinglants. Visuellement, psychologiquement, la série assume une violence brute qui fascine.
Et surtout parce que le casting rend admirablement justice aux mots du scénariste. En tête d’affiche, Mark Ruffalo se glisse dans la peau d’un vieux flic désabusé, bien loin de Bruce Banner, prêt à entamer sa carrière post-MCU.
Mais c’est Tom Pelphrey qui capte véritablement la lumière. On avait déjà eu un aperçu de son talent dans Ozark. Ici, il crève l’écran, insufflant à son personnage une compassion usée et une tendresse endurcie absolument renversantes. Sa performance épuisée et désespérée éclipse tout le reste. Comme Kate Winslet lorsqu’elle était Mare.
Task, mini-série en 7 épisodes, à voir chaque lundi en France sur HBO Max.







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