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De ce fait divers qui a marqué l’Argentine, Pablo Trapero tire une tragi-comédie à la mise en scène flamboyante (il n’a jamais autant utilisé le plan-séquence). Il filme une entreprise familiale diabolique soudée par une solidarité jusqu’au-boutiste, soumise à l’autorité du père et nourrie par l’incompréhensible passivité de la mère. Chez les Puccio, on dîne en affectant d’ignorer les cris d’une victime enfermée dans la cave – symbole d’une réalité ahurissante où enlèvements et meurtres perturbent à peine le train-train quotidien. Ce n’est pas tant l’organisation mafieuse et le sous-texte politique (nous sommes à la fin des années de plomb) qui intéressent le cinéaste, que la relation père-fils perverse entre Alejandro et son père (fabuleux Guillermo Francella) charismatique et démoniaque. Un film dérangeant qui interroge le libre-arbitre, doublé de l’étonnant portrait d’un monstre.
Toutes les critiques de El Clan
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Cette horreur (...) Pablo Trapero la met en scène avec une sorte de rayonnante légèreté (tunnels musicaux pop ou jazzy, lumière cuivrée, tranquillité des beaux quartiers de la capitale, narration joueuse), qui ne fait qu’accuser la monstruosité du clan et, plus largement, de la société, qui a rendu possibles ses agissements.
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Plutôt que de verser dans le drame ultraréaliste, genre qu'il maîtrise pourtant, Trapero change de braquet et plonge les mains dans le cinéma de genre, emprunte au polar, entretient la tension, ose de sacrés plans-séquences, et agrémente la violence d'une bande-son rock'n roll qui évoque furieusement les marottes scorsésiennes.
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Et la relation entre le père et le fils est d’une extrême perversité dans ce film fort, déroutant, perturbant, qui dresse un portrait glaçant des Puccio.
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On dirait presque du Scorsese, par moments, à une différence (de taille) près : la culpabilité est absente et la grâce, inconnue.
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Thriller scorsesien, "El Clan" a reçu le Lion d’argent 2015 du meilleur réalisateur au festival de Venise.
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Le Lion d’argent de la Mostra de Venise a récompensé le cinéaste argentin célébrant la virtuosité d’un film âpre où la relation d’un fils sportif de haut niveau et d’un père castrateur est passée au crible avec une froideur étonnante.
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Un film mené à un train d’enfer.
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Le mélange de ces procédés peut paraître un peu tape-à-l’œil mais le fait divers est grandiose, traité dans un tourbillon captivant avec un casting impeccable.
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Les activités criminelles d'une famille dysfonctionnelle, filmées avec une indéniable efficacité, mais dont le récit reste superficiel et anecdotique.
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En plaçant vies familiale et criminelle sur un même plan, et en s’appuyant sur un tapis musical pop et dynamique, Trapero s’inspire manifestement du Scorsese des Affranchis. Cela fonctionne certes, mais sans faire oublier le modèle.
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Le problème du film est qu’en évacuant trop vite l’indécence du système qui a pu amener à de tels faits divers, il rend seulement compte d’une association de malfaiteurs, ici quasiment glamourisés par une musique pop et un traitement du son qui fait la part belle aux hurlements des victimes ou aux vociférations des membres de la famille Puccio, arrêtés en 1985.
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Même si certains passages semblent redondants, ce thriller historique est porté par une mise en scène maîtrisée et un acteur principal magnétique et glaçant.
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Jouissance du meurtre et orgasme se mélangent, dans une allégorie sonore pour le moins étrange, disant sans doute tout du plaisir que va prendre Trapero à démontrer, comme un adolescent surexcité, tout son brio.
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Trapero opte pour le film de genre (plutôt policier) à l’américaine. C’est un peu la limite de cette œuvre trop montée, trop musiquée, qui conserve néanmoins un peu de charme et de naturel.