Acteur, auteur et metteur en scène de théâtre, Mohamed Driss fait partie des grands noms de l’art de la scène tunisienne. Son implication dans cette discipline lui a valu sa nomination au poste de directeur du Théâtre National de son pays natal. Ce passionné revisite, avec ses comédiens, des chefs d’œuvres du théâtre, comme Shakespeare ou Molière. Mohamed Driss est né en 1944, à Tunis. Dès l’âge de 12 ans, il prend plaisir à monter de petits spectacles pour amuser son entourage lors de rassemblements familiaux. Très tôt, il se nourrit de lecture, dont celle des œuvres de Georgy Zeidan. Mais son désir est de devenir cinéaste, le théâtre n’étant pas à l’époque son domaine de prédilection. Lorsqu’il commence ses études supérieures, il opte pour le droit avec lequel il découvre « le sens de l’humanité et la particularité des civilisations » selon ses propres termes. Durant le années 1960, l’étudiant Mohamed Driss fait du théâtre au sein de son université. Avec son caractère bien affirmé, il est souvent en proie à des mésententes avec ses responsables. Déçu, Driss se tourne vers le metteur en scène français Jean-Marie Serreau, qui bouleverse le sens de sa vie en lui proposant de rejoindre sa troupe. Il commence alors une vie rythmée de voyages, d’études et de création, entre Tunis et Paris. Ainsi, entre 1969 et 1972, il travaille en tant qu’acteur et assistant metteur en scène de la Compagnie Internationale dans La Tempête. Le tout, sous la direction de son mentor Jean-Marie Serreau. Toutefois, au début, l’enthousiasme n’est pas partagé par ses parents. Sa mère préfère qu’il s’oriente vers une profession plus rassurante et socialement plus éclatante telle que la médecine. Ce n’est que tard, qu’elle comprend enfin son choix et qu’elle en est même fière. Dès 1979, Mohamed Driss et ses contemporains, comme Al-Fadel Al-Gaeibi, œuvrent à la fondation du Nouveau Théâtre. C’est un centre privé qui touche au théâtre tunisien, et vient s’opposer à la forme traditionnelle de la discipline. Le but est de favoriser l’expérimentation et de laisser place aux idées modernes. En 1986, il met en scène la pièce Ismaïl Pacha. A travers ses représentations, il met en exergue le corps et son expression si peu représenté, selon lui, dans le théâtre arabe qu’il trouve figé. Une de ses déclarations résume bien ce qu’il en pense et ce qu’il entend changer : « Le théâtre dans les pays arabes est dans l’impasse. Les hommes de théâtre se contentent de quelques longs discours et mouvements mécaniques. Or, la vraie création consiste à transformer le mécanique en spirituel ». Le Nouveau Théâtre est dissolu. Mais en 1988, à l’âge de 44 ans, Mohamed Driss devient le directeur du Théâtre National Tunisien. La même année il présente pour la première fois la pièce Vive Shakespeare. Considérant que le théâtre est la vie, Mohamed Driss s’exprime désormais totalement dans ses représentations. En 1989, il présente la pièce Le compagnon des cœurs. A la fin des années 80, il joue aussi dans deux films connus du grand public tunisien mais aussi européen, Un été à la Gouletteet Halfaouine, superbes films qui nous content au travers de leurs personnages la vraie Tunisie. En 2005, il fonde le Centre National des Arts du Cirque et des Arts Visuels. C’est un milieu où le metteur en scène tient à développer plusieurs formes artistiques, comme les arts plastiques, la musique et la danse. Ensuite, Mohamed Driss présente l’œuvre Les Opportunistes. Toujours amoureux de l’œuvre Shakespearienne, il donne en 2007, sa représentation de la pièce Othello. Un an plus tard, il rend hommage au prodigieux Molière en présentant sa version du Malade Imaginaire.