Le Mystère de la chambre jaune ressemble à du Blake Edwards scénarisé par Agatha Christie et produit par les frères Lumière
Wild Bunch

Arte poursuit son cycle "Winter of Mysteries" en rediffusant ce drôle de "Whodunit" de Bruno Podalydès.

Ce mercredi, la septième chaîne vous propose de mener l'enquête avec un film divertissant à souhait : Le Mystère de la chambre jaune, de Bruno Podalydès. Adapté du roman éponyme de Gaston Leroux, il est porté par un casting français populaire : Denis Podalydès en Rouletabille, Sabine Azéma, Claude Rich, Pierre Arditi... qui s'amusent tous comme des fous dans cet univers très inspiré par la BD. A sa sortie, en juin 2003, Nicolas Schaller écrivait pour Première tout le bien qu'il pensait de cette adaptation réussie.

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Les films de Bruno n’ont rien perdu de leur charme, ni Denis de son éclat. Coutumier des chroniques autobiographi-comiques (les excellents Dieu seul me voit et Liberté-Oléron), Bruno Podalydès s’est attelé à l’adaptation du Mystère de la chambre jaune, classique de la littérature policière du début du siècle dernier. Changement de registre et d’époque, absence du frère acteur Denis au scénario... Le virage est abrupt. 

Que nenni. Le folklore Podalydès n’a pas changé. Il est toujours question d’énergumènes au comportement décalé dans un monde trop rationnel. Inconditionnel de Tintin, Bruno a trouvé dans l’œuvre de Leroux le support idéal afin de développer son goût enfantin pour les univers mystérieux proches de la BD, où l’absurde et l’inexpliqué sont autant de vecteurs d’excitation de l’imaginaire. Avec son film d’une autre époque qui doit autant aux tableaux surréalistes de Magritte qu’aux Fantômas de Louis Feuillade, il mélange les saveurs avec subtilité : une touche de logique implacable (le whodunit), une pincée d’incongruité ludique (le burlesque) et une pointe de charme désuet (le serial d’antan). La recette consiste ensuite en un dosage minutieux, équilibrant dilatation comique du temps (l’hilarante scène, déjà classique, de l’horloge) et virtuoses monologues explicatifs, gestuelles expressionnistes et inflexions de voix vacillantes... Autant de subtilités offrant un écrin de choix aux acteurs – malicieux Claude Rich et Michael Lonsdale, inquiétant Pierre Arditi, milouesque Jean-Noël Brouté et tintinesque Denis Podalydès au jeu de jambes aérien –, qui s’en donnent à cœur joie.

L’étrange objet ressemble à du Blake Edwards scénarisé par Agatha Christie et produit par les frères Lumière. Sauf que c’est du Podalydès, l’un des rares labels comiques d’une irréprochable constance qualitative au sein du PCF (paysage cinématographique français)


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