Alors que la saison 2 se termine, rencontre avec l'interprète de Moira, qui nous parle de son parcours, de son rôle et de l'impact de la série.
Dans quelques heures, la saison 2 de The Handmaid's Tale prendra fin sur Hulu et en France sur OCS. En attendant ce dernier épisode, qui promet d'être épique et puissant, on a rencontré l'actrice Samira Wiley. L'interprète de Moira était invitée au 58e Festival de Télévision de Monte-Carlo, le mois dernier. Elle nous parle de la série, de son rôle, et de son parcours unique, celui d'une actrice afro-américaine, gay et fille de pasteur.
Le créateur de Handmaid's Tale nous dit toutAprès votre rôle dans Orange is the New Black, vous avez hésité à accepter ce rôle dans Handmaid's Tale ?
Samira Wiley : Oui, c'est exact. Dès le début de ma carrière, j'ai eu cette peur d'être cataloguée comme une actrice gay. Mais une proche a réussi à me convaincre que c'était une bonne chose et je ne regrette pas. Mais c'est vrai que je ressens une certaine responsabilité (à jouer ces rôles). Je représente une certaine communauté, j'en suis bien consciente. Je prends le terme de "rôle model" très à coeur.
Quels sont vos modèles justement, dans la vie ?
Angela Bassett, c'est vraiment une actrice que je regardais avec admiration quand j'étais plus jeune. Et puis il y a aussi mes parents. J'en parle beaucoup, ce sont vraiment mes modèles. Tous les deux sont des pasteurs. La première chose qu'ils ont fait dans leur église, ce fut de faire de ma mère l'égale de mon père. Alors on a perdu un tiers de nos paroissiens (rires) Ensuite on a ouvert l'église à tout le monde, à toutes les orientations sexuelles, et on a encore perdu un autre tiers ! Mais mes parents n'ont jamais changé de cap. Ils sont restés fidèles à eux-mêmes. Même si les gens partaient. Ça, je suis admirative.
Des fans vous ont déjà interpellé dans la rue, pour vous dire que vos personnages, vos séries, avaient changé leur vie ?
Oui, c'est déjà arrivé qu'on vienne de me voir, pour me dire ça. C'est très touchant, surtout quand ça vient de jeunes femmes qui font leur coming-out. Des femmes à qui leur famille a tourné le dos, qui ont parfois fait des tentatives de suicide... Elles me contactent dans la rue directement, mais surtout sur les réseaux sociaux, depuis le monde entier... Face à de telles situations, je me rends compte que ce n'est pas facile trouver les mots, ce sont vraiment des sujets très durs à aborder. Rien que d'y penser, ça me donne souvent envie de pleurer...
À l'inverse, ça vous arrive de vous faire engueuler dans la rue, par des gens qui sont totalement opposés à Handmaid's Tale et à son message ?
C'est vrai que la plupart du temps, en tant qu'actrice, on croise des gens qui vous félicitent et qui vous disent que la série est super. Mais il y a aussi des voix dissonantes, et je crois qu'il faut savoir les écouter. Il ne faut pas fermer le débat. Parce que c'est en refusant d'écouter les autres opinions, que l'histoire de The Handmaid's Tale est arrivée là où elle est arrivée...
Selon vous, la série a encore plus de poids, dans le contexte du mouvement #Meetoo ?
Oui, bien sûr qu'on a une responsabilité dans ce contexte. Ce n'est pas tellement qu'on écrit spécifiquement en lien avec #Metoo. Mais c'est vrai que notre série est liée à tout ça de manière fortuite. Malheureusement... C'est sûr que c'est une époque très propice pour Handmaid's Tale. On a vu que la première saison était très en phase avec l'actualité politique américaine. Aujourd'hui, par rapport à #Metoo, la série a une autre résonance et montre à quel point les femmes peuvent être fortes. A Gilead justement, on monte femmes les unes contre les autres. Les épouses se méfient des Martha, qui se méfient des Servantes... je suis fière des femmes et fière d'être une femme, plus que jamais. On fait changer les choses...
Vous réussissez à laisser Moira, Gilead et l'univers de Handamaid's Tale derrière vous, une fois sortie du plateau ?
Je m'efforce de laisser mon personnage derrière moi tous les soirs. C'est un truc indispensable qu'on apprend à l'école d'art dramatique. Quand on incarne un rôle trop dur, vraiment horrible, on ne peut pas rentrer avec à la maison, parler avec nos proches comme si de rien n'était... Ca peut avoir des conséquences sur votre santé mentale, de rester dans ce genre de rôle ! Donc c'est vraiment important de séparer les deux.
Qu'est-ce que vous répondez aux gens qui trouvent la série parfois trop dure à regarder ?
Je suis tout à fait d'accord avec ça ! Je fais partie de ceux qui ont du mal à regarder la série d'une traite. C'est très compliqué de Binge-Watcher The Handmaid's Tale. C'est certainement la dernière chose à faire avec cette série. Ne faites pas ça ! (rires) Je crois qu'il faut prendre son temps, même en regardant un seul épisode la fois. Il faut prendre le temps de digérer toutes les informations et tous les drames qui se produisent à l'écran. Parfois, notre histoire est tellement violente...
Commentaires