Le créateur de la série Les Revenants signe avec K.O un thriller fantastique réussi.
Avant Les Revenants, il y a eu Simon Werner a disparu…, chronique des années lycée dans lequel le fantastique s’immisçait dans le naturalisme. Fabrice Gobert y démontrait déjà son attirance pour les narrations ambiguës et flottantes, un peu à la façon d’un Gus Van Sant. Chez lui tout est affaire de perception d’une réalité donnée comme vraisemblable qui glisse imperceptiblement dans le surnaturel. Au début de K.O, les faits sont clairs : Antoine Leconte est le patron arrogant d’une chaîne de télévision et le compagnon odieux de Solange. Un être déplaisant sans cesse en mouvement qu’un acte de vengeance (perpétré par un présentateur humilié) va plonger dans l’immobilité. À son réveil d’un long coma, sa réalité (et la nôtre) ne sera plus la même. Il va tenter de la retrouver au prix de révélations stupéfiantes.
Des références assumées
Gobert n’est pas un manchot. D’une précision diabolique, sa mise en scène ambitieuse épouse le pas pressé du héros, à grand renfort de plans-séquence étudiés, avant de l’accompagner plus discrètement dans sa stase momentanée. Il dissémine par ailleurs à l’image des indices, plus ou moins visibles, qui donnent des indications sur l’état mental du héros dont on comprend progressivement qu’il se situe dans une zone intermédiaire, entre rêve et réalité. Jonze, Lynch, Fincher sont convoqués dans ce qui s’apparente moins à des hommages appuyés qu’à des clins d’œil métas fonctionnant comme des balises, des points d’ancrage. On est en terrain connu –c’est la limite de l’exercice- mais c’est tout de même plus excitant et ludique qu’à peu près n’importe quel film d’auteur intimiste français.
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