Isabelle Adjani / Possession 1981
Gaumont
 / Pierre Perusseau

L'actrice française se considère comme une "survivante" lorsqu’elle se souvient de sa collaboration avec Andrzej Żuławsk.

Isabelle Adjani feat Adèle Exarchopoulos : les deux actrices se sont prêtées au jeu du magazine Interview dans une discussion à deux, d’une complicité étonnante, autour des choix de carrière, de leur rapport au cinéma, à leur métier, à elles-mêmes. Deux actrices, deux femmes qui se sont finalement retrouvées dans leur parcours respectif, en se remémorant notamment les directions d’acteurs "non-conventionnelles" auxquelles elles ont été confrontées très jeunes, mais desquelles sont nés ces rôles qui les ont changées à jamais : pour l’une, sa collaboration avec le controversé Abdellatif Kechiche dans La Vie d’Adèle (2013) qui a propulsé sa carrière ; pour l’autre, la direction hantée et passionnée d’Andrzej Żuławsk dans un thriller dérangeant devenu culte, Possession (1981).


 

Alors qu’elle interroge Adèle Exarchopoulos sur ses débuts au cinéma et sa première Palme d’Or à seulement 19 ans, Isabelle Adjani se questionne : "Je me demande souvent, quand une personne est actrice, si elle est capable de surmonter tout ce qu'on lui inflige", avant de "se permettre" une comparaison avec sa propre carrière et sa collaboration avec Andrzej Żuławsk, dans Possession. Elle y offre une prestation physique hallucinante, hystérique et violente, dans le rôle d’Anna.

Le cinéaste polonais filme l’implosion d’un couple en explorant les psychoses les plus enfouies de son actrice qui recevra pour sa grande interprétation un premier César en 1982. Et le spectateur n’est pas le seul à avoir été malmené : plus de 40 ans après, consciente de la perversité qui se jouait, l'actrice se souvient de ce rôle comme "quelque chose de très violent" qu’elle "ne pourrait plus jamais accepter".

"Je me demande si le métier d'acteur n'a pas été un peu malsain à certaines périodes de ma vie, non ?", lance-t-elle rhétoriquement à Adèle Exarchopoulos.

Lorsque l’actrice à l’affiche de Passages (dans une romance sexuelle à nouveau très contemporainese livre sur la lourde charge émotionnelle qu’a représenté le tournage de La Vie d’Adèle à ses débuts, Adjani tente de la rassurer sur cette capacité de "faire une place en soi à un personnage", dans une relation presque mère/fille qu’Adèle Exachopoulos qualifie humblement de relation icône/actrice :

 "De grandes actrices ont été dévorées de l'intérieur. […] Et c'est ce que je trouve si beau chez vous, c'est que vous avez une ferveur, une spontanéité, une force de vie", confie Isabelle Adjani.

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L'actrice française devenue incontournable n’a ensuite pas hésité à prodiguer ses conseils sur le besoin de s’entourer dans un métier qui, d’après elle, ne "facilite un état d'esprit heureux", où il est possible "de se perdre" et pour lequel elle s’est souvent oubliée. Elle a notamment fait référence à sa pause après le tournage éprouvant de Possession, qui lui a été très vite reprochée.

"Je me considère comme une survivante pour de nombreuses raisons, comme quelqu'un qui met sa vie dans son travail", assume-t-elle en soumettant affectueusement à Adèle Exarchopoulos l’idée qu’elle en serait elle aussi une.

Deux héroïnes romantiques dont les carrières se sont construites avec l'héritage controversé des films de leurs débuts, et qui partageront prochainement l’affiche dans le nouveau film de Mélanie Laurent, Voleuses, un "Mission Impossible au féminin" qui sera disponible sur Netflix dès le 1er novembre prochain.

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