Mission Cléopâtre : les vrais héros s’appellent Jamel Debbouze, Gérard Darmon ou encore Édouard Baer [critique]

La comédie d'Alain Chabat fête ses 20 ans !

En ce dimanche 30 janvier 2022, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre fête ses 20 ans ! Deux décennies de succès fou à chaque rediffusion télé, après avoir attiré 14,5 millions de spectateurs dans les salles à sa sortie. Un carton plein que Christophe Carrière avait prédit dans sa critique du film pour Première. Alain Chabat et Jamel Debbouze étaient alors en couverture du magazine, et quelques pages avant leur interview collector, se trouvait notre avis sur cette "comédie de potes".

Se demander si cet Astérix-ci est plus réussi que le précédent (Astérix et Obélix contre César, Zidi, 98) revient à se demander si Didier est moins drôle que Les Fous du stade. C’est donc confondre déconnant et franchouillard, comédie et film Z… Bref, en deux réalisateurs comme en cent, c’est confondre Alain Chabat avec Claude Zidi, tous deux issus de l’école du rire mais pas de la même classe. Passé l’incongrue mais inévitable comparaison, reste ...Mission Cléopâtre, archétype de la grosse prod condamnée à cartonner par ses 330 millions de francs de budget (50,3 millions d’euros) et une surmédiatisation annoncée. Mais le fait justement que Chabat soit à la tête de ce chantier déjoue toute poilade conventionnelle. Le garçon a des référence télé et de la culture ciné plein le script. De «Super Jaimie» aux Bronzés, de la pub Pal à Tigre et Dragon, ça fuse de tous les côtés de l’écran sans autre souci que faire et se faire plaisir, à l’image de ses idoles ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker, trio fondateur des Y a-t-il un pilote…, un flic… et consorts). On ne parle donc pas ici d’un fonctionnaire en scène mais d’un passionné du gag pluridisciplinaire. Un mec qui ne lâche rien, soigne tout et ratisse large. Certainement pas un Welles de la caméra, mais au moins un Uderzo-Goscinny du cinoche pour son exécution total respect de la BD, avec anachronismes et audaces visuelles à discrétion et sans ostentation.

Et la plus grosse entorse faite au mythe est finalement un mal pour un bien: l’arrivée tardive d’Astérix & Cie et le traitement d’iceux, proche de l’obligation contractuelle, ladite «Cie» étant limitée au minimum syndical: Obélix, Panoramix et Idéfix. La faute aux guests à qui Chabat fait la part belle, à tel point que les vrais héros de l’aventure s’appellent Jamel Debbouze, Gérard Darmon ou encore Édouard Baer. D’aucuns surferont sur la vague antiCanal (il est de bon ton parisianiste de dénigrer la chaîne cryptée depuis la mort de «NPA») en dénonçant une présence massive des habitués suscités aux côtés d’autres (dont les Robins des Bois). On peut tout aussi bien voir le bon côté de la farce: ces stars-là sont drôles, et l’évidente connivence qui les lie est un plus-produit. Résultat: un film de potes rendu atypique par ses moyens démesurés et sympathique par son énergie comique. Parce qu’être rentable (on dit aussi populaire) et drôle (on dit aussi inspiré) n’est pas forcément incompatible.

L'histoire de Mission Cléopâtre : Cléopâtre, la reine d’Égypte, décide, pour défier l'Empereur romain Jules César, de construire en trois mois un palais somptueux en plein désert. Si elle y parvient, celui-ci devra concéder publiquement que le peuple égyptien est le plus grand de tous les peuples. Pour ce faire, Cléopâtre fait appel à Numérobis, un architecte d'avant-garde plein d'énergie. S'il réussit, elle le couvrira d'or. S'il échoue, elle le jettera aux crocodiles.
Celui-ci, conscient du défi à relever, cherche de l'aide auprès de son vieil ami Panoramix. Le druide fait le voyage en Égypte avec Astérix et Obélix. De son côté, Amonbofis, l'architecte officiel de Cléopâtre, jaloux que la reine ait choisi Numérobis pour construire le palais, va tout mettre en œuvre pour faire échouer son concurrent.

La bande-annonce :