- Première
Dans ce foyer de Bogotá, les visages et les corps sont marqués par la rue et ses vices tentaculaires : armes, drogue, sexe. Dans cette ambiance captée par une photographie remarquable, les stéréotypes sont flagrants, mais singulièrement parlants. Leur exacerbation donne à voir la construction du mécanisme de la masculinité, ses codes et ses injonctions. Carlos pourrait s’y conformer parfaitement. Et pourtant, celui qui se fait appeler « frère », « mec », fait tache par sa fragilité et sa vulnérabilité qui subliment l’écran. Lui et son « corps de meuf », son identité qu’il cherche et ses failles qu’il cache. Un Varón devient le récit d’apprentissage de ce garçon bouleversant qui n’a d’autre choix que de devenir un vrai « varón » (homme) et un bon fils, au sacrifice de sa nature profonde. C’est un film mal élevé que Fabian Hernández nous livre avec une tendresse déchirante.
Lou Hupel