Le film de Nanni Moretti revient ce mercredi soir sur Arte.
Nanni Moretti ne tire pas à boulets rouges sur l’Église mais signe un film plaisant.
Recadrons tout de suite : on attendait une charge anticléricale, un film iconoclaste contre le pape et le pouvoir d’une Église vacillante signé par l’irréductible gauchiste transalpin. Habemus papam n’est rien de tout cela. Le film de Moretti est une petite fable existentielle sur la crise d’un homme perclus de doute. La psychanalyse d’un homme au bord du gouffre. « Dois-je foncer dans l’abîme ? Accepter une charge que tout le monde refuse ? Ou dois-je reprendre ma liberté ? ». Michel Piccoli en souverain presque pontife évite le pontifiant et apporte une belle fraîcheur à ce pape trop humain. Moretti le filme littéralement en vacances romaines, croisant un psy, sa femme et des acteurs. Une errance qui va le faire vaciller…
Nanni Moretti : "Le cinéma n'a aucun rôle thérapeutique"Le plus réussi d’Habemus Papam n’est pas là. C’est le début du film, la manière dont Moretti croque le conclave. Renouant avec la satire de la vraie comédie italienne, il montre le saint des saints comme une réunion de vieux farceurs qui jouent au puzzle, organisent un tournoi de volleyball et sont comme des écoliers dans la cour de récré. Question cinéma, ce n’est pas forcément divin (et impossible de ne pas penser à ce qu’aurait pu faire un type comme Sorrentino avec ce sujet quand on voit les parties de volleyball), mais la satire et l’humour tendre et vachard de Moretti suffisent à prendre du plaisir.
Par Gaël Golhen
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