Après l'océan

Par un habile montage parallèle, la réalisatrice nous fait suivre deux destins rivaux, aussi malheureux et tortueux l’un que l’autre. Mais
c’est aussi cette construction qui rend confus son propos. Car les enjeux finissent par être déséquilibrés, la galère européenne de Shad étant plus spectaculaire et plus rocambolesque que le déshonneur d’Otho. Il n’empêche, la vision quasi-documentaire de la cinéaste offre un regard réaliste, informé et sans concession sur un problème qui nous concerne tous. Mais évidemment, sans donner de solution.

A travers deux parcours, Eliane de Latour modifie l'angle de vision porté sur l'immigration, réduite généralement à sa dimension économique. Loin du documentaire, le récit fait un détour par les imaginaires et leurs contradictions. Il se matérialise dans des scènes plus ou moins théâtrales mais qui servent, sans le trahir, le propos.

Rythmée comme une chanson de geste, cette chronique séduit par le concert des voix de ses protagonistes.

Alors que l'immigration clandestine est un sujet de plus en plus abordé au cinéma, le film d'Eliane De Latour nous propose une approche différente en prenant le problème par les racines africaines. L'authenticité de jeu des interprètes principaux ajoute une juste touche docu-fiction à ce film, dont la force réside pour une grande part dans ses dialogues truculents dignes d'un Audiard africain.

Une odyssée moderne et convaincante par l'imaginaire et la réalité de ces migrants pas seulement économiques.