Première
par Christophe Carrière
Fort narvalo. Sous leurs allures de marlous de banlieue, ces cinq-là avaient bien préparé leur casse : du matos informatique dans un hangar à peine gardé, de surcroît un 14 juillet dans la banlieue de Strasbourg... Non décidément, ça sentait bon. Jusqu'à ce qu'une poignée de superflics viennent se réfugier, avec aux trousses, des centaines de tueurs. Et de bon, ça s'est mis à sentir la poudre... Bonne-action. Ca s'appelle l'effet de surprise : Florent Emilio Siri frappe là où on ne l'attend pas puisque partout. Un déluge balistique, une tempête de cascade, des monceaux de cadavres... L'effet est d'autant plus assuré que personne ne connaît ledit Florent-Emilio Siri, et que même les consciencieux l'ayant vu l'âprement bon "Une minute de silence" premier long sorti à une vitesse éclair, ne peuvent s'attendre à un second de cet acabit - ou plutôt de ce calibre. Car question ambition, Siri vise désormais la taille XXL. La référence cinoche américain en général et au western en particulier annonce la couleur : l'efficacité est maniée au marteau pilon, chaque scène valant son pesant de technique. Le specateur au mieus décoiffé, au pire sonné, passera alors outre, les quelques fossés jalonnant le scénario dont le contenu est certes moins bien ficelé que le contenant. Les ressorts dramatiques quelques peu émoussés, le vieux débat sur la violence gratuite ne manquera pas de chatouiller les plus chatouilleux. Sauf qu'ici, la violence est payante. En sonnantes et trébuchante. Car a-t-on déjà vu les gens assiégés et armés se laisser envahir et tuer, surtout quand il s'appellent Magimel, Greggory ou Farès, impeccables dans leurs personnages taillés dans le granit ? Alors oui, ça dézingue. Beaucoup. Mais d'un point de vue stricto personnel Nid de Guêpes impressionne par sa maîtrise du découpage, savamment apprise par Siri au gré d'une vorace cinéphilie. Trop référencé pour révolutionner le genre, le film n'en demeure pas moins un spectacle carabiné et, bien que moyennement dialogué, un pas de plus vers la langue française : il n'y a plus aucune honte à parler divertissement plutôt que d'entertainement.