Vaiana, la légende du bout du monde, la critique
Disney

Merveille de character design total, c'est un carton à tous points de vue.

Sorti au cinéma fin 2016, Vaiana sera diffusé en ce vendredi soir sur M6. En attendant sa suite, ce film d'animation vaut le coup d'oeil. Première était tombé sous le charme de cette jolie réalisation de John Musker et Ron Clements. Voici notre critique.

Son prologue situe immédiatement le niveau. Vaiana, la légende du bout du monde se range d'emblée dans la catégorie des grands Disney. Pas une exception façon Kuzco ou Lilo et Stitch, mais l'application d'un modèle, d'une méthode créative (la taylorisation Disney), où la synthèse des techniques visuelles (ordinateur, animation papier) et narratives propulse Vaiana dans la stratosphère. Tout est d'abord histoire de personnages : dans la Polynésie antique, Vaiana, fille de chef (et non pas princesse, on insiste là-dessus), s'embarque pour rendre son cœur à la déesse-mère Te Fiti afin d'empêcher les ténèbres de dévorer le grand océan. Une quête qui, quoique finalement classique (il faudrait qu'à Hollywood on se décide une bonne fois pour toutes à se débarrasser des méchants bouquins de Joseph Campbell) n'est pas si initiatique que ça puisqu'au moment du départ, Vaiana, forte et déterminée, sait déjà diriger et commander ses sujets sur son île natale.

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Film à synthèse
Il s'agira moins pour l'héroïne de passer à l'âge adulte que d'accomplir un exploit héroïque, surnaturel, afin de rétablir l'ordre du monde. En chemin, elle va devoir dompter Maui, un demi-dieu roublard capable de changer d'apparence grâce son hameçon magique. Quelque part entre Loki et Hercule, s'il fallait jouer à la mythologie comparée, mais surtout pur personnage Disney, cousin du génie d'Aladdin avec ses tatouages animés à l'ancienne, en 2D, par Eric Goldberg (papa du Génie, d'ailleurs), qui figurent un hilarant mini-Maui muet ayant son existence propre. Un personnage qui est synthèse à lui tout seul, tout comme Vaiana est aussi synthèse du souci de Disney de changer petit à petit sa recette en commençant par les personnages puisqu'il s'agit d'une figure féminine forte et illustrant la "diversity" comme on dit aux States.

Si Vaiana est de son temps, c'est non seulement en recrutant pour ses chansons la fine fleur de la scène du musical US (ici en la personne de Lin-Manuel Miranda, l'auteur d'Hamilton !) comme La Reine des neiges, mais aussi en faisant référence -et c'est la première fois pour un blockbuster américain- au choc de cinéma de Mad Max Fury Road via une séquence de bataille maritime dingue avec des barbares-noix de coco.

DR

Sur l'océan
On n'avait peut-être pas assez remarqué à quel point le cinéma de Musker et Clements, peu à peu, devenait aussi une affaire de femmes : Ariel de La Petite sirène, Jasmine dans Aladdin, Megara dans Hercule ou Tiana dans La Princesse et la grenouille. Donc tout est affaire de character design, ici envisagé dans son sens le plus global : aussi bien dans l'apparence des personnages que leur rôle dans l'histoire. A ce titre même les seconds rôles portent cette philosophie géniale du character design : ne pas emmener comme sidekick le petit cochon mignon Puia dans l'aventure au profit du coq taré Heihei (plus intéressant en termes de storytelling) est une décision brillante.

On se concentre d'autant plus sur les personnages que l'idée même de décor est réduite à sa plus simple expression, puisque le film se déroule sur l'océan -la modélisation de l'eau est affolante de style et de réalisme rêvé. Ce grand océan imaginaire d'où surgissent des îles magiques (le plan où le corps de la déesse-mère devient île, d'une poésie magnifique), qui rappelleront aux joueuses et joueurs de La Légende de Zelda : The Wind Waker cette sensation d'explorer le territoire à la fois inconnu et familier de ses rêves les plus profonds, les plus excitants et les plus beaux.

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Bande-annonce de Vaiana, la légende du bout du monde :


Vaiana a une scène post-générique