Producteur de 400 films, réalisateur du Masque de la mort rouge et de La Petite boutique des horreurs, Corman avait lancé les carrières de Scorsese, Coppola, Nicholson, James Cameron… Il est mort à 98 ans.
Roger Corman est mort le 9 mai 2024 dans sa maison de Santa Monica, en Californie: il avait 98 ans. L’impact de sa carrière sur l’industrie du cinéma est immense : ce natif de Detroit (il a déménagé à Hollywood dans les années 40) avait débuté dans les séries B à très petit budget pour le studio American International Pictures de Samuel Arkoff, s’essayant à tous les genres. Western, horreur, science-fiction, teen movies… En 1958, il se fait remarquer par la critique avec le film de gangsters Mitraillette Kelly, puis c’est La Petite boutique des horreurs en 1960 avec un certain Jack Nicholson. Corman passe à la vitesse supérieure ensuite avec une série d’adaptations glorieuses d’Edgar Poe (La Chute de la Maison Usher, Le Masque de la Mort rouge, Le Corbeau…), ressuscitant les carrières de Vincent Price, Basil Rathbone, Peter Lorre et Boris Karloff au passage.
En tant que producteur, il s’occupe du deuxième film de Scorsese (Bertha Boxcar), de Dementia 13 signé par Francis Ford Coppola, de Cinq femmes à abattre alias le premier long de Jonathan Demme… Dans les années 70, il distribue aux Etats-Unis les films d’Ingmar Bergman, Truffaut, Fellini ou encore Werner Herzog. Les trois premières compositions de James Horner pour le cinéma illustrent des productions Roger Corman, dont le film de SF Les Mercenaires de l'espace aux SFX signés par un certain James Cameron. N’oubliez pas Joe Dante, Monte Hellman ou encore Peter Bogdanovich.
"C'est mon héros", avait déclaré Quentin Tarantino en le faisant monter sur scène lors de la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes, l'an dernier :
On vous laisse écrire la suite de l’histoire -n’oubliez pas au passage les films The Fast and The Furious (1954) qui donnera un demi-siècle plus tard naissance à la franchise du même nom, de The Trip (1967) sur les effets du LSD avec un script de Nicholson, du film de bikers Les Anges sauvages avec Peter Fonda sans qui il n’y aurait pas d’Easy Rider… Tous sont passés à l’école Corman : budgets minuscules, efficacité maximum.
L’autobiographie de Corman s’intitule Comment j’ai fait 100 films sans jamais perdre un centime (publiée chez Capricci en France), et c’est justifié. "J'ai pris le contrepied des grands studios, qui sait si j'ai eu tort ou raison", disait Corman à Première en 2018, à Nantes, quand il était venu donner une masterclass dans le cadre du SoFilm Summercamp. "Je préférais faire dix films à dix millions de dollars qu'un seul à cent."
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