Culte saison 2
Prime Video

La naissance du premier boys band français, entre caricature de l'industrie et success-story enflammée. Un divertissement nostalgique à voir sur Prime Video.

Nostalgie, quand tu nous tiens... Il faut vraiment avoir grandi dans les années 1990, savoir que la sitcom Pour être libre a réellement existé sur TF1 (et qu’elle réunissait 2,7 millions de téléspectateurs en moyenne !) pour croire aux délires racontés dans la saison 2 de Culte.

Moins pertinente et savoureuse que la saison 1 — consacrée à Loft Story, dans laquelle Anaïde Rozam crevait l’écran en productrice de téléréalité — cette nouvelle plongée dans l’époque s’attaque à l’ère des boys bands. Plus exactement, au premier d’entre eux en France. Quand Filip, Adel et Frank se sont fait une place dans les Zéniths de l’Hexagone, en partant de leur cité de Longjumeau.

La trajectoire est connue. Et Yaël Langmann ne cherche pas à tourner autour du pot. Elle a écrit (et mis en scène) une pure success-story : celle de trois copains partis de rien, devenus les plus grandes stars de l’année 1996-1997. Sans s’embarrasser de superflu, elle coche toutes les cases du genre et nourrit ses dialogues de répliques totems. Au point que tout sonne comme une caricature — notamment lorsqu’il s’agit d’explorer les ressorts de l’industrie musicale de l’époque, avec ces patrons de label qui fument clope sur clope en déversant des saloperies sur leurs artistes, avec pour ambition (même pas cachée) de les essorer jusqu’au dernier centime avant de les rejeter à la rue. Le personnage du boss, joué par Grégory Montel, est tellement grossier qu’il en devient presque drôle. Yaël Langmann assume d’ailleurs et le décrit officiellement comme "un condensé des grands patrons de labels de l’époque."

Culte saison 2
Prime Video

Grotesque ? Ou volontairement outré ? On ne sait pas si ça se passait vraiment comme ça dans les bureaux des maisons de disques. Frank, Adel, mais aussi Valérie Bourdin (la veuve de Filip), ont participé à l’écriture, et on ne demande qu’à les croire lorsqu’ils racontent les clichés tristes et bien réels qui ont jalonné leur ascension. C’est d’ailleurs assez amusant à regarder, pour peu qu’on accepte le trip dopé au gloss et à la matière vinyle, qui nous renvoie au bon vieux temps du Hit Machine (avec Charlie et Lulu incarnés) et des chorégraphies clownesques de "Partir un jour". Les choix esthétiques sont forts. Et ça ne manque pas de remuer quelques bons souvenirs.

Mais on aurait aimé que la série aille plus loin, qu’elle ose autopsier le phénomène industriel et la marchandisation du corps masculin dans cette ère musicalo-commerciale surréaliste. Si la première saison de Culte avait réussi à montrer comment la télé française s’était accommodée de la télé-poubelle, sans remords ni scrupules, la seconde se contente de montrer des abdos en sueur pour l’évoquer furtivement. À peine évoqué, le dénigrement total de l’artistique, sacrifié sur l’autel d’une variété  marketée à outrance. Au fond, cette saison 2 est comme un vieux tube eurodance : daté, clinquant… mais sincèrement attachant, et assez rythmé pour qu’on se laisse embarquer.

Culte : 2Be3, à voir sur Prime Video, en 6 épisodes, à partir du 24 octobre.