C'est un lieu tentaculaire. Plus de deux millions de patients se croisent chaque année dans l'hôpital numéro 6 de Shangaï. Ye Ye, réalisatrice franco-chinoise y a planté ses caméras pour suivre cinq patients au destin différents. Il y a une enfant qui, alors qu'elle jouait dans la rue, s'est fait écraser la main par un bus ; une jeune ado qui se remet d'un terrible accident de voiture, veillée par son papa étrangement euphorique qui chante dans les couloirs ; un paysan qui après être tombé d'un arbre s'est cassé la colonne vertébrale ; un homme d'âge mur qui rejoint l'hôpital après s'être cassé le genou et une vieille dame gardée par son vieux mari. Contrairement aux films de Raymond Depardon ou de Frederick Wiseman, H6 ne s’aventure jamais sur le terrain institutionnel ou politique. La cinéaste « se contente » d’enregistrer des instantanés de vies. Elle capte la détresse psychologique des malades, leur misère sociale parfois, les épreuves qu'ils traversent, les solidarités comme la solitude... Et malgré tout cela, le film de Ye Ye ne verse jamais dans le misérabilisme. Elle montre au contraire l'extraordinaire force de résilience de ces gens, leur manière de se remettre debout après avoir été renversés par la vie. Poétique, drôle, touchant, émouvant... H6 est la photographie d'un lieu et des gens qui y passent. A un niveau plus symbolique, le film raconte aussi le rapport d'un peuple à la maladie, à la vie et à la mort. A sa culture. C’est assez fascinant.