Dans le premier long métrage de Marie Garel-Weiss, le César du meilleur espoir 2016 pour Fatima campe une jeune femme qui tente de se sortir de sa dépendance à la drogue par une histoire d’amitié vibrante et passionnelle. Un nouveau grand rôle pour cette superbe actrice à l’intensité tranquille.
Voilà deux ans, vous remportiez le César du meilleur espoir pour Fatima. On dit souvent que ce prix change la vie de celle ou celui qui le reçoit. Est-ce que ce fut votre cas ?
Zita Hanrot : Oui, il y a eu clairement un avant et un après. Même si dans les 3 mois qui ont suivi, je n’ai reçu aucune proposition. Ce qui m’a un peu fait flipper. Et puis soudain, tout s’est accéléré. D’abord les frères Régnier avec Carnivores (qui sort le 28 mars) puis KO de Fabrice Gobert, La fête est finie et Paul Sanchez est revenu de Patricia Mazuy (en salles le 23 mai).
Comment avez-vous vécu cet enchaînement ?
J’ai l’impression d’avoir vécu 1000 vies en deux ans. Ca m’a littéralement épuisé mais je ne vais pas me plaindre ! Car j’ai pu tester mes limites. En fait, j’ai toujours eu un tempérament assez lent. Et aujourd’hui encore, il me faut du temps pour digérer sinon l’envie disparaît. Or je ne veux pas perdre ces papillons dans le ventre que j’ai eus la première fois que j’ai joué au théâtre… ou à lecture d’un scénario comme La fête est finie, le tout premier qu’on m’a directement proposé.
Qu’est ce qui vous a donné envie de faire ce film ?
Pour moi, La fête est finie, c’est Thelma et Louise ! Le récit romanesque d’une histoire d’amitié entre deux personnages qui essaient de s’en sortir ensemble. Au point que j’en ai occulté la question de la dépendance à la drogue, à ma première lecture ! Ca ne m’a donc pas surprise que, pour nous expliquer la manière dont elle allait s’emparer du sujet, Marie (Garel- Weiss) ait voulu nous montrer Head on de Fatih Akin : une histoire d’amour sur fond de dépendance et non l’inverse. Mais il était cependant important que les situations directement liées à la dépendance soient crédibles pour ne pas sortir le spectateur du récit.
Pour cela, votre partenaire Clémence Boisnard et vous, avez assisté à des prises de paroles dans des groupes de dépendants…
C’était indispensable pour ne pas tomber dans le cliché de la représentation du toxicomane. Et j’y ai vécu des moments émotionnellement très forts. La première fois, j’ai eu l’impression d’entendre les choses sans les écouter comme pour me protéger. Puis au fur et à mesure, j’ai appris à écouter et je me suis rendu compte que tous parlaient en fait d’une souffrance commune à tout le monde. On a tous des failles, des doutes sur la manière de gérer sa vie et sa relation avec les autres. Simplement, chez eux, elles passent par cette dépendance. Je me suis donc totalement identifiée à ce qu’ils racontaient.
Il y a forcément une responsabilité à se faire la représentante de ces femmes et de ces hommes à l’écran…
C’était évidemment essentiel de ne pas les trahir en les réduisant à des clichés. Mais quand je joue, j’aime cette responsabilité-là. Elle me donne du souffle pour raconter des histoires.
On retrouve cette absence de clichés dans cette scène terrible où votre personnage retourne dans sa famille qu’elle n’a pas voulu voir depuis longtemps pour cacher son état de dépendance…
C’est intéressant de voir qu’elle est entourée. Que ses parents s’aiment et chérissent leurs enfants. Qu’elle a eu accès aux mêmes études que ses sœurs dans un environnement assez bourgeois. Alors pourquoi est-elle la seule à posséder cette faille qui l’a poussée à consommer ? Le film n’apporte pas de réponse et c’est tant mieux. Mais cette scène montre que ça n’arrive pas qu’aux autres
Sur le plateau de ce film, vous étiez finalement la plus expérimentée entre une votre réalisatrice qui signe son premier long et votre partenaire Clémence Boisnard qui débute…
Oui et c’est aussi la première fois que je me suis autant investie dans un projet, au- delà de mon travail d’actrice. Et je le dois à Marie. Elle permet ce dialogue-là. Elle sait si bien ce qu’elle veut raconter qu’elle ne craint pas les échanges. Sa confiance m’a laissé cette place-là et donné le goût dans le futur de co-produire des projets afin d’être investie autrement.
De quoi avez- vous plus précisément envie aujourd’hui ?
De comédie. C’est même devenu une idée fixe. J’ai passé l’été dernier à dévorer le livre d’entretiens avec Judd Apatow et à regarder plein de comédies pour décortiquer le travail des comédiens que j’admire comme Melissa Mc Carthy. J’ai refusé plein de propositions de drames en espérant en recevoir une de comédie qui me plaise. Et a priori, ça va se faire. J’ai un beau projet qui devrait démarrer bientôt sur lequel je ne peux encore rien dire mais j’en suis folle de joie.
La fête est finie. De Marie Garel-Weiss. Avec Zita Hanrot, Clémence Boisnard, Marie Denarnaud… Durée : 1h30
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