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Tout le monde a entendu parler de l’affaire Musulin qui, en 2009, défraya la chronique par son caractère insolite et engagé, l’opinion publique ayant fait de ce sans-grade un Robin des Bois moderne. Pourquoi s’est-il rendu (il purge actuellement sa peine) ? Que sont devenus les deux millions et demi d’euros manquant au butin initial, qui s'élevait à 11,6 millions ? À ces questions, le deuxième film de Philippe Godeau n’apporte pas de réponses. Plus encore que Nicole Garcia (L’Adversaire) ou Xavier Giannoli (À l’origine),
le cinéaste reste allusif, laissant au spectateur le soin de recoller les morceaux de la psyché insondable du personnage principal, au demeurant assez antipathique. Cette absence de point de vue, renforcée par quelques zones d’ombres gênantes, concourt à rendre la démarche inaboutie alors qu’elle présentait de sérieux atouts : un casting éblouissant dominé par François Cluzet, une mise en scène stylée et inspirée enfin, une réflexion sociétale aux profondes résonances.
Toutes les critiques de 11.6
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce film oscillant entre le drame personnel et le thriller braque littéralement notre attention...
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odeau ausculte les humiliations de la classe laborieuse et les aspirations d’un de ses hérauts, un gars en apparence ordinaire, qui cache ses excès et n’assume pas complètement son rêve de devenir un « monsieur », faisant par son acte un beau bras d’honneur au grand capital en pleine crise financière. Les seconds rôles, Corinne Masiero en tête, parviennent avec justesse à mettre en relief toute la psychologie torturée du protagoniste, ses faiblesses et ses contradictions. À voir, ne serait-ce que pour la performance de Cluzet.
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Dans la vraie vie, Tony Musulin était convoyeur de fonds et roulait en Ferrari. Au cinéma, il a toujours sa Ferrari et maintenant les traits de François Cluzet qui compose un personnage mystérieux, héros d'un envoûtant thriller sans violence.
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11.6 trouve sa force dans le refus d'avancer la moindre explication sur les motivations de ce personnage impénétrable, ce qui pourra en frustrer certains. La réussite de ce film, c'est qu'on le quitte avec plus d'interrogations qu'en y entrant, le cinéma s'immisçant précisément dans cette part irréductible de mystère.
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Philippe Godeau nous livre un Musulin pas toujours sympathique mais plein de circonstances atténuantes. Un personnage opaque incarné très concrètement par la prestation tout en densité de François Cluzet. Ne voulant pas faire de son personnage un héros, le réalisateur choisit un parti pris un peu froid, voire clinique. Heureusement humanisé par des comédiens remarquables.
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Cette fiction sobre et intense, au casting formidable, tente de s'approcher au plus près de ce mystère.
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Philippe Godeau investit le film de casse sous l’angle de l’analyse sociale avec un certain talent, sans parvenir à percer le mystère entourant le personnage de Toni Musulin.
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Malgré la caution "histoire vraie" et la solidité de François Cluzet, le portrait est trop superficiel et clinique pour convaincre totalement,.
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L’affaire Musulin (le convoyeur de fonds qui a dérobé 11,6 millions d’euros) raconté de l’intérieur au plus proche d’un personnage qui est loin d’avoir divulgué tous ses secrets. Cluzet est comme toujours étonnant, l’emballage est plus classique.
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(...) le film se termine de la même façon que le procès: en cul-de-sac. Il donne l'impression d'accréditer la thèse du Musulin-Robin des bois, mais sans aller au bout de ce parti pris, alors que la fiction autorisait davantage que la vérité partielle édictée par la procédure pénale. Reste l'interprétation butée et taiseuse de François Cluzet, parfait convoyeur du mystère de son personnage.
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Ni tension, ni empathie, le casse du siècle devient un objet terne dont on ne connaît pas la fin.
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Sans négliger une part de fiction, Philippe Godeau parvient à dresser le portrait passionnant d'un homme en pleine crise d'identité qui, un jour décide d'en avoir marre des brimades de ses patrons et d'un métier sans reconnaissance et pourtant dangereux. Sans avoir rencontré son personnage, tout comme le réalisateur, François Cluzet se glisse avec aisance dans la peau de cet homme mutique et livre une interprétation intense tout en sobriété, un rôle comme les affectionne particulièrement le comédien.
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La rubrique « faits divers » des médias confirme son retour en force comme une des dernières mannes pour le cinéma français – pas vraiment pour le meilleur, jusqu’à présent. 11.6 représente un cas d’exploitation avec prise de risques minimale.
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Adaptation très plate d’un fait divers criminel.
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Malgré quelques scènes maladroites (une rencontre factice dans une boîte de nuit, l’appartement trop bien décoré de sa compagne qui jure avec la réalité de sa condition…), Philippe Godeau installe une tension qui métamorphose son Tony Musulin en samouraï de la grisaille.
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Hormis un épisode faiblard sur une femme idéalisée par Musulin, le film s’en tient à cette rigueur de ne pas avancer en terrain inconnu. On ne saura rien sur l’arnaque à l’assurance pour laquelle Musulin a écopé de deux ans de prison supplémentaires, et pas davantage sur les raisons qui l’ont conduit à se rendre à la police. Même la scène du vol est vidée de tout suspense. A ce titre, le film perpétue la légende d’un bandit que chacun, faute d’avoir le courage de passer à l’acte, rêve sans y croire de devenir un jour.
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Secondé par des partenaires solides (Bouli Lanners, Corinne Masiero) et par une bande-son électro de premier choix, François Cluzet y déploie tout son savoir-faire dans le registre de la Cocotte-Minute humaine. Son rôle de prolo revanchard virant escroc mégalo n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui qu’il tenait dans « A l’origine », film autrement plus ambitieux et troublant.
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Le cinéaste se laisse aller à une certaine sympathie pour son personnage, au-delà de ses contradictions et de ses humeurs. Pourtant, sauf à tomber dans la fiction, il ne pouvait en raconter plus qu’on en sait sur lui. En ce sens, il est fidèle à la réalité. Mais il nous laisse frustrés de ne pas en apprendre davantage sur cet énigmatique hors-la-loi.
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par Hubert Lizé
Le réalisateur a volontairement esquivé les codes traditionnels du film de hold-up pour s’attacher, avec un souci de réalisme, à l’approche psychologique du personnage, un sans-grade s’estimant humilié. Son récit, servi par de solides dialogues et d’excellents comédiens, n’en est pas moins passionnant et spectaculaire. Quant à François Cluzet, il interprète Musulin avec une économie de moyens remarquable, dévoilant ses paradoxes tout en préservant sa part de mystère.
Musulin était-il dans la réalité aussi intéressant ? Peut-être pas. Mais on ne reprochera pas à Godeau d'avoir densifié le cas Musulin ; bref, d'avoir fait son boulot de cinéaste.
Plus que des réponses claires, ce sont plutôt des directions que propose le film. Et l'interprétation de François Cluzet y est pour beaucoup. Il campe un homme charmeur, insondable et manipulateur. Dommage que face à lui, il n'y ait pas toujours de seconds rôles à sa hauteur. On suit ce polar racé, qui joue sur les atmosphères, comme si on entrait en terrain inconnu : entre curiosité et fascination.
Le parcours singulier de Toni Musulin, convoyeur de fonds qui défraya la chronique en 2009, avec son casse historique. Pas de bandit héroïque : le réalisateur montre l'homme comme un taiseux besogneux qui endure avant de se révolter (à moitié). La limite du film, c'est d'entrevoir superficiellement l'hypothèse d'un Musulin goûtant autant l'échec que la réussite.