-
Après une demi-douzaine de films primés en festivals (dont l’excellent Fiore en 2016), Claudio Giovannesi semble avoir décidé de s’aventurer sur les traces de Matteo Garrone. Après avoir réalisé deux épisodes de la deuxième saison de Gomorra, le voici aux commandes de sa propre adaptation d’un roman de Roberto Saviano (auteur du roman dont est tirée la série). Une nouvelle plongée dans le quotidien de la mafia napolitaine mais cette fois à travers le prisme de la relève, ces gamins de 10 à 15 ans aspirant à monter très haut et très vite au sommet d’une hiérarchie dont ils dévorent tout cru des chefs historiques déjà bien mal en point. L’ombre de Garrone aurait pu être écrasante. Il n’en est rien. Certes, Piranhas n’a pas la même puissance que Gomorra. Mais dans ce genre à part que constitue le film de mafia, Giovannesi sait affirmer sa singularité. Conscient de la qualité du matériau qu’il a entre les mains (prix du scénario à Venise), il le porte à l’écran sans surenchérir inutilement. Nul besoin de caméra parkinsonienne pour traduire le feu intérieur qui consume ses personnages et cette victoire par KO du nouveau monde contre l’ancien, véritable cadavre à la renverse. Giovannesi pose au contraire les choses pour mieux souligner le charisme ravageur de celui (impressionnant Francesco Di Napoli) qui aspire à devenir le leader de cette bande sans autre loi que celle du plus malin et du plus fort. Il joue la carte du réalisme au lieu de la facilité d’une ultrastylisation de la violence. On n’avait donc pas encore tout dit sur la mafia...